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M. Nijjar était un homme recherché en Inde, où les autorités l’ont qualifié de terroriste en 2020.
Hardeep Singh Nijjar, un défenseur de l'indépendance sikh dont le meurtre il y a deux mois est à l'origine des frictions entre l'Inde et le Canada, a été qualifié d'activiste par des organisations sikhes et de terroriste par le gouvernement indien.
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a déclaré lundi que son gouvernement enquêtait sur «des allégations crédibles selon lesquelles des agents de l'État indien étaient liés au meurtre d'un citoyen canadien» après que M. Nijjar ait été tué par balle le 18 juin devant un centre culturel sikh à Surrey, en Colombie-Britannique.
L'Inde a nié tout rôle dans le meurtre, qualifiant ces accusations d'absurdes.
Voyez les explications d'Étienne Fortin-Gauthier dans la vidéo liée à l'article.
M. Nijjar était un membre d'un mouvement visant à créer un État sikh indépendant connu sous le nom de Khalistan, et au moment de sa mort, il organisait un référendum non officiel parmi la diaspora sikhe avec l'organisation Sikhs For Justice.
Il possédait également une entreprise de plomberie et était président d'un temple sikh, connu sous le nom de gurdwara.
M. Nijjar était un homme recherché en Inde, où les autorités le considéraient comme un terroriste en 2020.
En 2016, des médias indiens ont rapporté qu'il était suspecté d'avoir planifié un attentat dans l'État à majorité sikhe du Pendjab et d'avoir formé des terroristes dans une petite ville au sud-est de Vancouver.
Il avait nié les accusations et avait confié au Vancouver Sun qu'il était trop occupé pour participer à la politique de la diaspora sikhe.
«Ce sont des absurdités - toutes ces accusations. Je vis ici depuis 20 ans, n'est-ce pas? Regardez mon dossier. Il n'y a rien. Je suis un travailleur acharné. Je possède ma propre entreprise de plomberie», avait-il répondu au journal.
Après sa mort, l'Organisation mondiale sikhe du Canada avait qualifié M. Nijjar de fervent défenseur du Khalistan qui «dirigeait souvent des manifestations pacifiques contre les violations des droits de l'homme qui avaient lieu activement en Inde et en soutien au Khalistan».
L'Inde a mené une lutte parfois sanglante contre le mouvement sikh pour l'indépendance depuis les années 1980, lorsque la première ministre Indira Gandhi avait ordonné une attaque pour capturer des séparatistes armés réfugiés dans un important temple sikh.
L'attaque avait fait des centaines de morts, et deux gardes du corps sikhs de Gandhi l’ont assassinée peu de temps après. En réaction, des émeutes anti-sikhes avaient eu lieu dans toute l'Inde, au cours desquelles des membres de la minorité étaient traînés hors de chez eux et tués.
Plus récemment, le gouvernement dirigé par les nationalistes hindous du premier ministre Narendra Modi a réprimé à la fois les mouvements pour les droits des non-hindous et les dissidents.
En 2020, l'Inde avait également engagé des poursuites pénales contre M. Nijjar pour «complot visant à créer un climat de peur et d'illégalité, et à inciter les gens à se révolter contre le gouvernement indien» lorsque des agriculteurs, dont beaucoup venaient du Pendjab, avaient campé aux abords de New Delhi pour protester contre des lois agricoles controversées.
L'année dernière, les autorités indiennes ont accusé M. Nijjar d'être impliqué dans une prétendue attaque contre un prêtre hindou en Inde et avaient annoncé une récompense d'environ 16 000 dollars américains pour des informations pouvant mener à son arrestation.
La police canadienne a annoncé que M. Nijjar a été assassiné alors qu'il quittait le stationnement du temple sikh, où il était président. Il avait été atteint par plusieurs coups de feu et avait rendu l’âme sur place.
Après le meurtre, un avocat et porte-parole de Sikhs For Justice, Gurpatwant Singh Pannun, a lancé que Nijjar avait été la cible de menaces en raison de son activisme. Sa mort constituait le deuxième meurtre en deux ans d'un membre éminent de la communauté sikhe au Canada.
M. Pannun avait déclaré avoir parlé à Hardeep Singh Nijjar par téléphone la veille de sa mort et que ce dernier lui avait dit que les services de renseignement canadiens l'avaient averti que sa vie était en danger.
Le 24 juin, environ 200 manifestants de la communauté sikhe du Canada se sont rassemblés devant le consulat indien de Vancouver pour protester contre le meurtre de Nijjar. Ils le décrivaient comme «pacifique» et «modeste» et rejetaient les accusations selon lesquelles il était lié à la violence.
Beaucoup de manifestants étaient convaincus que le meurtre de M. Nijjar était lié à ses appels en faveur d'un État sikh indépendant.
«Il était un homme aimant, un homme travailleur, un homme de famille», a affirmé Gurkeerat Singh, l'un des manifestants.
Lundi, Moninder Singh, porte-parole du Conseil des gurdwaras sikhs de Colombie-Britannique, a déclaré à CTV News que la vague de soutien à Nijjar après sa mort était un indicateur de la façon dont il était perçu dans la communauté.
«Cela a secoué la communauté à travers le monde entier, y compris au Pendjab», a ajouté M. Singh.
«La communauté est choquée. Il y a des émotions très, très fortes», a souligné Sukh Dhaliwal, député représentant Surrey, quelques jours après le meurtre en juin.