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«Il y a plus de la moitié des patients qui sont atteints de glaucome et qui ne le savent pas.»
Un ophtalmologiste souhaite que la population soit sensibilisée au dépistage du glaucome, une maladie oculaire silencieuse dont les dommages sont irréversibles, à l'occasion de la Semaine mondiale du glaucome, qui se termine ce samedi.
Le Dr Younes Agoumi, ophtalmologiste spécialiste en glaucome au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), indique que le glaucome est la deuxième cause de cécité en Amérique du Nord. Au Québec, près de 100 000 personnes seraient atteintes de la maladie.
«Et malheureusement, la majorité d’entre eux l’ignorent. Il y a plus de la moitié des patients qui sont atteints de glaucome et qui ne le savent pas», affirme le Dr Agoumi, en entrevue. Le spécialiste soutient que la Semaine mondiale du glaucome est nécessaire pour sensibiliser la population à l'importance du dépistage.
«C’est une maladie qui est fréquente, qui est silencieuse, et dont les dommages sont irréversibles, mentionne-t-il. Il ne se passe pas une seule semaine où je ne reçois pas en consultation pour la première fois un patient à qui je vais apprendre qu’il fait du glaucome, et en même temps, je vais lui apprendre que ses dommages qui sont déjà très sévères sont complètement irréversibles.»
Le glaucome est une maladie qui est souvent liée à une augmentation de la pression à l'intérieur de l'oeil.
«L’œil, il faut voir ça comme une sorte de globe rigide. Puis, cette augmentation de pression va endommager le nerf optique.»
Il précise que le nerf optique est semblable à «un câble électrique qui relie l’information visuelle» de l’œil jusqu’au cerveau.
«Ce câble électrique, quand la pression est élevée, il va finalement perdre des fibres. Et ces fibres qu’il va perdre vont entraîner un dommage au niveau de champ de vision», poursuit-il.
Le glaucome touche d'abord le champ de vision périphérique. «C’est pour ça que c’est insidieux et que c’est silencieux initialement, parce que les gens ne s’en rendent pas compte. Et le dommage au champ de vision central ne vient que tardivement dans la maladie», explique l'ophtalmologiste.
Jusqu'à un stade modéré de la maladie, la seule façon pour une personne d'en prendre conscience est au moyen du dépistage, indique le spécialiste.
L'ophtalmologiste explique que des patients vont attendre avant de consulter «pour toutes sortes de raisons». Certaines personnes ne voyaient pas l'intérêt d'effectuer un examen chez l'optométriste, car elles ne portaient pas de lunettes.
Des examens effectués par un optométriste permettent toutefois de suspecter ou de diagnostiquer le glaucome. L'optométriste peut ensuite envoyer un patient en ophtalmologie afin qu'il puisse être traité.
Le Dr Agoumi souligne que les personnes de 40 ans et plus devraient faire un examen de la vue chaque année ou chaque deux ans, en fonction des résultats de leur examen. Le spécialiste du CHUM précise que le glaucome affecte près de 2 % des personnes de plus de 40 ans, et 10 % des personnes de plus de 80 ans.
S'il n'est pas possible de regénérer un nerf optique, des traitements sont disponibles afin de ralentir la progression du glaucome. Un traitement précoce de la maladie permet d'obtenir des résultats «plus intéressants» en ce qui concerne la qualité de la vision à long terme, fait valoir le Dr Agoumi, d'où l'importance d'un dépistage précoce.
«Le but du traitement c’est d’abaisser la pression pour être capable de ralentir la progression de la maladie, et de la stopper dans le meilleur des cas», affirme-t-il
Il indique que 90 % des patients obtiennent une bonne réponse à un traitement médical, soit des gouttes, ou à un traitement au laser. Moins de 10 % des patients ont besoin d'une chirurgie afin de traiter leur glaucome.
Certains facteurs augmentent le risque de développer le glaucome, notamment la pression intraoculaire élevée, les antécédents familiaux, le vieillissement, l'origine ethnique, la myopie, ainsi que le diabète. Les personnes présentant ces facteurs peuvent donc opter pour le dépistage plus tôt ou plus fréquemment.