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Il espère aussi un appui de Donald Trump, son «ami» et modèle politique.
Jair Bolsonaro sera jugé pour tentative de coup d'État contre son rival Lula: la Cour suprême du Brésil a rendu mercredi une décision historique qui expose l'ancien président à une lourde peine de prison et plombe ses ambitions de retour au pouvoir.
Décidé à l'unanimité après deux jours de débats, ce renvoi en procès est un séisme dans le plus grand pays d'Amérique latine, encore hanté par le souvenir de la dictature militaire (1964-1985).
Absent à l'audience mercredi, l'ancien président d'extrême droite (2019-2022) a rejeté, devant la presse à Brasilia, des accusations «très graves et infondées». «On dirait qu'ils ont quelque chose de personnel contre moi«, a-t-il lancé.
Menacé d'une peine cumulée pouvant dépasser les 40 ans de prison, il se dit victime de la «plus grande persécution politico-judiciaire de l'histoire du Brésil».
Nostalgique assumé de la dictature, l'ex-capitaine de l'armée, 70 ans, est accusé par le parquet d'être le «leader» d'une «organisation criminelle» ayant ourdi une conspiration pour se maintenir au pouvoir «à tout prix» à l'issue de l'élection d'octobre 2022, qu'il a finalement perdue face au président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.
Selon les enquêteurs, après la défaite et avant le transfert du pouvoir, les présumés conspirateurs auraient oeuvré à l'élaboration d'un décret prévoyant la convocation d'un nouveau scrutin, mais aussi projeté l'assassinat de Lula, de son vice-président élu Geraldo Alckmin et d'Alexandre de Moraes, un juge de la Cour suprême.
«La dictature vit de mort, non seulement de la société, non seulement de la démocratie, mais d'êtres humains de chair et d'os», a souligné gravement la juge Carmen Lucia en votant pour le procès.
C'est une décision «historique parce que pour la première fois sous un régime démocratique, le Brésil jugera une tentative de coup d'État», dit à l'AFP Marcio Coimbra, du centre de réflexion Casa Politica.
Malgré «sept coups d'État militaires», les Brésiliens constataient que «même s'ils ne réussissaient pas, il n'y avait pas de procès», ajoute l'analyste.
Selon des experts, Jair Bolsonaro devrait répondre à son procès en liberté et son procès devrait se tenir d'ici la fin de l'année, pour éviter toute interférence avec l'élection présidentielle de 2026.
Le leader ultra-conservateur est inéligible jusqu'en 2030 en raison de ses attaques sans preuves contre les urnes électroniques. Mais il espère encore voir cette sanction annulée ou réduite pour lui permettre d'être de nouveau candidat.
Une condamnation pour complot forcerait les siens à lui choisir un successeur, alors que le jeu semble ouvert face à Lula, 79 ans, plus impopulaire que jamais sur fond d'inflation.
«Je ne suis pas encore mort», a asséné mercredi l'ex-président, assurant que le candidat de son camp l'an prochain «sera Bolsonaro».
Il espère aussi un appui de Donald Trump, son «ami» et modèle politique.
Alexandre de Moraes, puissant juge honni du camp Bolsonaro, a estimé que des «indices raisonnables» justifiaient l'ouverture d'un procès.
Invoquant son «intérêt personnel» en tant que potentielle victime d'un projet d'assassinat, la défense avait tenté, en vain, d'obtenir sa récusation, comme celle de deux autres juges.
Les magistrats ont également décidé d'ouvrir un procès contre les sept autres membres du "noyau crucial" du supposé complot. Parmi eux, plusieurs anciens ministres, Walter Braga Netto (Défense), son candidat à la vice-présidence en 2022, et Anderson Torres (Justice), ainsi que l'ancien commandant de la Marine, Almir Garnier Santos.
Selon l'accusation, si le coup d'Etat n'a pas eu lieu, c'est faute de soutien au sein du haut commandement militaire.
Cherchant à démontrer que la démocratie au Brésil a réellement frôlé le désastre, l'accusation s'appuie aussi sur les événements du 8 janvier 2023 à Brasilia.
Une semaine après l'investiture du nouveau chef de l'État, et en l'absence de Jair Bolsonaro, alors aux Etats-Unis, des milliers de sympathisants bolsonaristes avaient envahi et saccagé les bâtiments de la Cour suprême, du Parlement et du palais présidentiel, appelant à une intervention militaire.
Avant de revenir au pouvoir pour son troisième mandat en 2023, après un premier passage à la présidence (2003-2010), Lula a également eu maille à partir avec la justice: un scandale de corruption lui avait valu la prison, avant qu'il ne voie ses condamnations annulées.