Début du contenu principal.
Une demande d'injonction provisoire contre les manifestants a été déposée pour forcer les manifestants à quitter.
Noovo Info a appris qu'une décision sera rendue mercredi dans le dossier du campement pro-Palestine sur le campus de l'Université McGill, qui avait demandé au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) d'intervenir sur les lieux du campement de manifestants installé depuis quelques jours, estimant que ses efforts visant à désamorcer la situation avec les manifestants n'ont pas été suffisants.
Une demande d'injonction provisoire pour forcer les manifestants à quitter a été déposée mardi au palais de justice. Le juge rendra sa décision mercredi.
Voyez le reportage de Lili Mercure sur ce sujet dans la vidéo.
Dans une déclaration transmise mardi matin, la direction de l'université a écrit que «constatant l’absence d’une résolution» dans ses discussions avec les étudiants, elle a enclenché la dernière étape de ses Procédures relatives aux manifestations et aux occupations, qui consiste à demander l’intervention des forces policières.
La direction a expliqué qu'avant de faire appel à la police, elle a suivi son protocole en informant les participants que l’installation du campement n’était pas autorisée et en leur demandant de quitter les lieux, ce qui n'avait toujours pas été fait mardi matin.
En conséquence, l'aide de la police a été demandée. Selon la direction, des représentants du SPVM qui possèdent «une expertise et une habileté certaines dans la résolution de situations de cette nature» ont déjà entrepris leur travail.
La Presse canadienne a tenté, sans succès pour l'instant, d'obtenir des précisions de l'université sur la demande d'intervention.
Du côté du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), on confirme qu'une «demande d'assistance» a été formulée par l'université, à laquelle il a répondu.
«Nous évaluons présentement les différentes avenues possibles, en préconisant un dénouement pacifique», a indiqué la relationniste du SPVM, Véronique Dubuc.
L'agente Dubuc a précisé que la demande d'assistance pourrait inclure, s'il le faut, un démantèlement du campement.
D'ailleurs, plusieurs professeurs étaient présents mardi, et depuis le début du campement, en solidarité avec les étudiants.
«Nous sommes vraiment fiers de ce qu’ils font», a lancé la professeure à l’Université Concordia, Alessandra Renzi, au micro de Noovo Info.
Les étudiants ont tenté par tous les moyens de faire entendre leurs revendications aux administrations des deux universités sans succès, a-t-elle ajouté. Le campement était le dernier recours.
Mme Renzi avance également qu’ils resteront «aussi longtemps que nécessaire».
Même son de cloche du côté de Lara E. Braitstein, professeure à McGill: «ça prend un courage immense pour rester ici», a-t-elle dit, en ajoutant qu'elle s'inquiétait, comme sa collègue, d’une possible confrontation violente avec la police.
«Je suis vraiment déçue de McGill de prendre une approche comme ça envers nos étudiants, notre communauté», a-t-elle renchéri.
Mme Braitstein soutient qu’il est important de faire la distinction entre le support du peuple de Gaza et les mouvements antisémites, elle qui est juive. Son père est également un survivant de l’holocauste.
«C’est quelque chose qui se trouve dans le monde, bien sûr, mais ce n’est pas une caractéristique de la communauté ici, du mouvement qui se passe ici», a-t-elle insisté.
Cette demande d'aide-policière a été faite quelques heures avant le dépôt d'une demande d'injonction provisoire contre les manifestants, au palais de justice de Montréal.
Les demandeurs - deux étudiants de l'établissement - demandent ultimement d’empêcher la tenue d’un tel campement à moins de 100 mètres du campus de McGill.
Voyez le reportage de Marie-Pier Boucher au sujet de l'injonction contre les manifestants:
Ils soutiennent que le campement brise les règlements de la communauté universitaire, et crée un environnement «dangereux, agressif, hostile et violent» pour les étudiants, les employés et les professeurs. Les deux élèves indiquent ne plus se sentir en sécurité en allant à leurs cours.
L’un d’eux indique également avoir été accusé «d’aimer tuer des bébés» après avoir apporté un café Starbucks en classe.
Dans le document judiciaire, on peut lire un message de l’administration de l’université envoyé à sa communauté, le 29 avril dernier. Elle indique avoir été mise au courant d’une vidéo dans laquelle «certaines personnes utilisent sans équivoque du langage antisémite, ce qui est complètement inacceptable sur notre campus».
Des dizaines de tentes ont été installées sur le campus de McGill, au centre-ville de Montréal, dans les derniers jours, s'inscrivant dans un contexte plus large de manifestations similaires ayant eu lieu sur les campus de certaines universités américaines.
Les militants assurent qu'ils n'ont pas l'intention de partir tant que McGill et l'Université Concordia n'auront pas mis fin à tous leurs partenariats avec des entreprises qui, selon eux, «profitent d'un génocide».
Ils réclament aussi que McGill cesse ses investissements dans des entreprises israéliennes qui, à leur avis, sont «complices de l'occupation de la Palestine». Ils demandent par ailleurs que l'université rompe ses liens académiques avec les institutions israéliennes.
Selon la direction de McGill, bon nombre des manifestants, voire la majorité, ne sont pas membres de sa communauté étudiante.
Un campement similaire a été installé sur le campus de Point Grey de l'Université de la Colombie-Britannique. De leur côté, l'Université de Toronto et l'Université d'Ottawa ont toutes deux averti que l'installation de campements sur leurs campus ne serait pas tolérée.
Ces manifestations, qui surviennent tout juste avant la fin des examens finaux à McGill, s'inscrivent dans la foulée d'une vague de rassemblements similaires qui ont eu lieu sur des campus aux États-Unis en réponse à la guerre entre Israël et le Hamas.
Avec des informations de Lili Mercure et de Marie-Pier Boucher pour Noovo Info, et de la Presse canadienne