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Face à la menace de poursuites judiciaires de Soccer Canada, l'équipe féminine canadienne a accepté de reprendre l'entraînement et de participer à la Coupe SheBelieves.
L'action syndicale des femmes a été de courte durée - elles n'ont manqué qu'une journée d'entraînement en Floride - mais leur conflit de travail avec leur instance dirigeante est loin d'être terminé. Et la mauvaise volonté s'est sans aucun doute multipliée après que les pourparlers d'urgence de samedi les ont forcées à revenir sur le terrain.
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Dans un communiqué, les femmes ont déclaré que Soccer Canada leur avait dit qu'il considérait que leur action liée au travail était une grève illégale et déclencherait une action en justice.
«Ils nous ont dit que si nous ne retournions pas au travail - (incluant s'engager à affronter les États-Unis jeudi)- non seulement ils intenteraient une action en justice pour nous forcer à retourner sur le terrain, mais envisageraient de prendre des mesures pour récupérer ce qui pourrait représenter des millions de dollars en dommages-intérêts de la part de notre association de joueurs et de chacune des joueuses individuelles au camp», ont déclaré les femmes.
«En tant que joueuses n'ayant encore reçu aucune compensation pour notre travail pour Soccer Canada en 2022, nous ne pouvons pas nous permettre les risques qu'une action personnelle contre nous par Canada Soccer créera.»
«Pour cette raison, nous avons avisé Soccer Canada que nous reviendrons à l'entraînement (dimanche) et participerons à la Coupe SheBelieves comme prévu.»
Tard samedi, Soccer Canada a publié un communiqué pour faire un retour sur la situation.
«Plus tôt aujourd'hui à Orlando, des représentants de Soccer Canada ont rencontré des représentants de l'Association des joueuses de soccer canadiennes (CSPA), l'organisation syndicale qui représente les membres de l'équipe nationale féminine du Canada, dans le cadre d'une réunion en personne qui était déjà programmée.»
«Cette réunion avait deux objectifs, répondre aux demandes soumises par la CSPA jeudi soir dernier, puis poursuivre les discussions sur la signature d'une convention collective, entamées depuis plus d'un an.»
«Soccer Canada a entendu les joueuses et s'est engagé sur un chemin qui traitera chacune des demandes soumises. Soccer Canada est cependant conscient que cela ne suffit pas et qu'il y a encore du travail à faire.»
L'instance dirigeante a aussi abordé le retour à l'entraînement.
«Soccer Canada a aussi pris connaissance des commentaires de la CSPA alléguant un retour «forcé» des joueuses au travail», peut-on également lire, dans le communiqué.
«Soccer Canada respecte le droit des (athlètes) de s'organiser. Bien qu'elles aient pris des mesures, les joueuses ne sont pas en position légale de déclencher une grève en vertu des lois du travail de l'Ontario.»
«Soccer Canada n'était pas prêt à compromettre sa participation au tournoi SheBelieves, ni la préparation que cet événement offre à l'équipe en vue du Mondial, ni l'expérience offerte au nombre incalculable de partisans qui ont sans doute fait le voyage à Orlando pour voir ses héroïnes olympiques en action.»
«Soccer Canada a donc pris les mesures nécessaires pour s'assurer que ces matchs soient disputés comme prévu. Soccer Canada est rassuré que l'équipe nationale féminine jouera conformément à son engagement.»
Plus tôt samedi le club avait boycotté un entraînement, avant de discuter avec Soccer Canada.
La capitaine Christine Sinclair avait dit que les joueuses vont rester hors du terrain tant que l'instance dirigeante n'aura pas répondu à leurs griefs.
«Jusqu'à ce que les choses avancent, je ne sais pas ce qui va se passer. Mais nous ne jouons pas», a déclaré Sinclair à La Presse canadienne.
Les hommes canadiens ont boycotté un match amical prévu avec le Panama à Vancouver en juin dernier, en raison du conflit de travail en cours.
Les femmes veulent le même soutien avant leur Coupe du monde, cet été en Australie et en Nouvelle-Zélande, que les hommes ont eu l'année dernière avant le Mondial au Qatar.
Sinclair a dit que les aspects non négociables incluent la ventilation du budget de l'année dernière ainsi qu'une offre de compensation. Elle a dit que Canada Soccer a retiré sa dernière offre de la table.
Soccer Canada publie traditionnellement ses états financiers en mars.
Avant le dénouement en soirée, Sinclair avait dit que l'équipe féminine ne peut pas négocier dans le noir - sans savoir ce qui a été dépensé pour l'équipe masculine.
L'instance dirigeante a déclaré à plusieurs reprises que l'équité salariale serait un pilier de la nouvelle entente.
Cela n'a pas été le cas dans le passé. En 2021, Soccer Canada a dépensé 11 M $ pour l'équipe masculine et 5,1 M $ pour l'équipe féminine.
Sinclair a noté qu'environ 2,5 M $ du financement des femmes provenaient d'À nous le podium, et non de Soccer Canada.
Sinclair souligne également que les hommes ont disputé 19 matchs cette année-là, dont 14 de qualification pour la Coupe du monde. Les femmes en ont joué 17 et ont gagné l'or olympique.
