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Économie

Churchill Falls: un étape importante pour «sécuriser l’avenir énergétique», selon Michael Sabia

«Pour le Québec, l’entente garantit l’accès à un minimum 7200 MW pour les 50 prochaines années», a indiqué M. Sabia.

Le président et chef de la direction d'Hydro-Québec, Michael Sabia. Photo prise à Ottawa le 17 novembre 2022.
Le président et chef de la direction d'Hydro-Québec, Michael Sabia. Photo prise à Ottawa le 17 novembre 2022.
/ La Presse canadienne

L'entente de principe avec Terre-Neuve-et-Labrador pour la production d'électricité est une étape importante pour sécuriser l’avenir énergétique de la province, selon le patron d'Hydro-Québec, qui estime que l'énergie produite coûterait deux fois moins cher que les alternatives qui s’offrent au Québec.

Dans «un monde de plus en plus incertain», le travail d'Hydro-Québec est de «sécuriser de grandes quantités d'électricité à un prix abordable pour des générations à venir» et «c'est exactement ce que nous avons fait avec cette nouvelle entente», a indiqué Michael Sabia, président‑directeur général d'Hydro‑Québec, en conférence de presse jeudi après-midi à Montréal.

Hydro-Québec investirait environ  25 milliards $ dans trois projets hydro-électriques à Terre-Neuve-et-Labrador et la société d’État québécoise serait «maître d’œuvre» des nouveaux projets.

La majorité de cet investissement, soit 20 milliards $, serait consacrée à la construction de la centrale au fil de l’eau, sur la rivière Churchill, à Gull Island, qui devrait être en service dans une dizaine d’années.

Une nouvelle centrale, adjacente à la centrale existante de Churchill Falls, devrait également être construite d’ici 2035. 

Au total, ce serait 9190 mégawatts (MW) qui seraient produits et 90 % de cette énergie serait acheté par Hydro-Québec.

«Acquérir 90 % de la production est la chose qui est, de loin, la plus importante» dans cette entente, a affirmé le PDG d'Hydro-Québec en soulignant que «c'est ce qui justifie notre financement dans ce projet».

Pour le Québec, «l’entente garantit l’accès à un minimum 7200 MW pour les 50 prochaines années», a indiqué le président‑directeur général d'Hydro‑Québec.

Un prix de 6 cents

Hydro-Québec estime que le prix de la production des nouveaux projets serait en moyenne de 11 cents le kilowattheure. Mais le prix moyen actualisé pour l'ensemble de l'énergie qui proviendrait du Labrador s'établirait à 6 cents du kWh.

Selon Michael Sabia, le prix de production est «plus bas que toutes les autres options renouvelables en Amérique du Nord» pour de nouveaux projets.

À titre comparatif, selon Hydro-Québec, le prix de la production d'énergie provenant du gaz ou du charbon en Amérique du Nord se situe entre 20 et 26 cents, le prix de l'énergie éolienne et solaire avec batterie au Texas est d'environ 14 cents, alors que le coût moyen de la production d'hydroélectricité au Québec est de 4 cents du kWh.

De 0,2 cent à 4 cents du kWh

Actuellement, Hydro-Québec paie un tarif fixe pour l'électricité produite par Churchill Falls, soit 0,2 cent du kWh. Terre-Neuve reproche depuis longtemps au Québec de payer un tarif trop bas pour cette énergie.

La nouvelle entente prévoit qu’Hydro-Québec paie un coût net moyen de 4 cents du kWh sur la durée du contrat de 50 ans.

Hydro-Québec paierait donc un total de 33,8 milliards $ entre 2024 et 2075 pour l'énergie provenant de Terre-Neuve-et-Labrador.

Dans le détail, Hydro-Québec débourserait un cent le kilowattheure pour l’électricité produite dans cette province en 2025. Ensuite, de 2025 à  2041, la société d'État paierait 2 cents alors qu'entre 2041 et 2075, le prix serait de 7 cents par kilowattheure.

L'entente aurait un impact financier de 500 millions $ par année pour la société d'État.

Cet impact serait partagé entre le bénéfice net d'Hydro-Québec et les tarifs qui seraient revus à la hausse.

Malgré une possible hausse des tarifs, Hydro-Québec assure que le plafond tarifaire de 3 % sur le résidentiel pourrait être maintenu   jusqu'en 2035.

«On pourrait aussi limiter la hausse des tarifs commerciaux et industriels entre 4 et 5 %», a précisé M. Sabia.

L'énergie produite à Terre-Neuve-et-Labrador représenterait 15 % de l'électricité consommée au Québec à l'horizon de 2035.

Différents scénarios concernant le transport

L’énergie provenant de Churchill Falls ne nécessiterait pas de nouvelles lignes de transport pour se rendre au Québec, selon M. Sabia.

Toutefois, en ce qui concerne la centrale au fil de l’eau, «nous réfléchissions à développer de nouvelles lignes, d’environ 200 km, pour connecter Gull Island à la Romaine».

Mais pour ce faire, Hydro-Québec devrait s’entendre avec les communautés autochtones de la région.

Une autre possibilité serait de «connecter Gull Island et Churchill», a indiqué Michael Sabia, en précisant que cette option nécessiterait d’ajouter des lignes de transport. 

L’ajout de telles lignes est estimé entre 2 et 3 milliards $.

L'entente prévoit qu'Hydro-Québec sera responsable et propriétaire des lignes de transport au Québec et Newfoundland and Labrador Hydro sera responsable des lignes dans sa juridiction.

Assurer la sécurité énergétique

Pour le PDG d'Hydro-Québec, les objectifs de ces trois nouveaux projets sont les mêmes que le «Plan d’action 2035» présenté par la société d'État il y a un an: décarboner la province, contribuer à la richesse collective et assurer la sécurité énergétique des prochaines générations.

«C’est un avantage pour le Québec d’avoir plus de certitude sur sa sécurité énergétique. Nous avons négocié cette entente avec prudence et rigueur. Pour 50 ans, nous sommes assurés d’un montage financier réaliste qui garantit l’abordabilité de l’électricité et la rentabilité d’Hydro-Québec», a indiqué Michael Sabia.

Avec cette entente, «les Québécois gagnent, l'environnement gagne, l'économie gagne et les générations futures gagnent», selon le PDG d'Hydro-Québec.

Les prochaines étapes seront de finaliser l’entente avec Terre-Neuve-et-Labrador, acquérir les différentes autorisations provinciales et fédérales et s’assurer de la collaboration des Premières Nations, a expliqué M. Sabia.

En conférence de presse, celui-ci s’est fait demander si le Québec pourrait riposter aux possibles tarifs douaniers du futur président américain Donald Trump, en suspendant des exportations d’énergie aux États-Unis.

Le PDG d’Hydro-Québec a répondu que la province avait des contrats avec New York et le Massachusetts et qu’elle avait l’intention de les respecter.

«Dans un scénario où les choses changeraient radicalement aux États-Unis, nous, avec le gouvernent, devrons réfléchir à ces contrats», mais «ce n’est pas notre intention de changer quoi que ce soit», a-t-il répondu en anglais.

/ La Presse canadienne