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«Ce n'est pas respectueux...»
Quelques semaines avant que le président américain Donald Trump n'enclenche une guerre commerciale avec le Canada, la secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis a repris ses propos incendiaires sur le Canada, qualifiant le pays de «51e État» lors d'une visite près de la frontière entre le Québec et le Vermont.
La secrétaire Kristi Noem était en visite dans le Vermont le 30 janvier pour rencontrer la famille de l'agent des douanes David Maland, qui a été tué dans l'exercice de ses fonctions près de la frontière canadienne au début du mois.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Pendant qu'elle était là-bas, elle s'est également arrêtée à la bibliothèque et opéra Haskell, un bâtiment construit en 1901 qui symbolise la relation de longue date entre le Canada et les États-Unis puisqu'il se trouve carrément à la frontière entre les deux pays.
Un long morceau de ruban adhésif posé sur le sol à l'intérieur du bâtiment en pierre délimite la frontière internationale.
D'un côté se trouve Stanstead, au Québec, et de l'autre Derby, dans le Vermont.
Selon Deborah Bishop, directrice générale de la bibliothèque, Noem s'est tenue du côté américain et a dit «U.S.A. number one» pendant la visite du bâtiment.
«Et puis [elle] a franchi la ligne et a dit: "Le 51e État." Elle l'a fait à trois reprises. Il n'y a pas eu de mention du Canada, juste "Le 51e État"», a-t-elle confié à CTV News, ajoutant que les commentaires ont pris tout le monde par surprise.
«Je n'arrivais pas à croire qu'elle ait dit ça», a critiqué Mme Bishop. «Nous l'avons accueillie avec courtoisie et respect, et je pense qu'elle aurait dû réagir de la même manière. Elle était au Canada. Je veux dire, quand on franchit cette ligne, on est techniquement au Canada. Alors peut-être qu'il faut être respectueux envers les personnes dans la pièce qui sont canadiennes.»
Les remarques de la secrétaire à la Sécurité intérieure ont d'abord été rapportées par le Boston Globe.
La bibliothèque a été désignée lieu historique national du Canada en 1985 et a été donnée à l'usage des citoyens des deux pays en mémoire du propriétaire de scierie américain Carlos Haskell et de son épouse canadienne Martha Stewart Haskell par leur famille, selon Parcs Canada.
L'entrée principale se trouve du côté américain, mais les visiteurs canadiens peuvent entrer en se garant du côté canadien du bâtiment et en suivant le trottoir jusqu'à l'entrée.
C'est ce qui rend le bâtiment si spécial, a déclaré M. Bishop, car il accueille tous ceux qui entrent.
«Quand les gens franchissent cette porte, à moins d'avoir vu de quel côté ils sont venus, je ne saurais pas dire s'ils sont Américains ou Canadiens. Et ils sont tous là pour la même raison: utiliser les services de la bibliothèque, peut-être voir l'Opéra. C'est une institution unique. C'est une belle institution. Donc non, je ne sais pas ce qui l'a inspirée pour faire cette [déclaration]», a-t-elle déploré.
Le ministère de la Sécurité intérieure n'a pas répondu à une demande de commentaire.
Les commentaires de Noem sont survenus alors que Trump s'apprêtait à déclencher une guerre commerciale contre le Canada en imposant des droits de douane élevés, une décision perçue par de nombreux responsables comme un prétexte pour annexer le pays.
Sylvie Boudreau, présidente du conseil d'administration de la bibliothèque, a convenu que les commentaires de Noem n'étaient pas les bienvenus dans un endroit qui a toujours été un lieu où les Américains et les Canadiens peuvent venir et mettre la politique de côté.
«Ce n'est pas respectueux», a-t-elle lancé lors d'une entrevue. «Nous ne deviendrons pas [une partie des] États-Unis. Les Canadiens, je ne pense pas que nous le voulions, en tout cas, je ne veux pas être un 51e État. Donc, c'était juste comme... on ne fait pas ce genre de choses. On apprécie l'endroit, le caractère unique de l'endroit.»
Le maire de Stanstead a affirmé à CTV News qu'il n'avait pas été témoin de l'incident, mais qu'il le trouvait néanmoins insultant.
«Il est un peu décevant qu'une personnalité officielle comme Kristi Noem se moque du peuple canadien en faisant des blagues sur le fait que le Canada devienne un 51e État alors qu'il est clair que les Canadiens veulent rester un pays souverain», a-t-il écrit dans un courriel.
«C'est encore plus irrespectueux lorsque cela se fait dans un site historique comme ici à Stanstead/Derby, dans la magnifique bibliothèque et opéra Haskell», a-t-il ajouté. «Ce site a été conçu pour mettre en valeur notre emplacement unique et notre amitié avec nos voisins du sud. Le bâtiment est divisé entre les deux pays, ce qui permet aux Canadiens et aux Américains de partager une bibliothèque et un opéra. Des livres provenant des deux pays et en anglais et en français. Nous continuons à travailler en étroite collaboration avec nos villes voisines américaines et nous continuerons à le faire, car nous avons construit nos relations au fil des ans.»
«Nous formons une seule communauté.»