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Le premier ministre Justin Trudeau se rend à l'Assemblée générale des Nations Unies, mardi, alors que la planète se trouve à la croisée des chemins climatiques.
Le premier ministre Justin Trudeau se rend à l'Assemblée générale des Nations Unies, mardi, alors que la planète se trouve à la croisée des chemins climatiques et que le Canada est confronté à une relation de plus en plus tendue avec l'Inde.
La veille de son départ pour New York, M. Trudeau a surpris la Chambre des communes en faisant état «d'allégations crédibles» liant des agents du gouvernement indien à la mort par balle d'un dirigeant sikh de la Colombie-Britannique.
Il s'agit d'un contexte saisissant pour la semaine à venir aux Nations unies, un lieu où les visions ambitieuses d'un avenir prospère et pacifique doivent souvent se mesurer à de dures réalités politiques.
Le thème de cette année pour ce que le corps diplomatique international appelle «la semaine de haut niveau» à l'ONU est «Reconstruire la confiance et raviver la solidarité mondiale», deux éléments qui semblent difficiles à trouver de nos jours.
«Notre monde est en train de devenir déséquilibré», a déclaré, mardi, devant l'Assemblée, le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, dont les déclarations d'ouverture semblent devenir de plus en plus sombres chaque année.
«Les tensions géopolitiques augmentent. Les défis mondiaux se multiplient. Et nous semblons incapables de nous unir pour y répondre», a-t-il ajouté.
M. Trudeau aura de nombreuses choses sur lesquelles réfléchir au cours des deux jours de rencontres avec des dirigeants mondiaux, des défenseurs de l'environnement et des sommités de la société civile.
La crise climatique est devenue encore plus réelle en 2023, avec une saison historique d'incendies de forêt au Canada, des inondations catastrophiques en Libye et un nombre record de 23 catastrophes météorologiques distinctes d'une valeur d'un milliard de dollars aux États-Unis au cours des huit premiers mois seulement.
La guerre menée par la Russie en Ukraine se poursuit sans relâche, l'angoisse mondiale étant renforcée par la sinistre rencontre de la semaine dernière à Vladivostok entre le président Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.
La trêve difficile de l'accord de l'ONU sur les céréales de la mer Noire s'est effondrée, coupant pratiquement le monde en développement de l'une des sources de nourriture les plus importantes, d'huile de cuisson et d'engrais.
Rassembler un soutien mondial à l'Ukraine était clairement un objectif clé du président américain, Joe Biden, alors qu'il s'adressait, mardi, à une foule nombreuse dans la principale salle de réunion de l'ONU.
«Nous devons résister aujourd'hui à cette agression flagrante pour dissuader d'autres agresseurs potentiels demain», a soutenu M. Biden.
«C'est pourquoi les États-Unis, aux côtés de nos alliés et de nos partenaires du monde entier, continueront à se tenir aux côtés du courageux peuple ukrainien alors qu'il défend sa souveraineté et son intégrité territoriale, ainsi que sa liberté», a-t-il déclaré.
L'Afrique de l'Ouest a connu pas moins de huit coups d'État militaires depuis 2020, les plus récents au Niger et au Gabon, tandis qu'Haïti reste en proie au chaos politique et à la violence des organisations criminelles, le tout au milieu d'une épidémie de choléra incontrôlée.
Et les efforts ambitieux de l'ONU pour atteindre une longue liste d'objectifs de développement durable - une priorité pour M. Trudeau - sont en grande partie au point mort, entravés par l'intransigeance politique et la lenteur des économies post-pandémiques.
«C'est un moment grave dans la vie du monde», a souligné Bob Rae, l'ambassadeur du Canada auprès de l'ONU.
«Il y avait une sorte d'école de pensée qui disait: «Chaque jour, tout s'améliore, ça n'empire pas». Pour le moment, nous ne pouvons pas dire ça.»
Un rapport publié lundi par la National Oceanic and Atmospheric Administration a répertorié le plus grand nombre de catastrophes liées au climat jamais enregistré au cours d'une seule année civile _ et il reste encore trois mois.
Jusqu'à présent, 2023 se classe au neuvième rang des années les plus chaudes dans la zone continentale des États-Unis depuis 129 ans, avec de nouveaux records de température établis le mois dernier en Louisiane, au Mississippi et en Floride et une saison d'ouragans potentiellement historique qui est en cours.
«Le monde est de plus en plus conscient du fait que le changement climatique n'est pas un événement futur, mais un événement actuel», a soutenu M. Rae.
«C'est un problème actuel et il s'agit tout autant d'une question de résilience, d'adaptation et d'investissement réel dans les infrastructures et d'autres moyens de protéger la santé et la sécurité des personnes face à la crise actuelle, qui se poursuivra.»
Encore une fois, le président Biden n'a pas mâché ses mots.
«Pris ensemble, ces aperçus racontent une histoire urgente de ce qui nous attend si nous ne parvenons pas à réduire notre dépendance aux combustibles fossiles et à commencer à protéger notre monde du climat», a-t-il affirmé.
«Dès le (premier jour) de mon administration, les États-Unis ont traité cette crise comme la menace existentielle qu'elle représente, non seulement pour nous, mais pour toute l'humanité.»
Ce sentiment d'urgence était palpable dans les rues des villes du monde entier, vendredi et tout au long du week-end, avec des manifestations massives qui se sont déroulées dans toute l'Europe, en Asie du Sud-Est, en Afrique et aux États-Unis.
Des milliers de personnes ont défilé dans des villes partout au Canada, dans le cadre d'une démonstration de force coordonnée avant les réunions de l'ONU et la Semaine du climat à New York, où les manifestations ont culminé, dimanche, avec un rassemblement massif qui a attiré des dizaines de milliers de personnes.
«Le chaos climatique bat de nouveaux records, mais nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à désigner des boucs émissaires et à attendre que les autres agissent en premier», a plaidé António Guterres.
«À tous ceux qui travaillent, marchent et défendent une véritable action climatique, je veux que vous sachiez que vous êtes du bon côté de l'histoire et que je suis avec vous», a-t-il affirmé.
Plutôt que de parler de nouveaux objectifs d'émissions ambitieux, mais irréalistes, l'ONU fera pression sur ses membres concernant la manière dont ils envisagent d'atteindre les objectifs existants, a déclaré Catherine Abreu, fondatrice et directrice exécutive du groupe climatique Destination Zero.
«C'est un moment d'honnêteté et d'inflexion, a déclaré Mme Abreu, lors d'une conférence de presse la semaine dernière. Nous devons prendre conscience du fait que malgré les objectifs que nous nous sommes fixés au cours de la dernière décennie, nous ne tenons pas nos promesses.»
Plus précisément, M. Guterres se concentrera sur certains des plus grands écarts entre les promesses faites et les promesses tenues, dont l'un est l'abandon des combustibles fossiles, a-t-elle ajouté.
«Il sera demandé aux pays, notamment aux grands producteurs comme le Canada, comment ils envisagent d'aligner leur production de combustibles fossiles (...) avec leurs promesses dans le cadre des traités internationaux sur le climat», a dit Mme Abreu.
«La question reste ouverte à savoir comment le Canada alignera les positions qu'il prend dans ces forums internationaux avec les mesures qu'il prend ici, chez lui», a-t-elle souligné.