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Sur une période de 70 ans, entre un et 14 citoyens de Rouyn-Noranda développeraient un cancer si l'entreprise Glencore ne diminue pas la concentration d'arsenic dans l'air produit par la fonderie Horne.
Sur une période de 70 ans, entre un et 14 citoyens de Rouyn-Noranda développeraient un cancer si l'entreprise Glencore ne diminue pas la concentration d'arsenic dans l'air produit par la fonderie Horne.
C’est l’une des conclusions d’une étude très attendue de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), publiée mercredi matin. Plus la diminution sera rapide et importante, plus il y aura un gain pour la santé publique, selon les chercheurs de l’INSPQ.
À ma question au Dr. Boileau à savoir comment le ministère de l'Environnement a pu laisser fonderie Horne émettre des polluants dans l'air pendant aussi longtemps, il répond: «les bénéfices et la production industrielle ont pesé plus lourd dans la balance» @CharetteB #noovoinfo
— Simon Bourassa (@Simon_Bourassa) July 6, 2022
L’institut a fait une évaluation des risques de cancers dans un scénario ou une personne est exposée à 165 nanogrammes (ng) d’arsenic par mètre cube (m3) dans l’air, ce qui représente la moyenne des dernières années à Rouyn-Noranda.
Le directeur national de la Santé Publique, Luc Boileau affirme que les émissions actuelles d'arsenic par la fonderie Horne à Rouyn-Noranda sont inacceptables. Le maintien des émissions actuelles engendrerait de 1 à 14 cas de cancer du poumon de plus, sur 70 ans à RN #noovoinfo
— Simon Bourassa (@Simon_Bourassa) July 6, 2022
«On ne peut pas trouver acceptable qu’une population soit soumise à ce risque», a indiqué le directeur national de la santé publique du Québec, Luc Boileau, lors d’une conférence de presse mercredi matin.
Le directeur national de la santé publique n’a toutefois pas voulu préciser quel serait le seuil acceptable d’émission d’arsenic émis par la fonderie Horne, en précisant qu’il revient au ministère de l’Environnement de le déterminer.
Pourtant, la norme provinciale est fixée à 3 ng / m3.
En point de presse à Québec, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, ne s’est pas avancé lui non plus sur un seuil qui serait imposé à la fonderie Horne.
«Si la santé publique nous dit qu’on doit être à 30 nanogrammes (10 fois plus que la norme provinciale) dans la prochaine période d’attestation, ce sera 30 nanogrammes. Encore une fois, nous, on n’est pas des spécialistes sur les impacts de la santé des gens, c’est là où le travail se fait en collaboration avec le ministère de la Santé», a indiqué Benoit Charette.
Il a jouté «qu’à terme», il faut «s’approcher» et même «atteindre»la norme provinciale fixée à 3 ng / m3, mais que «malheureusement les gouvernements précédents n’ont pas pris la situation au sérieux».
L’entente entre le gouvernement précédent et Glencore, propriétaire de la fonderie Horne, se termine dans les prochains mois, donc le ministère de l’Environnement doit négocier une nouvelle cible et renouveler le certificat de conformité de la fonderie cet automne.
Le docteur Boileau a indiqué que d’autres études doivent être réalisées dans les prochaines semaines concernant les émissions d’arsenic, mais aussi d’autres métaux dans l’air de Rouyn-Noranda, ce qui aidera à déterminer les taux d’émissions qui devraient être permis.
La PDG du CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue, Caroline Roy, a précisé que «le CISSS amorcera, au cours des prochaines semaines, une démarche visant à évaluer le niveau d’acceptabilité en lien avec l’enjeu de la santé environnementale, et ce, en bénéficiant de l’entière collaboration et du soutien de la Direction nationale de santé publique».
Dans son rapport, l’INSPQ soutient «qu’il importe de poursuivre les actions visant à l’abaissement des émissions d’arsenic et de cadmium en s’approchant autant que possible de la norme réglementaire» et que «toutes les actions visant la réduction des émissions et de l’exposition auront un impact positif sur le risque cancérigène futur des plus jeunes et des prochaines générations».
L’étude de l’INSPQ rapporte qu’au tournant des années 2000, la population a été exposée à des émissions qui ont parfois atteint 1000 ng / m3, donc 330 fois plus élevé que la norme provinciale.
Dans un communiqué publié après la publication du rapport de l’INSPQ, Claude Bélanger, chef des opérations de cuivre en Amérique du Nord de Glencore, a indiqué que la fonderie avait un «plan concret pour réduire davantage ses émissions» et qu’elle est déterminée à «améliorer la situation».
Parmi les initiatives énumérées dans le communiqué de presse, Glencore affirme qu’elle procède à la «finalisation de l’aménagement d’une zone de transition entre la Fonderie et le quartier Notre-Dame pour réduire l’exposition des citoyens», qu’elle a mis en place les projets VELOX et PHENIX, «qui depuis près d’un an, visent la mise au point de procédés de traitement du cuivre uniques au monde, qui permettront la capture optimale des gaz et poussières» et qu’elle améliore les dépoussiéreurs existants et en ajoute de nouveaux.
Glencore a également indiqué qu’elle capte et traite `des émissions provenant de certains évents de toit du réacteur et du secteur de l’allée des convertisseurs et anodes».
Également, «la fonderie s’engage à agir en toute collaboration avec les autorités gouvernementales et de santé publique».
Mardi, le premier ministre François Legault a affirmé que toutes les options sont sur la table, incluant la fermeture de la fonderie Horne s’il le faut, pour protéger la santé de la population de Rouyn-Noranda «Soyons très clair: s’il n’y a pas de plan de déposé par l’entreprise pour réduire les émissions à un niveau qui est sécuritaire pour la population, on n’exclut pas, effectivement, de fermer l’entreprise», a-t-il dit.
Mercredi, le docteur Luc Boileau a indiqué qu’il n’est pas justifié, pour le moment, de fermer l’entreprise, ne serait-ce que temporairement.
«Si vous me demandez, aujourd’hui, “y-a-t-il des chiffres qui nous invitent à dire qu’il faut fermer l’entreprise et éviter toutes émanations à compter d’aujourd’hui?”, la réponse est non.»
À la lecture de ces résultats, la députée solidaire de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, n’est pas tombée en bas de sa chaise, sachant déjà que l’incidence du cancer du poumon est plus élevée à Rouyn-Noranda.
Elle se dit toutefois déçue de l’absence d’un plan ferme qui aurait eu pour effet de réduire les émissions d’arsenic de l’usine de Glencore.«J’aurais été rassurée si Dr Boileau nous était arrivé avec une recommandation claire avec une cible claire. Là, on n’a pas plus de plans de match pour la suite des choses. On n’a pas d’actions qui nous sont proposées. Dr Boileau refuse de s’avancer s’il faut exiger oui ou non la norme provinciale du trois nanogrammes à Glencore. Très décevant. Je pense que la population de Rouyn-Noranda n’est aujourd’hui pas rassurée par ce que vient de nous annoncer Dr Boileau.»