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International

Droits de douanes américains: craintes pour certains secteurs et l'emploi en Asie

«Il est dangereux pour tout le monde que le pays le plus puissant du monde retourne à l'isolationnisme.»

Un camion-conteneur passe devant le terminal à conteneurs international de Jakarta, au port maritime de Tanjung Priok, à Jakarta, en Indonésie, le jeudi 3 avril 2025.
Un camion-conteneur passe devant le terminal à conteneurs international de Jakarta, au port maritime de Tanjung Priok, à Jakarta, en Indonésie, le jeudi 3 avril 2025.

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Agence France-Presse
Agence France-Presse

Partout en Asie, ouvriers, dirigeants d'entreprise, et analystes ont exprimé jeudi leurs inquiétudes face à la hausse des droits de douane décidée la veille par Donald Trump, redoutant ses conséquences néfastes pour plusieurs secteurs clefs de l'industrie et pour l'emploi.

Le président des États-Unis a lancé une offensive protectionniste en imposant des taxes considérables sur les importations aux États-Unis. Elles s'ajoutent à celles déjà en vigueur, notamment en Asie où certains pays comme la Chine, le Vietnam ou encore le Bangladesh sont particulièrement visés. 

Les droits de douane américains sur les importations chinoises depuis le début de l'année (54% au total avec les 34% ajoutés mercredi) «pourraient effacer complètement l'effet des mesures de relance budgétaire annoncées jusqu'à présent» par Pékin, a déclaré à l'AFP Frederic Neumann, économiste en chef pour l'Asie chez HSBC. 

Erik Hon, 45 ans, directeur d'une société de technologie financière à Singapour, redoute que les droits de douane amplifie l'inflation mondiale. 

 

«Il est dangereux pour tout le monde que le pays le plus puissant du monde retourne à l'isolationnisme et tente de dompter une Chine qui va inévitablement prendre sa place de leader mondial», a-t-il ajouté. 

Au Vietnam, Cao Thi Dieu, 38 ans, craint de voir disparaître l'emploi qu'elle occupe depuis 20 ans, dans une usine à Ho Chi Minh-Ville qui fabrique des chaussures pour des marques occidentales telles que Nike et Adidas. 

«Je ne peux plus bien manger ou dormir. Comment vais-je faire si je perds mon emploi ? Comment vais-je continuer à gagner de l'argent chaque mois pour assurer l'éducation de mes deux enfants ? Je veux rester dans la fabrication de chaussures parce que je ne sais pas faire autre chose"» s'inquiète-t-elle.

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Le pays a été particulièrement frappé, l'annonce des droits de douane s'élevant à 46 % ayant entrainé une chute des actions de plus de 7 % à Hanoï jeudi.

Alicia Garcia-Herrero, économiste en chef pour l'Asie-Pacifique chez le gestionnaire d'investissements Natixis à Hong Kong, a averti que les droits de douane pourraient se retourner contre les Etats-Unis qui pourraient devenir «les plus grands perdants». 

«Tout le monde est taxé et personne ne peut échapper à l'inflation», a-t-elle ajouté.

«Rétropédalage»

Chrissy Chan, 48 ans, chef d'entreprise en Malaisie, s'inquiète du coût croissant de ses voyages aux États-Unis pour rendre visite à sa famille. 

Pour elle, les tarifs douaniers «n'ont pas de sens (...). Je ne serais pas surprise si l'administration Trump faisait un nouveau rétropédalage». 

Chin Chee Seong, président de l'Association des petites et moyennes entreprises de Malaisie, est plus optimiste. Il espère qu'une hausse des droits de douane d'autres pays pourrait donner aux entreprises malaisiennes un avantage concurrentiel.

Toutefois, «nous importons beaucoup de produits informatiques des États-Unis», a-t-il admis auprès de l'AFP.

«Si nous imposons des droits de douane réciproques, l'utilisateur final paiera plus cher. Nous en souffrirons. Cela fonctionne dans les deux sens.»

Taïwan, qui espérait limiter les sanctions en promettant d'augmenter les investissements aux États-Unis, d'acheter davantage d'énergie américaine et d'accroître les dépenses de défense, n'a finalement pas échappé à une lourde taxe de 32% sur les importations taïwanaises. Si les livraisons de semi-conducteurs, très importantes pour l'île, sont épargnées, Taipei a jugé cette nouvelle mesure «injuste».

Une hausse «surprise» pour Jason Hsu, chercheur à l'institut Hudson  et ancien élu à Taïwan du parti d'opposition Kuomintang, qui juge que le «gouvernement a été pris au dépourvu». 

«Je pense que le gouvernement doit réfléchir en profondeur à la manière de traiter avec Trump au cours des quatre prochaines années, avec un état d'esprit complètement nouveau», a-t-il conclu. 

Andrew Kam Jia Yi, professeur associé à l'université nationale de Malaisie, s'attend à ce que Taïwan fasse pression pour obtenir davantage d'exemptions. M. Trump «vous présente le pire des scénarios, puis vous assène un accord que vous ne souhaitez peut-être pas, mais qui semble plus raisonnable que la menace initiale», a-t-il déclaré.

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Agence France-Presse
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