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Les politiciens de tous les partis et ordres de gouvernement ont dénoncé le transfert de Bernardo d'un pénitencier à sécurité maximale à un établissement à sécurité moyenne au Québec.
L'une des architectes de la loi qui régit le système carcéral canadien admet qu'il est compréhensible que les gens veuillent se venger du tueur et violeur en série Paul Bernardo, mais elle rappelle que ce n'est pas pour cela que le système a été conçu.
Mary Campbell trouve par contre regrettable que le Service correctionnel du Canada n'ait pas été plus transparent sur les critères qui ont conduit à ce transfert – ce que la loi lui permettrait de faire, selon elle.
Mme Campbell, une avocate qui a pris sa retraite en 2013 de son poste de directrice générale des affaires correctionnelles et de la justice pénale au ministère fédéral de la Sécurité publique, convient que les crimes de Bernardo étaient sans aucun doute horribles.
Mais d'une manière générale, le système correctionnel a pour mandat de réhabiliter les délinquants, dit-elle.
Les politiciens de tous les partis et ordres de gouvernement ont dénoncé le transfert de Bernardo d'un pénitencier à sécurité maximale à un établissement à sécurité moyenne au Québec.
La nouvelle du transfert a été confirmée la semaine dernière par l'avocat des familles de deux des victimes du tueur, Kristen French et Leslie Mahaffy, qui souhaitent le retour à son ancienne prison.
Les deux adolescentes ont été kidnappées, agressées sexuellement et assassinées par Bernardo au début des années 1990. Il a également été reconnu coupable d'homicide involontaire dans la mort de Tammy Homolka, 15 ans, décédée après avoir été droguée et agressée sexuellement. Tammy était la sœur de Karla Homolka, alors épouse de Bernardo.
Karla Homolka a été libérée en 2005 après avoir purgé une peine de 12 ans pour son rôle dans les crimes commis contre Kristen French et Leslie Mahaffy.
Bernardo a aussi reconnu qu'il avait agressé sexuellement 14 autres femmes. Il a été déclaré délinquant dangereux et purge une peine d'emprisonnement à perpétuité. Il a passé 30 ans dans un établissement à sécurité maximale, ce qui, selon Mme Campbell, constitue une longue période pour tout délinquant.
Et bien qu'elle comprenne pourquoi les gens veulent le voir détenu là-bas, elle a déclaré que le critère pour transférer un détenu dans un autre pénitencier «n’est pas basé sur la vengeance».
Après l'annonce de la nouvelle, le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a déclaré qu'il pensait que Bernardo devrait être enfermé «23 heures par jour». Le chef conservateur fédéral, Pierre Poilievre, a appelé le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau à adopter des changements qui obligeraient les personnes qui commettent plusieurs meurtres à purger toute leur peine dans une prison à sécurité maximale.
Le Service correctionnel réexamine actuellement la décision de transférer Bernardo. En vertu de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, les détenus se voient attribuer un «niveau de sécurité» en fonction de différents facteurs, notamment le risque d'évasion et l'évaluation psychologique.
Dans le cas de Bernardo, qui est maintenant dans la fin de la cinquantaine, le Service correctionnel affirme qu'un transfert dans une prison à sécurité moyenne ne présente aucun risque pour la sécurité publique.
La raison de son transfert, cependant, est un mystère, le Service correctionnel fédéral rappelle que la loi délimite l’information qu'il peut divulguer au sujet du cas d’un délinquant.
Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a toutefois admis mardi que les Canadiens avaient droit à une explication sur le transfert.
Tim Danson, l'avocat représentant les familles French et Mahaffy, a déclaré qu'il n'avait pas reçu l'information, en raison du droit à la vie privée de Bernardo.
Mme Campbell a expliqué que la loi énonce que la commissaire du Service correctionnel du Canada a le pouvoir de divulguer aux victimes un résumé des raisons du transfert d'un délinquant particulier, dans les cas où il est déterminé que leur intérêt l'emporte sur toute atteinte à la vie privée du délinquant.
Elle a déclaré que la commissaire peut également choisir de divulguer des informations en vertu de la loi fédérale sur la protection de la vie privée dans les cas où elle détermine que le droit du public de savoir l'emporte sur la vie privée d'un détenu.
«Quand [le Service correctionnel du Canada] dit qu'il ne peut pas divulguer les détails à cause de la loi, ce n'est pas tout à fait exact, a-t-elle argué. Il y a des exceptions.
«Il est regrettable que le Service correctionnel n'ait peut-être pas été un peu plus transparent pour expliquer les choses.»
Mme Campbell rappelle qu'il y a plus de 20 000 autres personnes qui purgent une peine dans les prisons canadiennes, et que les règles ont été conçues pour s'appliquer largement.