«Nous ne sommes pas en colère contre l'équipe masculine. Ils méritent ce qu'ils obtiennent. Ils méritaient d'être traités comme ils l'ont été l'année dernière, a dit Sinclair, plus tôt samedi. Ces équipes méritent d'avoir une bonne préparation pour la plus grande étape. Nous demandons simplement la même chose.»
«Les difficultés financières de l'ACS (Association canadienne de soccer) ne se sont pas produites du jour au lendemain. Les gens ont pris des décisions au cours des dernières années qui nous ont amenés ici. Et il semble constamment que c'est l'équipe féminine qui doit en supporter le poids.»
Les revenus de Soccer Canada pour 2021 ont été 33,1 M $, tandis que les dépenses ont été 28,1 M $.
Les femmes ont rencontré samedi le président de Soccer Canada Nick Bontis, le secrétaire général Earl Cochrane.
Classées sixièmes au monde, les Canadiennes vont affronter les reines américaines du classement jeudi.
Ce sera le coup d'envoi de la Coupe SheBelieves à laquelle prennent part quatre équipes, à Orlando.
Les femmes ont participé à deux entraînement en Floride, avant le boycott.
Soccer Canada a publié vendredi une déclaration en sept paragraphes, disant que sa feuille de route montre tout son soutien au soccer féminin.
«Nous avons présenté une proposition fondée sur l'équité à nos équipes nationales et à leurs conseils il y a plusieurs mois, et nous attendons toujours une réponse définitive aux termes de cette proposition», indique le communiqué.
Sinclair conteste cela, affirmant que Soccer Canada leur a dit devoir mettre en pause la rémunération et restructurer l'offre.
«Ils ont carrément menti dans leur déclaration … Et maintenant, on ment au public, a-t-elle dit, avant que le boycott prenne fin. C'est comme ça qu'ils opèrent.»
Meilleure buteuse au monde, Sinclair a pris part à 319 matchs pour le Canada.
Plus tôt samedi, elle a affirmé que Soccer Canada a sous-estimé les femmes.
«Notre point de vue est qu'ils ont toujours supposé que nous ne passerions jamais à l'étape suivante. Nous avons toujours essayé de faire les choses de manière gentille et polie, si vous voulez.»
«Et cela ne nous a mené nulle part. Dans le soccer féminin en général, beaucoup d'équipes ont dû prendre cette position à un moment donné pour vraiment faire la différence. C'est à notre tour.»
Sinclair dit que l'équipe masculine est solidement derrière les femmes.
Les deux parties sont contrariées par les compressions budgétaires cette année - et ce qu'elles décrivent comme un manque de transparence financière de Soccer Canada.
«Nous nous battons pour l'avenir de ce programme», a déclaré Sinclair.
Celle-ci affirme que le nombre de joueuses et de membres du personnel amenés au camp a été réduit, tout comme sa durée.
Sinclair a dit que l'équipe a été informée qu'elle sera mise en pause pour l'année après la Coupe du monde et deux matches contre la Jamaïque en septembre.
Les femmes ont envoyé à Soccer Canada une liste de leurs demandes jeudi, choisissant d'agir lorsqu'elles n'ont pas obtenu de réponse. Les demandes incluent un match à domicile avant la Coupe du monde.
Une partie du problème est l'accord de Soccer V avec Soccer Canada Business, qui représente tous les partenariats d'entreprise et les droits de diffusion liés aux principaux actifs de Soccer Canada, y compris ses équipes nationales.
En vertu de l'entente, Soccer Canada Business verse à Soccer Canada un montant convenu chaque année. Il garde le reste en vertu d'un accord qui aide à financer la Première Ligue canadienne.
La bourse de la Coupe du monde masculine - le Canada a gagné 9 M $ en lien au tournoi, en plus d'obtenir 1,5 M $ pour s'y préparer - ne fait pas partie de l'accord avec Soccer Canada Business.
«La façon dont Soccer Canada alloue ou utilise les fonds n'est pas claire et est entourée de secret', ont déclaré les hommes dans un communiqué vendredi.
Les femmes disent que l'entente avec Soccer Canada Business doit être déchirée. Et leur déclaration vendredi appelait à un nouveau leadership si l'instance dirigeante n'est «pas disposée ou capable» de soutenir l'équipe.
Dans leur déclaration, les hommes ont également exigé des mesures.
«Si la direction actuelle de Soccer Canada n'est pas disposée à prendre des mesures immédiates pour répondre aux demandes et aux préoccupations des joueurs, nous demandons à la ministre des Sports, l'honorable Pascale St-Onge, d'intervenir pour les retirer et de mandater de nouveaux leaders.»
«Dans un tel cas, des leaders qui devraient être tenus de se conformer aux objectifs mandatés et à toutes les exigences légales, soutenues par un financement fédéral», ont déclaré les hommes.
Les deux équipes négocient actuellement des conventions collectives avec Soccer Canada. L'accord précédent des femmes a expiré à la fin de 2021.
Les hommes négocient leur première entente officielle à la suite de la formation de leur propre association de joueurs, l'Association des joueurs de l'équipe nationale masculine de soccer du Canada.
Les femmes ont leur propre groupe, la CSPA.