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Une étudiante montréalaise a accepté de nous partager toutes ses dépenses pendant une semaine pour déboulonner les idées reçues sur l'argent et les jeunes.
La hausse du prix d’épicerie et du coût des loyers pose des défis particuliers pour les étudiants postsecondaires qui ont peu de marge de manœuvre pour augmenter leurs revenus. Noovo Info a documenté les dépenses d'une étudiante montréalaise pendant une semaine pour mieux comprendre où frappe l’inflation.
Louanne Bélanger, 19 ans, étudie à temps partiel en théâtre à l'Université du Québec à Montréal. Elle s’est prêtée au jeu pour détruire les stéréotypes entourant la gestion de l’argent par les étudiants, mais aussi pour avoir un portrait plus clair de son propre budget..
«Mon logement est ma plus grosse dépense. C’est le tiers de mon salaire qui va dedans», explique l’étudiante. Elle partage un 5 ½ dans St-Henri avec deux colocataires. À trois, elles dépensent 2020 dollars par mois, en plus des factures d’électricité et d’Internet. Le prix des logements à Montréal a connu sa plus forte hausse en 20 ans en 2022. Le loyer moyen d’un 4 ½ à Montréal a augmenté de 5,4%, le portant à 1 022$ par mois.
La deuxième plus grosse dépense de Louanne, c’est l’épicerie. «J’ai commencé à faire mon épicerie, l’inflation était déjà là donc parfois c’est plus difficile pour moi de savoir si le prix d’un aliment est vraiment trop élevé pour ce que c'est», déplore-t-elle. L’étudiante n’est d’ailleurs pas au bout de ses peines. Le prix des aliments devrait encore augmenter de 5 à 7% cette année selon un rapport du Laboratoire des sciences analytiques en agroalimentaire de l'Université Dalhousie. Les légumes, les produits laitiers et la viande seront les produits les plus touchés.
Depuis la pandémie, le nombre de Québécois âgés entre 15-24 ans qui travaillent au salaire minimum diminue rapidement. Pour boucler leur budget sans trop nuire à leurs études, les jeunes, comme Louanne, priorisent des emplois plus payants. «Je sais qu’il y en a qui y arrivent au salaire minimum, mais je ne sais pas comment ils font», souffle-t-elle. Même si elle a pu trouver un emploi avec un salaire de 23 dollars de l’heure, elle doit travailler une trentaine d’heures par semaine en plus de ses études pour payer ces factures.
Malgré tout, ses achats sont généralement réfléchis d’avance pour étirer chaque dollars. «Je vais éviter les fruits et légumes, sauf ceux qui se gardent longtemps ou qui sont congelés, pour ne pas perdre d'aliments, détaille-t-elle. Elle mise aussi sur les vêtements de seconde main.«C’est moins cher et ça sauve la planète», lance-t-elle.
Louanne s’estime aussi chanceuse, puisqu’elle a pu bénéficier du soutien financier de ses parents. Sans cette aide, elle ne croit pas qu’elle aurait pu poursuivre ses études en théâtre. En 2021, 481 225 étudiants canadiens ont retiré des fonds de leur Régime enregistré d’épargne-études. Ils ont retiré en moyenne 10 115$.
Une des solutions pour aider les étudiants à y arriver à la fin du mois, selon Louanne, serait de réduire les frais de scolarité postsecondaire. Pour l'année scolaire 2022-2023, les frais de scolarité ont augmenté de 2,64% menant le coût d'une session universitaire de 15 crédits à environ 1 440,45$ pour un étudiant originaire du Québec, selon l’Union étudiante du Québec.
«Je pense qu’il faudrait aussi plus parler d’argent entre nous, les étudiants. Ça pourrait nous permettre de mieux comprendre notre argent et de s’échanger des trucs pour économiser» conclut t-elle.