Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Société

La simulation de l'orgasme analysée et démystifiée

La croyance populaire selon laquelle les femmes atteignent difficilement l'orgasme, contrairement aux hommes, est celle qui accroche le plus une chercheuse et «semble être la moins vraie».

Source

La Presse canadienne
La Presse canadienne

L'atteinte de l'orgasme est bien souvent placée au cœur des relations sexuelles chez les couples hétérosexuels, à un point tel que certains le simulent. Une chercheuse au département de sexologie de l'UQAM tente de décortiquer la pratique de la simulation et de défaire les croyances sur l'orgasme, notamment sur le plan féminin.

Le 21 décembre est déclaré comme la journée mondiale de l'orgasme. Considéré comme le point culminant du plaisir sexuel, l'orgasme peut être source de pression dans les couples et à défaut d'en avoir, la simulation peut s'avérer chez plusieurs comme «une alternative valable», mentionne la chercheuse Léa Séguin.

Il y a quelques années, elle s'est intéressée dans son mémoire de maîtrise sur les raisons derrière la simulation de l'orgasme chez les hommes. Cette fois-ci dans sa thèse de doctorat, elle a voulu savoir le rôle des croyances populaires dans cette pratique «relativement courante».

«Par exemple, si une personne croit que ça prend absolument un orgasme sexuel pour terminer une relation sexuelle, est-ce qu'elle serait plus susceptible de simuler un orgasme qu'une personne qui ne croit pas ce genre de croyance?», explique Mme Séguin.

Les conclusions de ses recherches se sont révélées contraires à son hypothèse de départ. «Les gens qui simulaient l'orgasme avec leur partenaire étaient moins susceptibles de croire certaines croyances culturelles», indique la chercheuse qui poursuit ses travaux afin de mieux comprendre ce constat.

Au cours de sa thèse, elle a réalisé des entrevues auprès de personnes hétérosexuelles en couple qui lui ont permis de dégager sept grandes croyances populaires sur l'orgasme. Celles-ci ont ensuite été présentées à 800 personnes pour mesurer leur degré d'adhésion.

Parmi les croyances avancées, on y retrouve comme quoi l'orgasme est essentiel à la satisfaction sexuelle des hommes, que son absence montrerait un problème dans le couple et qu'il demande et produit une connexion qui rapproche les partenaires. Cette dernière a obtenu la plus forte adhésion.

«L'orgasme, surtout dans l'ère contemporaine, c'est très valorisé. C'est vraiment conçu comme une expérience de connexion émotionnelle et érotique. Et ça en soi, c'est très beau», fait valoir Mme Séguin, qui collabore avec le média spécialisé Club Sexu.

Plusieurs couples valorisent d'ailleurs l'orgasme simultané comme un idéal, a-t-elle noté dans ses recherches.

L'orgasme au féminin

Mais la croyance populaire selon laquelle les femmes atteignent difficilement l'orgasme, contrairement aux hommes, est celle qui accroche le plus la chercheuse et «semble être la moins vraie».

«Les femmes elles-mêmes sont en désaccord avec ça. On va beaucoup penser au plaisir du gars. C'est très phallocentrique, on va beaucoup penser au pénis. On va beaucoup mettre de côté le clitoris, les choses qui fonctionnent pour la femme», déplore Mme Séguin.

«S'attendre qu'une femme ait un orgasme avec juste une pénétration vaginale avec aucune simulation du clitoris, c'est comme s'attendre à ce qu'un homme vienne sans une stimulation du pénis», fait-elle valoir.

L'orgasme féminin est d'ailleurs peu représenté dans l'industrie pornographique, a observé Mme Séguin. Pour sa thèse, elle a visionné les 50 films les plus populaires sur Pornhub.

«Dans toutes les scènes où au moins une personne avait un orgasme, moins d'une femme sur cinq était montrée (orgasme vrai ou simulé). Environ 75% des orgasmes féminins étaient provoqués par pénétration sans aucune simulation du clitoris ou de la vulve. Dans la réalité, c'est environ 25%», détaille la chercheuse.

Cette représentation dans le monde de la porno vient «refléter la croyance que c'est les hommes qui donnent du plaisir à leur partenaire» et vient ainsi «nourrir une immense pression», affirme-t-elle.

Un «bonus»

Selon Léa Séguin, l'orgasme devrait être vu comme un «bonus» et non comme «la fin du monde» s'il est parfois absent.

Elle souligne qu'une étude de l'Université d'Ottawa a révélé que chez la plupart des personnes interrogées l'orgasme était rarement mentionné comme un élément essentiel pour une relation sexuelle réussite. Elles nommaient, par exemple, être pleinement présent, l'intimité érotique, l'empathie et la communication.

«On ne va pas se mentir, c'est le fun les orgasmes. Mais quand on le place au centre de la relation sexuelle, comme le plat principal, on est voué à ne pas l'avoir. Le plus de pression qu'on se met, le plus difficile ce sera», dit Mme Séguin.

D'après la chercheuse, la connexion, l'empathie, l'authenticité et l'aventure demeurent beaucoup plus importantes.

Source

La Presse canadienne
La Presse canadienne