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La ministre canadienne des Affaires étrangères a rencontré vendredi ses homologues au siège de l'OTAN, à Bruxelles, pour coordonner les efforts continus visant à imposer des sanctions à la Russie pour son invasion de l'Ukraine.
Avant cette rencontre, Mélanie Joly a déclaré que les ministres prévoyaient notamment de discuter de l'attaque russe contre une importante centrale nucléaire à Enerhodar, dans l'est de l'Ukraine.
Les troupes russes se sont emparées de la centrale, la plus grande d'Europe, après une attaque au milieu de la nuit qui l'a incendiée et a brièvement fait craindre dans le monde entier une catastrophe nucléaire.
Les pompiers ont éteint l'incendie et aucune radiation n'a été émise, ont déclaré des représentants des Nations unies et des responsables ukrainiens, alors que les forces russes poursuivaient leur offensive d'une semaine sur plusieurs fronts et que le nombre de réfugiés fuyant le pays dépassait maintenant 1,2 million.
Mme Joly a écrit sur Twitter vendredi qu'elle avait parlé au directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique pour parler de la situation à la centrale nucléaire. «Nous demandons au régime russe de cesser de menacer les sources nucléaires, écrit-elle. Un nombre incalculable de vies civiles sont mises en danger par ces actes irresponsables.»
Le premier ministre Justin Trudeau a indiqué jeudi soir qu'il s'était entretenu avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, au sujet de ces «attaques horribles» à la centrale nucléaire.
Après l'attaque, le président Zelensky a de nouveau demandé à l'Occident d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine. Mais le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, a exclu cette possibilité, invoquant le risque d'une guerre beaucoup plus large en Europe.
Il a déclaré que la seule façon de mettre en place une zone d'exclusion aérienne serait de dépêcher des avions de l'OTAN pour la faire respecter en abattant des avions russes.
«Nous comprenons le désespoir, mais nous pensons également que si nous le faisions, nous nous retrouverions avec quelque chose qui pourrait se terminer par une guerre à part entière en Europe», a expliqué M. Stoltenberg.
M. Trudeau a défendu cette décision de ne pas mettre en place une zone d'exclusion aérienne. «Ce que nous avons évité jusqu'à présent, et que nous continuerons à éviter, c'est de mettre les forces de l'OTAN en conflit direct avec les soldats russes, a-t-il déclaré vendredi. Ce serait un niveau d'escalade qui est malheureux.»
Dans un discours amer et émouvant, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a critiqué l'OTAN pour avoir refusé d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine, alors que la Russie intensifiait son attaque aérienne.
«Toutes les personnes qui meurent à partir de ce jour mourront également à cause de vous, à cause de votre faiblesse, à cause de votre manque d'unité, a-t-il proclamé dans un discours nocturne. L'alliance a donné son feu vert au bombardement des villes et villages ukrainiens en refusant de créer une zone d'exclusion aérienne.»
«Tout ce que l'alliance a pu faire aujourd'hui, c'est faire passer par son système d'approvisionnement 50 tonnes de carburant diesel pour l'Ukraine. Peut-être pour que nous puissions brûler le mémorandum de Budapest», a ajouté M. Zelensky, faisant référence aux garanties de sécurité données en 1994 à l'Ukraine en échange du retrait de ses armes nucléaires datant de l'ère soviétique.
«Vous ne pourrez pas nous payer avec des litres de carburant pour les litres de notre sang versés pour notre Europe commune», a-t-il poursuivi.
Il a déclaré que les Ukrainiens continueront de résister et ont déjà détruit les plans de la Russie pour une invasion éclair «après avoir enduré neuf jours d'obscurité et de mal».
«Nous sommes des guerriers de la lumière, a-t-il conclu. L'histoire de l'Europe s'en souviendra pour toujours.»
Ce refus d'imposer une zone d'exclusion aérienne sur le territoire ukrainien révèle une profonde incompréhension de la gravité de la situation dans laquelle se trouve le monde, a de son côté estimé Alexandra Chyczij, présidente nationale du Congrès ukrainien canadien.
«La guerre de génocide de la Russie contre le peuple ukrainien n'est pas seulement une guerre contre l'Ukraine. Si Poutine gagne en Ukraine, le reste de l'Europe et le monde seront menacés par son régime, a déclaré Mme Chyczij. La Russie bombarde aveuglément des civils ukrainiens, assassinant délibérément des innocents.»
Le président ukrainien Zelensky s'entretiendra avec les sénateurs américains lors d'une vidéoconférence samedi matin, selon une personne proche du dossier à l'ambassade d'Ukraine.
Tous les sénateurs sont invités à l'appel, selon la source, qui a requis l'anonymat. Ce sera la première fois qu'ils s'entretiennent avec le président ukrainien depuis que la Russie a envahi son pays.
L'appel interviendra alors que le Congrès envisage une demande de 10 milliards $ de financement d'urgence, l'argent étant destiné à l'aide humanitaire et aux besoins de sécurité en Ukraine.