Début du contenu principal.
Si les armes sont vraies et les chargeurs modifiés, ce jeune homme pourrait tirer près de 80 balles très rapidement.
Edengel Ridore Dragon ne semble pas avoir tiré de leçon de sa dernière période d'incarcération. Fraîchement sorti de prison après avoir purgé une peine de 912 jours pour possession, à 18 ans, d'une arme à feu prohibée ou à autorisation restreinte avec des munitions, il a récemment publié du contenu sur les réseaux sociaux qui le montrait en apparente récidive.
Or, il a été arrêté cette semaine par les policiers du groupe Éclipse du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avec un autre individu à la sortie d’un établissement licencié. Une arme à feu et des stupéfiants ont été retrouvés sur les lieux. Une enquête est en cours.
Ridore Dragon – qui a aujourd’hui 21 ans et qui ferait partie d'un gang de rue de l'est de la métropole nommé Profit Boys – un groupe connu des policiers très impliqué dans le fléau de la violence armée à Montréal.
Remis en liberté il y a quelques semaines avec une série de conditions à respecter, dont une interdiction de posséder des armes à feu, il a publié sur Instagram, en date du 13 janvier dernier une photo sur laquelle il a inscrit: «Je suis de retour».
Dernièrement, le jeune homme a publié sur Instagram une vidéo avec ce qui semble être deux armes à feu et deux chargeurs à haute capacité. Un troisième chargeur à haute capacité semble être sur le lit.
Impossible d’affirmer avec certitude s’il s’agit de vraies armes à feu, mais André Gélinas, ex-sergent-détective du Service de police de la Ville de Montréal, a tenu les observations suivantes dans un entretien avec Noovo Info.
«Nous sommes en présence de deux pistolets Glock ou de clones de Glock», a-t-il noté. Si les armes sont vraies et les chargeurs modifiés, Edengel peut tirer près de 80 balles très rapidement.
«En ce qui concerne les chargeurs, à première vue, ils seraient des dispositifs prohibés, car ils contiendraient plus que les 10 cartouches qui sont le maximum autorisé dans une armes de poing», a expliqué M. Gélinas. Selon ce dernier, ces deux chargeurs seraient légaux «s’ils étaient bloqués afin de ne pas pouvoir y insérer plus de 10 cartouches».
«Il est aussi possible que des chargeurs légaux soient altérés pour en augmenter la capacité, ce qui est illégal», dit l’ex-enquêteur. À noter que des chargeurs de plus de 10 cartouches ne sont pas vendus au Canada, sauf s’ils sont bloqués à 10 cartouches.
L'individu a également été condamné dans le passé pour trafic de stupéfiants. Il a été arrêté avec Larry Boucard Bradley, en 2022, avec des armes à feu. Edengel Ridore Dragon a été accusé de plusieurs bris de conditions, tandis que l'autre individu a été accusé de quatre chefs reliés à la possession d'armes à feu. Ils doivent revenir devant le tribunal en mars prochain pour cette histoire.
Un intervenant jeunesse consulté par Noovo Info après le visionnement des vidéos d'Edengel Ridore Dragon explique comment un jeune peut publier ce genre de contenu sans crainte apparente à sa sortie de prison.
«Ce n’est pas courant d’exposer les armes sur les réseaux, les jeunes ont peur d’être vus ou rapportés», a expliqué Mohamed Noredine Mimoune, cordonnateur du Forum jeunesse de Saint-Michel (FJSM).
«Pourquoi il publie ça [Edengel Ridore Dragon]? Il n'y a que lui qui le sait, mais ce sont souvent des messages à des ennemis pour les intimider et aussi pour séduire. [...] Avoir une arme c'est le pouvoir.»
Dans tous les cas, selon M. Mimoun, le phénomène de la possession d'armes à feu est toujours bien présent à Montréal, comme peut en faire foi la fusillade survenue en début de semaine dans un secteur résidentiel de Montréal-Nord, en plein jour.
À VOIR ÉGALEMENT | Réduction de la violence armée à Montréal: «il ne faut pas crier victoire trop vite»
De l’avis d’André Gélinas, il n’est pas surprenant qu’un individu comme Edengel Ridore Dragon soit tenté de récidiver en matière de possession illégales d’armes à feu, car «les peines ne sont absolument pas dissuasives». L’ancien sergent-détective attribue ce problème au gouvernement Trudeau qui a aboli les peines minimales obligatoires pour plusieurs infractions graves impliquant des armes à feu dans le cadre de l’adoption du projet de loi C-5.
«L’aspect punitif est rendu tout simplement absent et, de surcroît, il rend possible pour les criminels reconnus coupables de purger des peines à domicile dans le confort de leur domicile en écoutant Netflix.»
Les modifications au Code criminel réalisées dans l’adoption de C-5 avait pour objectif de remplir l’engagement du gouvernement Trudeau «de lutter contre les inégalités systémiques, notamment la surreprésentation des canadiens autochtones, noirs ou marginalisés dans le système de justice pénale», note-t-on dans la présentation de cette loi.
Pour André Gélinas, l’adoption du projet de loi C-21 n’a pas non plus permis de s’attaquer à l’acquisition illégale d’armes à feu et en provenance d’outre-frontières, bien que la législation est bel et bien destinée à renforcer les restrictions sur les armes de poing, à augmenter les sanctions en cas de trafic d'armes à feu et à lutter contre les armes fantômes artisanales.
«Il ne s’attaque pas à la frontière et au problème des territoires où la loi ne s’applique pas comme partout ailleurs au pays», comment-t-il. «Il préfère cibler les chasseurs et les tireurs sportifs. Ce sont les armes illégales qui, dans une écrasante majorité – presque la totalité – tuent et blessent des gens dans nos rues. C’est le fruit de criminels et des groupes criminels.»