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«Ça ne semble pas du tout être un bon deal».
Alors que le premier ministre François Legault jubilait à propos de sa nouvelle entente énergétique avec Terre-Neuve-et-Labrador, le Parti libéral du Québec (PLQ) s’est dit «très préoccupé» par ce deal, qualifiant M. Legault de «mauvais négociateur».
«Ça ne semble pas du tout être un bon deal et la dernière fois que François Legault a dit: “j'ai fait un grand deal”, c'était Northvolt, alors vous allez comprendre qu'on est très suspicieux», a lancé le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay, en entrevue avec La Presse Canadienne.
Selon lui, l'investissement massif de 25 milliards $ d’Hydro-Québec pour les trois nouveaux projets à Terre-Neuve-et-Labrador, dont la construction de la centrale de Gull Island, est beaucoup trop cher payé pour les bénéfices que vont en retirer les Québécois.
«On va leur payer la centrale (de Gull Island) à 90 % et nous aurons la propriété de cette même centrale uniquement à 40 %», affirme-t-il.
L’entente vient régler un vieux contentieux avec Terre-Neuve-et-Labrador, qui s’estimait flouée par le contrat de 1969, selon lequel Hydro-Québec achète l’électricité à 0,2 cent le kilowattheure, mais la revend ensuite à gros prix. Avec le nouvel accord, le prix moyen passera graduellement à 6 cents le kilowattheure pour l’ensemble de l’énergie provenant du Labrador, donc 30 fois plus.
Québec solidaire (QS) affirme que cette entente fera «inévitablement» augmenter les prix de l’électricité.
«Avoir plus d'énergie verte, mais du même souffle la gaspiller, ça va faire augmenter la facture d'Hydro des Québécoises et des Québécois. La vraie question est qu'allons-nous faire avec cette énergie? Est-ce qu'elle va servir aux entreprises d'ici pour les aider avec la décarbonation ou elle sera offerte en cadeau à des multinationales comme Northvolt? Le gouvernement doit à tout prix prioriser l'efficacité énergétique, pour que ces nouveaux kilowattheures soient utilisés efficacement», a indiqué la co-porte-parole solidaire, Ruba Ghazal, dans une déclaration écrite.
Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon reproche à François Legault d’avoir placé le Québec dans une «position de faiblesse en légitimant la thèse selon laquelle le Québec devait réparer une “injustice” avec le contrat initial signé en 1969».
«Ce contrat est tout à fait légitime, ce que les tribunaux ont d’ailleurs confirmé», écrit-il sur le réseau social X.
À voir également: Le Québec est-il loin d'avoir réglé ses problèmes en énergie?
M. St-Pierre Plamondon ajoute que le premier ministre a signé la nouvelle entente «sans même avoir mentionné une seule fois l'injustice subie par le Québec en 1927 lorsque le territoire sur lequel se trouve la centrale en question a injustement et unilatéralement été attribué à Terre-Neuve».
«C’est un grave manquement au devoir historique du premier ministre de la nation québécoise, qui cautionne la thèse terre-neuvienne de l’”entente injuste” signée en 1969 mais omet de parler du vol du territoire Labrador», poursuit le chef péquiste.
Le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau, croit qu’il faut «saluer» le «courage» du premier ministre québécois d’accepter de payer l’électricité plus cher maintenant pour une entente à long terme «gagnante-gagnante, qui permet de donner de la certitude aux deux parties».
«Ce n’est pas un prix démesuré, et ça stabilise tous les approvisionnements et c’est important pour le Québec de planifier sur des éléments stables», indique-t-il.
«C’est une bonne chose de s’entendre rapidement. Pour le Québec, ça donne beaucoup de certitude sur les années à venir, et pour Terre-Neuve-et-Labrador, ça permet aussi d’y voir plus clair», ajoute le professeur.
Le Conseil du patronat (CPQ) accueille, lui aussi, «positivement» la nouvelle entente.
«La centrale vient non seulement garantir l’approvisionnement, mais ajoute aussi de nouvelles capacités de production. Avec les ambitions que nous avons, nous devons pouvoir compter sur toutes les sources d’approvisionnement énergétique disponibles dans les prochaines années. Nos entreprises en attente de blocs d’énergie sont rassurées de voir la conclusion de ces négociations», a affirmé le président et chef de la direction du CPQ, Karl Blackburn.