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Politique

Mark Carney veut abolir immédiatement le prix sur le carbone pour les consommateurs

Il entend aussi promettre des investissements dans l'électrification des transports.

Mark Carney, candidat à la chefferie du Parti libéral du Canada, répond à quelques questions de journalistes, à Ottawa, alors qu'il se rend à un événement de sa campagne, le 23 janvier 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang
Mark Carney, candidat à la chefferie du Parti libéral du Canada, répond à quelques questions de journalistes, à Ottawa, alors qu'il se rend à un événement de sa campagne, le 23 janvier 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang
Émilie Bergeron et 
Michel Saba / La Presse canadienne

L'ex-gouverneur de banques centrales qui aspire à succéder au premier ministre Justin Trudeau, Mark Carney, promet, s'il remporte la course libérale, d'abolir «immédiatement» la «taxe carbone» qui se répercute auprès des consommateurs dans le but de la remplacer par un système d'incitatifs pour des achats verts.

«Vous n'aurez plus à devoir payer plus pour faire le plein ou pour chauffer votre maison. En choisissant d'acheter un électro qui consomme moins, un véhicule électrique ou de mieux isoler une maison, vous serez récompensés. Et nous allons faire payer les grands pollueurs», a-t-il déclaré vendredi.

Lors d'une conférence de presse à Halifax, l'aspirant-chef libéral a expliqué que la tarification du carbone pour les consommateurs – une politique phare du gouvernement Trudeau qu'il a lui-même défendue par le passé – est «devenue trop divisive» et doit être remplacée par un plan climatique rassembleur.

 

M. Carney s'est présenté comme «un pragmatique» qui change ce qui ne fonctionne vraisemblablement pas. Or, ces changements ne doivent pas être «cosmétiques», a-t-il poursuivi, en affirmant qu'il veut «des bons changements qui mettent de l'argent dans la poche des gens, qui rendent nos entreprises plus compétitives, qui bâtissent l'économie la plus solide du G7».

«Je ne suis pas un politicien. Je deviens un politicien, mais je n'en suis pas un. Donc les slogans, les calomnies et les clips accrocheurs ne me viennent pas si facilement.»
- Mark Carney

M. Carney n'y est pas allé de main morte pour attaquer le chef conservateur, Pierre Poilievre, qui s'époumone à répéter qu'il abolirait la «taxe carbone» à coups de «mensonges» et de «désinformation».

Le slogan «Axe the tax» (Abolir la taxe) est «simpliste et trompeur», a lancé l'aspirant chef, jugeant que M. Poilievre ne croit pas aux changements climatiques. «Il se fiche que les ménages s'en sortent moins bien, que les entreprises soient moins compétitives, de l'avenir de l'économie, et certainement pas de la planète», a déclaré M. Carney.

«La carotte plutôt que le bâton»

Le plan de M. Carney conserve, de son aveu même, l'élément «le plus important» du prix sur la pollution, soit celui qui est facturé aux grands pollueurs. Il a d'ailleurs noté que près de «90 %» de la réduction des émissions de GES proviennent du secteur industriel.

C'est avec l'argent qu'il collectera que seront financés les rabais aux consommateurs. Autrement dit, la nouvelle approche face aux ménages emploie «la carotte plutôt que le bâton».

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Avec le plan fédéral actuel – qui ne s'applique pas au Québec –, une taxe est facturée sur les combustibles, comme l'essence et le gaz naturel, mais le système prévoit une remise d'argent aux particuliers chaque trois mois. Les Ontariens, par exemple, ont reçu 140 $ à la mi-janvier. Cette remise, qui était plus importante que le montant payé pour huit familles sur dix selon Ottawa, disparaîtra.

M. Carney a également indiqué qu'il compte s'attaquer à la concurrence de grands pollueurs étrangers qui pèse sur les entreprises canadiennes et il entend protéger les emplois au pays à travers un nouveau «mécanisme d'ajustement carbone aux frontières».

Dans une vidéo uniquement en anglais publiée sur X, le chef conservateur Pierre Poilievre a affirmé que «Carbon Tax Carney» fait un tour de «passe-passe fiscal» et qu'il compte «introduire une taxe plus élevée, sans rabais» après les élections.

«Vous savez qui va aimer ça? Le président Donald Trump. La nouvelle et plus importante taxe de M. Carney sur les scieries canadiennes, les aciéries, les usines et les alumineries les forceront à partir aux États-Unis», a-t-il déclaré.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a pour sa part accusé M. Carney d'avoir «menti» par le passé sur les performances écologiques de son entreprise et qu'il investissait «dans le charbon et d'autres combustibles fossiles».

«Comment les Canadiens et Canadiennes peuvent-ils aujourd'hui lui faire confiance pour un plan climatique?» demande-t-on dans un communiqué.

Celui qui remportera la course à la direction libérale prendra les commandes du gouvernement jusqu'à ce que les électeurs soient conviés aux urnes, ce qui pourrait survenir au cours des prochains mois.

En annonçant son intention de briguer la chefferie du Parti libéral du Canada, il y a deux semaines, l'ancien conseiller aux Nations unies pour le financement de l'action climatique avait signalé qu'il entendait réévaluer le prix sur les combustibles et que, s'il choisissait de l'annuler, il comptait le remplacer par une option aussi efficace, voire plus. 

Depuis que M. Carney a sauté dans la mêlée pour tenter de succéder à M. Trudeau, il dit vouloir redonner aux Canadiens leur pouvoir d'achat lorsqu'il a abordé la question du prix sur la pollution. 

Les deux autres aspirants chefs considérés par les observateurs de la politique et les députés comme les principaux rivaux de M. Carney dans la course, l'ex-vice-première ministre Chrystia Freeland et l'ancienne leader parlementaire Karina Gould, ont aussi eu des messages similaires. 

Dans le cas de Mme Gould, elle s'est engagée à geler le prix sur la pollution à son niveau actuel et donc d'annuler l'augmentation planifiée pour avril. 

Une porte-parole pour la campagne de Mme Freeland a récemment précisé que celle qui a claqué, en décembre, la porte du conseil des ministres entendait remplacer le prix sur la pollution par «un système qui fonctionnera au sein de (la) fédération et qui sera développé en collaboration avec les provinces et territoires». 

Avec des informations de Dylan Robertson

Émilie Bergeron et 
Michel Saba / La Presse canadienne