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Depuis plus de 15 ans, le premier samedi de mai est décrété comme étant la Journée mondiale du jardinage nu, où agriculteurs aguerris ou jardiniers du dimanche renouent avec la nature dans leur plus simple appareil.
Depuis plus de 15 ans, le premier samedi de mai est décrété comme étant la Journée mondiale du jardinage nu, où agriculteurs aguerris ou jardiniers du dimanche renouent avec la nature dans leur plus simple appareil. Moins connue au Québec, cette pratique s'invite toutefois dans certains potagers, que ce soit pour son côté ludique ou pour des raisons un peu plus politiques.
Richard Williams, copropriétaire de la ferme Lève-tôt, située à Alcove en Outaouais, s'adonnera à une journée de jardinage en tenue d'Adam ce samedi.
Une activité qu'il pratiquera pour le simple plaisir de pouvoir le faire, pour briser la routine, indique-t-il dans un entretien téléphonique avec La Presse canadienne.
«Notre ferme est située dans les bois, alors personne ne nous voit, et puis, cette fin de semaine, c'est pas mal la dernière fois que je peux faire quelque chose comme ça avant que les maringouins et les mouches noires sortent pour l'été», lance à la blague l'agriculteur, qui compte labourer ses terres avec ses chevaux, et «seulement [ses] bottes et [sa] casquette».
Créée en 2005 par le journaliste américain Mark Story et le permaculteur Jacob Gabriel, la Journée de jardinage nu vise à «renouer avec la nature», mais aussi à «favoriser l’acception saine et sans honte du corps humain».
Selon des recherches menées par les instigateurs, jardiner est la deuxième activité, après la nage, que les gens aimeraient pratiquer dans leur plus simple appareil.
«Quand on jardine, on n'est pas en relation avec les gens, mais en relation avec les plantes et l'environnement, indique Kélanie Chapdelaine Lavoie, propriétaire de l'entreprise Les Jardins féconds de Kélanie. On peut jardiner nu pour sentir les rayons du soleil sur sa peau, être en contact avec la nature. C'est un beau moment pour ramener un côté moins offensant de la nudité, rappeler que c'est quelque chose de naturel puisque c'est comme ça qu'on vient au monde.»
Au Potager des nues mains, à Sutton, la pratique du jardinage nu en ce premier samedi de mai a eu cours pendant de nombreuses années avant de prendre abruptement fin l'an dernier.
Les photos - de bon goût - publiées par l'entreprise sur les réseaux sociaux et montrant les jardiniers en tenue d'Adam et d'Ève ont déplu à certains voisins et résidants du village, qui s'en sont plaints.
Même s'il est déçu de ne pas prendre part au mouvement cette année, le propriétaire Yan Gordon préfère ne pas s'attirer d'ennuis.
«En gros, c'est juste pour avoir du fun, une journée par année où l'équipe s'amusait. On n'était pas nudistes à l'année», lance-t-il.
La publication de photos des jardiniers flambants nus, mais dont les parties intimes étaient stratégiquement cachées par des plantes ou des outils de jardinage, avait pour effet de mousser son entreprise.
«C'était tape-à-l'œil, ça faisait parler. C'est juste le fun, de promouvoir [une activité] où tu t'acceptes, où il n'y a pas de tabous. Jardiner nu, ça ne fait pas de mal à personne», relativise M. Gordon.
En plus de prendre plaisir à l'activité qui se veut ludique, Yan Gordon profitait de la Journée mondiale du jardinage nu pour se peindre des revendications sur le corps.
«J'essayais de porter des messages qui sensibilisaient aux enjeux de l'agriculture, explique-t-il. La dernière fois que je l'ai fait, j'avais parlé du thème du logement pour les travailleurs étrangers.»
Pour Mme Chapdelaine Lavoie, dont l'entreprise de semences et de fleurs coupées est résolument féministe, la Journée mondiale du jardinage nu est aussi une opportunité de revendiquer l'égalité des sexes y compris dans la nudité.
«La nudité de la femme est un sujet qui est extrêmement politisé pour nous, note l'entrepreneure agricole. Les femmes n'ont pas les mêmes droits que les hommes par rapport à la nudité. Si je vais à la piscine municipale, on s'attend à ce que je couvre ma poitrine alors que les hommes peuvent être torse nu.
«Comme femme, on a le droit de jardiner torse nu s'il fait chaud, comme les hommes: on n'est pas en train de s'offrir à personne pour autant, poursuit-elle. On est conscientes qu'on peut créer du désir, mais on n'a pas envie que notre nudité soit perçue comme une offrande.»