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Économie

Guerre tarifaire: le secteur automobile obtient un sursis d'un mois

Ce développement survient au terme d'une longue discussion entre le premier ministre Justin Trudeau et Donald Trump.

Sarah Ritchie / La Presse canadienne

Les trois grands constructeurs automobiles ont pu obtenir une exemption tarifaire d'un mois mercredi après une conversation avec le président américain Donald Trump, mais le premier ministre Justin Trudeau a conclu un appel au bureau ovale sans aucune garantie de ce genre pour le Canada.  

M. Trump a accordé une exemption d'un mois pour tous les véhicules passant par l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM). 

La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a affirmé que Stellantis, Ford et General Motors ont demandé une exemption d'un mois lorsqu'ils ont parlé à M. Trump, mercredi.

Mme Leavitt a déclaré que les droits de douane «réciproques» entreront toujours en vigueur le 2 avril, mais que le président accorde d'ici là une exemption d'un mois afin que ces constructeurs automobiles ne soient pas placés «dans une situation économique désavantageuse».

Mme Leavitt a dit aux journalistes que le but de ce sursis d'un mois était de donner aux constructeurs automobiles le temps de «transférer la production ici aux États-Unis d'Amérique où ils ne paieront pas de droits de douane, c'est le but ultime». 

Elle a ensuite ajouté que M. Trump était ouvert à d'autres exceptions aux droits de douane. 

Le président Trump a mis à exécution mardi sa menace d'imposer des droits de douane radicaux au Canada et au Mexique.

 

Le premier ministre Justin Trudeau a qualifié mardi la guerre tarifaire de «stupide» et a confirmé que le Canada allait riposter. Selon lui, au bout du compte, l'objectif de M. Trump est de «faire s'écrouler l’économie canadienne pour ensuite pouvoir parler d’annexion».

Les biens canadiens importés aux États-Unis sont désormais soumis à des droits de douane de 25 %, à l'exception de l'énergie qui est fixée à 10 %. 

Le Canada a encore des cartes dans sa manche

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré mercredi au Toronto Region Board of Trade que le Canada pourrait toujours exercer des pressions sur les produits dont les États-Unis dépendent, comme l'uranium, la potasse et l'énergie. 

«Nous n'avons pas encore mis cela sur la table», a-t-elle indiqué, ajoutant que ce sont «des cartes que nous pourrions potentiellement jouer si la situation s'aggravait - et les États-Unis le savent».

«Mais pour que nous puissions utiliser d’autres nouvelles cartes, nous devons nous assurer que les Canadiens et les premiers ministres sont à bord, et je pense que nous avons vu, petit à petit, encore plus d’unité», a-t-elle ajouté. 

Mme Joly a parlé avec le secrétaire d'État Marco Rubio mercredi et a affirmé que le ministre des Finances, Dominic LeBlanc, avait également appelé le secrétaire américain au Commerce Howard Lutnick. M. Trump, a-t-elle dit, est le décideur ultime à Washington.

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Il semble désormais que la Maison-Blanche soit prête à renoncer temporairement aux taxes sur les constructeurs automobiles, bien que les responsables n'aient pas précisé exactement comment cela fonctionnerait. 

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a mis en garde le gouvernement fédéral contre la tentation de sacrifier certains secteurs de l'économie québécoise «pour protéger l'automobile de l'Ontario, certains intérêts financiers de Toronto ou, pire encore, le pétrole de l'Ouest». 

«Ce qui ne doit pas arriver, par exemple, c'est que pour protéger l'industrie automobile, on va sacrifier la gestion de l'offre du Québec, puis on va sacrifier et garder des tarifs iniques qui sont imposés depuis des années sur l'industrie de la forêt au Québec, ou on va renoncer à l'imposition de royauté aux géants d'internet, alors que la culture entre toutes du Québec est celle qui est le plus menacée dans le contexte actuel», a soutenu M. Blanchet, mercredi en conférence de presse à Ottawa.

Un appel avec Justin Trudeau 

Le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, a déclaré mercredi après-midi à Fox News que M. Trump était également «enclin à proposer une idée» qui permettrait une exclusion tarifaire pour les marchés canadiens et mexicains qui se conforment à l'accord de libre-échange. 

Il a cité la réunion des constructeurs automobiles, affirmant que les entreprises ont demandé à M. Trump : «Si nous nous conformons à l'ACEUM, ce qui signifie que nous avons des pièces américaines dans nos voitures, ne pouvez-vous pas nous aider ?». 

M. Lutnick et le vice-président J.D. Vance étaient au téléphone avec M. Trump lorsqu'il s'est entretenu avec le premier ministre Trudeau mercredi après-midi, pour la première fois depuis le début de la guerre commerciale. 

Le bureau de M. Trudeau n'a fourni aucun détail sur ce qui a été discuté. 

Un haut responsable du gouvernement canadien s'exprimant en coulisses a indiqué qu'ils avaient parlé pendant 50 minutes et que les deux parties seraient en contact étroit tout au long de la journée. 

Dans un message publié sur le réseau Truth Social, M. Trump a affirmé que M. Trudeau «l'avait appelé pour demander ce qui pouvait être fait au sujet des tarifs». Le président américain a insisté sur le fait que les mesures prises par le Canada pour freiner l'entrée de fentanyl aux États-Unis n'étaient pas suffisantes.

M. Trump a également écrit que le premier ministre Trudeau n'avait pas pu lui dire quand les élections canadiennes auraient lieu – et a faussement accusé M. Trudeau d'essayer d'utiliser les droits de douane pour rester au pouvoir.

Les prochaines élections canadiennes sont attendues peu de temps après que le Parti libéral du Canada aura choisi son nouveau chef la fin de semaine prochaine, mais le moment dépendra largement de la personne qui remportera cette élection.

M. Trump a soutenu avoir dit au premier ministre Trudeau qu'il avait en grande partie causé les problèmes à cause de ses «politiques frontalières faibles».

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a affirmé mercredi que le premier ministre Justin Trudeau et lui-même étaient d'accord sur le fait que le Canada ne supprimerait pas les tarifs de rétorsion à moins que tous les droits de douane américains ne soient supprimés, et a dit qu'un sursis temporaire n'était pas suffisant. 

L'Ontario a retiré tous les produits américains de ses magasins d'alcool et a interdit aux entreprises américaines de conclure des contrats d'approvisionnement d'une valeur de 30 milliards $. D'autres provinces ont adopté des mesures de rétorsion non tarifaires similaires.

Sarah Ritchie / La Presse canadienne