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Le président du Collège avance que «si aucune action structurante n’est posée, bien des citoyennes et citoyens continueront d’être privés d’un accès aux soins de santé auxquels ils ont droit».
Le Collège des médecins du Québec dévoile un rapport alarmant à la suite d'une tournée des établissements de santé effectuée par son président. Le Dr Mauril Gaudreault décrit un réseau vétuste où l'accès aux soins est inéquitable d'un endroit à l'autre.
À la veille du dépôt d'un projet de loi devant faire «shaker les colonnes du temple», comme l'a prédit le ministre de la Santé et des Services sociaux Christian Dubé, le Collège des médecins vient donner du poids à l'urgence d'agir pour secouer le réseau.
Dans une lettre ouverte publiée pour accompagner le rapport, le Dr Gaudreault avance que «si aucune action structurante n’est posée, bien des citoyennes et citoyens continueront d’être privés d’un accès aux soins de santé auxquels ils ont droit».
En s'appuyant sur les données d'un sondage réalisé pour le compte du CMQ, son président déplore le fait que près d'un répondant sur deux a déclaré avoir renoncé à consulter pour un problème de santé par conviction qu'il serait incapable d'obtenir un rendez-vous dans un délai raisonnable.
Sur le terrain, le Dr Gaudreault dit avoir rencontré plusieurs comités d'usagers ayant dénoncé le fait qu'un patient, selon sa région de résidence, peut ne pas avoir accès aux mêmes soins de base ou soins spécialisés.
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On expliquerait cette inégalité dans l'accès aux soins de santé par l'incapacité du réseau à déployer des effectifs médicaux de manière uniforme dans chacun des hôpitaux d'une même région. Pour le Dr Gaudreault, il s'agit «d'une autre forme de médecine à deux vitesses».
Parmi les solutions avancées pour redonner l'accès aux patients, le président du Collège des médecins croit qu'une revitalisation du réseau des centres locaux de services communautaires (CLSC) pourrait être bénéfique. En fait, la solution mise de l'avant par de nombreux intervenants serait de former des équipes interdisciplinaires dans le réseau public, dont le mandat serait la prise en charge de patients en première ligne.
Dans le passé, les CLSC pouvaient justement réunir une équipe formée d'un omnipraticien, de travailleurs sociaux, de nutritionnistes, de psychologues, de sexologues et autres professionnels pouvant offrir, ensemble, des services à leur population locale.
«Ç'a été comme abandonné, mais c'était une belle solution et c'était ça qui se faisait, du travail en équipe de professionnels. À mon avis, il faut revenir à la charge en imaginant à nouveau cette façon de fonctionner», a-t-il soutenu en entrevue à La Presse Canadienne.
En ce qui concerne les infrastructures du réseau de santé, le Dr Gaudreault estime que la vétusté des établissements dans certaines régions nuit au recrutement de personnel alors que la pénurie de main-d'œuvre se fait sentir partout.
Cette réalité affecterait durement les médecins qui œuvrent en région alors que ceux-ci «sont confrontés à des choix déchirants et à une grande détresse», souligne-t-on, lorsque leur établissement se retrouve sans cardiologue disponible ou que leur urgence frôle la rupture de service.
Doit-on se résoudre à fermer de petits hôpitaux locaux mal desservis pour renforcer des établissements régionaux déjà fragiles? Le Dr Gaudreault n'ose pas trancher, mais il insiste sur l'importance de réfléchir à la gestion des ressources et à la réorganisation des services pour le bien des patients.
«Il faut revoir la mission de chacun», observe-t-il. En prenant pour exemple la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, où il a pratiqué la médecine familiale pendant près de 40 ans, le Dr Gaudreault fait remarquer qu'on y trouve encore six hôpitaux.
«Est-ce qu'on a besoin de six hôpitaux pour assurer les soins de cette population-là? Je ne suis pas certain», glisse-t-il.
Toujours selon le rapport du CMQ, le système québécois est à la traîne face aux enjeux démographiques comme ceux du vieillissement et du déplacement de la population. Le Dr Mauril Gaudreault montre du doigt l'hôpital de Saint-Jérôme. Un établissement vieux de plusieurs décennies et jamais remis à niveau malgré l'explosion démographique des Laurentides, dont le territoire est aussi assailli de touristes été comme hiver.
De l'avis du collège, le réseau a aussi la responsabilité de mieux desservir les communautés en matière de soins de santé mentale et de soins à domicile.
Le président du Collège se qualifie «d'optimiste de nature» et à la veille du dévoilement du projet de loi sur l'efficacité du réseau de la santé, il dit offrir sa collaboration au ministre afin d'améliorer le système public.
«Tous ceux et celles que j'ai rencontrés, gestionnaires, médecins, résidents en médecine, sont tous d'accord pour y travailler, donc il faut se mettre tous ensemble», insiste-t-il en confiant ne pas avoir été consulté à l'avance par le ministre. Il a toutefois l'intention de participer aux consultations qui suivront le dépôt du projet de loi.
À travers sa tournée québécoise, le Dr Gaudreault a visité une douzaine d'établissements ainsi que les quatre facultés de médecine. Le sondage cité par le Collège des médecins a été mené auprès de 2700 médecins et de 1100 citoyens