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Patrouille

C'est la fin du point de contrôle du chemin Roxham

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a terminé lundi matin la démolition de ses installations temporaires érigé en 2017 pour faire face à ce qu'il est convenu d'appeler «la crise migratoire».

Reportage vidéo :
/ Noovo Info
Texte :
/ Noovo Info

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a terminé le démantèlement de ses installations au bout du chemin Roxham.

Le Sergent Charles Poirier du Bureau des communications de la GRC confirmait à Noovo Info le 19 septembre dernier que les travaux étaient amorcés et que «tout devrait être enlevé d'ici quelques semaines».

La GRC a rencontré la presse lundi alors que s'écroulait la dernière de ses structures sur le chemin Roxham, un avant-poste construit pour faire face à l'afflux de migrants qui traversaient le Canada à pied depuis le nord de l'État de New York pour demander l'asile.

«Suivant les modifications à l'Entente des pays tiers sûrs, le nombre de migrants qui traverse au chemin Roxham a dramatiquement diminué et notre présence ici n'est plus nécessaire», a confirmé le sergent Charles Poirier.

Voyez le reportage de Lili Mercure dans la vidéo liée à l'article.

Selon un porte-parole de la GRC, ce ne sont pas moins de 113 000 personnes qui ont utilisé ce point de passage irrégulier entre 2017 et aujourd'hui. 

Une portion du chemin Roxham, le lundi 25 septembre 2023.
Une portion du chemin Roxham, le lundi 25 septembre 2023.

Le démantèlement des installations de la GRC est en lien direct avec l'accord survenu en mars entre Ottawa et Washington qui fait en sorte que les policiers et les agents frontaliers renvoient les ressortissants qui franchissent la frontière de manière irrégulière - comme par le chemin Roxham - au poste frontalier canado-américain le plus proche. 

En marge de cet accord, le Canada s'est engagé à accueillir au cours de 2023, 15 000 migrants supplémentaires en provenance de l'hémisphère occidental pour des motifs humanitaires et à leur offrir des débouchés économiques. 

Des chiffres rapportés par la GRC en mars dernier - basés sur les interceptions faites au Québec - indiquaient que l'an dernier, 39 171 personnes ont traversé irrégulièrement la frontière.

Un agent de la GRC conduit des gens vers un autobus après leur entrée au Canada via la route Roxham, à la frontière canado-américaine, à Hemmingford, au Québec, le samedi 25 mars 2023.
Un agent de la GRC conduit des gens vers un autobus après leur entrée au Canada via la route Roxham, à la frontière canado-américaine, à Hemmingford, au Québec, le samedi 25 mars 2023.

Contre la fermeture

Une demi-douzaine de femmes, membres de l'organisme Bâtir des ponts/Bridges not borders, étaient présentes sur les lieux pour assister à la démolition. Elles ont déploré la décision du Canada de resserrer les règles et de fermer ce point de passage.

«C'est la fin d'une étape où le gouvernement canadien était un peu plus ouvert à la réalité des demandeurs d'asile. C'est juste un exemple concret de la destruction qui se fait au niveau d'une politique qui était plus saine que ce qui est en place maintenant», a déclaré l'une d'elles, Frances Ravensbergen, à La Presse Canadienne.

«Maintenant, il y a la difficulté d'aller chercher le monde dans le bois. Oui, c'est complexe, mais la solution de Roxham, qui était temporaire, était meilleure que ce qu'on a maintenant. C'est un pas en arrière qu'on a fait et c'est le gouvernement canadien, consciemment, qui a pris cette décision de rendre la vie des demandeurs d'asile plus difficile, plus dangereuse.»

La fermeture du chemin Roxham a aussi été décriée par d'autres organismes, dont des groupes de défense de l'immigration au Québec, qui estiment que le nouvel accord Canada/États-Unis ne dissuadera pas les migrants de tenter d’entrer au Canada à l’extérieur des points d’entrée officiels.

Plusieurs intervenants - et même le voisinage du chemin Roxham - craignaient une prolifération des réseaux de passeurs.

L'organisme Foyer du Monde,  qui héberge temporairement des demandeurs d’asile et des migrants à Montréal, avait à l'époque déclaré «qu’il est possible que des réfugiés potentiels qui sont déterminés à entrer au Canada finissent par mourir en empruntant des routes dangereuses pour entrer au pays.»

Le sergent Charles Poirier confirme ce point soulignant que les passages clandestins sont dangereux, «quoi qu'en disent les passeurs qui s'enrichissent sur le dos des migrants en leur exigeant des sommes exorbitantes.»

«C'est un terrain qui est difficile. Il y en a qui traversent avec des jeunes enfants, des gens âgés, des femmes enceintes. Dans les dernières années, on a dû monter des opérations de sauvetage pour des gens qui étaient pris dans le bois, souvent pendant l'hiver. Ça n'a pas toujours fait les nouvelles, mais il y a des gens qui ont malheureusement souffert d'engelures très sévères, d'hypothermie, et nos propres patrouilleurs aussi se sont malheureusement retrouvés à l'hôpital lors de ces opérations de sauvetage», raconte-t-il.

La GRC continuera ainsi de patrouiller sporadiquement dans le passage du chemin Roxham, mais se voit obligée de redéployer ses effectifs partout le long de la frontière. Le corps policier n'était pas en mesure de chiffrer avec précision le coût de son déploiement au cours des six dernières années, mais son porte-parole, le sergent Charles Poirier, a parlé de «plusieurs millions de dollars».

Une accalmie de courte durée

En avril dernier, les autorités confirmaient que la vague massive de réfugiés potentiels entrant au Canada par le chemin Roxham, en Montérégie, avait considérablement ralenti depuis la fin du mois de mars

L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) avait indiqué à ce moment que du 25 mars au 2 avril, elle a enregistré 191 cas de personnes traversant irrégulièrement. Sur ce total, 144 demandeurs ont été renvoyés aux États-Unis conformément à l'accord élargi ; 54 ont été jugés admissibles à présenter une demande d'asile au Canada.

Estelle Muzzi, mairesse de la municipalité frontalière de Saint-Bernard-de-Lacolle, confirmait aussi que les résidents des environs du chemin Roxham ont signalé une diminution de la circulation piétonnière depuis l'élargissement de l’accord. Même son de cloche à l'époque de la part de Frances Ravensbergen, une militante de l’organisme Créons des ponts, un groupe de défense des réfugiés, qui ajoutait que des bénévoles de la région ont également signalé une baisse du nombre de personnes arrivant pour traverser la frontière par le chemin Roxham. 

En août dernier toutefois, on indiquait que la fermeture du chemin Roxham ne semblait pas avoir freiné les demandes d'asile alors que les aéroports en Ontario et au Québec semblaient être les nouvelles portes d'entrée pour les demandeurs d'asile au Canada.

En juin dernier, la GRC à travers le pays a intercepté seulement 36 personnes entre les points frontaliers officiels, comparativement à 4994 en janvier. Cependant, l'Agence des services frontaliers du Canada a traité 4350 demandes en juin dans les aéroports — presque tous au Québec et en Ontario — comparativement à 1370 en janvier et 1360 en juin 2022.

Avec des informations de La Presse canadienne.

Reportage vidéo :
/ Noovo Info
Texte :
/ Noovo Info