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Des centaines de manifestants à travers la province ont exprimé dimanche leur indignation à la suite de renversement de la décision Roe contre Wade de la Cour suprême des États-Unis, invalidant le droit à l'avortement.
Des centaines de manifestants à travers la province ont exprimé dimanche leur indignation à la suite de renversement de la décision Roe contre Wade de la Cour suprême des États-Unis, invalidant le droit à l'avortement.
Malgré la chaleur accablante, de nombreuses personnes étaient devant le Palais de Justice, à Montréal, brandissant des pancartes avec des inscriptions telles que «Mon corps, mon choix final bâton» ou «Autonomie pour tous».
Une manifestante s'était déguisée en un personnage de la série «La Servante écarlate» et portait une pancarte où on pouvait lire «ce n'est plus de la fiction».
La Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN) a organisé la manifestation de dimanche avec d'autres partenaires. Leurs objectifs sont de montrer leur appui envers les femmes aux États-Unis et de dénoncer la montée du mouvement anti-avortement au Québec.
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«C'est un message de solidarité avec les femmes et les personnes américaines qui seront désormais obligées de porter des actions contre les grossesses non désirées, mais c'est aussi un message de solidarité avec les Québécoises qui sont pro-choix de se retrouver ensemble et de se mobiliser contre le mouvement culturel anti-choix», indique la co-coordonnatrice de la FQPN et responsable du dossier avortement, Jess Legault.
La députée de Québec solidaire (QS), Manon Massé, était sur place au Palais de Justice de Montréal pour montrer son appui au mouvement pro-choix. «Ces dictateurs de nos corps doivent comprendre qu'ils n'ont absolument aucune légitimité pour faire cela. Cette bataille aux États-Unis est un pas de recul, et il faut veiller, il faut être là et ouvrir l'oeil, parce que le droit des femmes, c'est toujours fragile», a dit Mme Massé.
La députée était ravie de voir la mobilisation de femmes et des diversités de genre, mais elle a aussi souligné qu'il est important que les hommes soient à leurs côtés pour dire qu'il reconnaisse ce droit.
Mme Massé souhaite envoyer un message solidaire aux personnes lésées par la situation aux États-Unis. «On doit tendre la main à nos s?urs américaines et leur dire: vous êtes la bienvenue au Québec. On veut qu'elles entendent notre solidarité», souligne la politicienne.
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Elle estime que les droits des femmes et des minorités sont constamment en danger. «Avec Roe c. Wade, ce n'est pas juste le droit des femmes qui va «manger la claque'', c'est aussi le droit des minorités sexuelles, c'est aussi le droit à la contraception. Je ne dirais pas qu'on est menacé, mais le danger est toujours sous-jacent», a affirmé Manon Massé.
Des manifestantes présentes craignent aussi que la décision de la Cour suprême aux États-Unis ait des répercussions de notre côté de la frontière. «Je suis enragée, indignée et je ne veux pas que le Canada ou le Québec recule. Ce sont 50 ans de recul», a dit Monique Lauzière, qui était présente à la manifestation de Montréal.
Josée Desrosiers, qui faisait partie de la foule, abonde dans le même sens. «Est-ce qu'il en existe des lois pour contrôler le corps des hommes? Non, il n'y en a pas», s'indigne-t-elle.
Elle estime que depuis l'élection de Donald Trump, aux États-Unis, ça augurait mal pour le droit des femmes. «Maintenant, il a laissé sa trace», dit-elle.
Mme Desrosiers s'inquiète aussi pour le droit des gays, la contraception, les mariages interraciaux et le droit des femmes. «S'il y a quelque chose d'établi, et qu'ils sont capables de reculer comme ça, qu'est-ce qui protège des autres choses qui sont acquises», soulève Mme Lauzière.
L'accès aux soins en avortement est inégal à travers la province. «C'est sûr que notre situation au Québec est beaucoup plus avancée qu'aux États-Unis, admet Mme Legault, par contre il y a trois régions qui ont un seul centre de service en avortement et certains points ont seulement une journée de service par semaine. Donc, il y a des femmes et des personnes qui doivent attendre jusqu'à quatre semaines pour un avortement.»
Manon Massé affirme qu'il faut «améliorer les choses» en offrant plus de service sur l'ensemble du territoire, et qu'inévitablement, cela passe par des investissements.
L'on doit aussi bonifier le service des interruptions du troisième trimestre, dit-elle, «car on allait encore occasionnellement aux États-Unis pour les femmes qui étaient au troisième trimestre.»
Par ailleurs, l'accès à la pilule abortive est limité par des restrictions du Collège des médecins du Québec (CMQ). «Le Collège des médecins doit «lâcher du lousse'', c'est notre vie, notre corps, et dans ce sens, j'invite le gouvernement du Québec à brasser la cage», soutient Mme Massé.
Jess Legault soutient que les limitations pour l'avortement par médicament sont «non fondées sur la science». Elle explique que les restrictions ont été mises en place en 2015 par Santé Canada, mais elles ont été enlevées par toutes les autres provinces en 2019 «avec les nouvelles données probantes qui ont montré que l'avortement par médicament est sécuritaire.»
De plus, elle mentionne que dans les autres provinces l'accès est simplifié puisque des sages-femmes et des médecins de famille peuvent prescrire la pilule abortive.
D'autre part, Mme Legault croit qu'avec le droit à l'avortement brimé aux États-Unis, les groupes anti-choix voudront prendre de l'ampleur.
Au Québec, les femmes et personnes faisant face à une grossesse non planifiée ont accès à trois ressources pro-choix pour les accompagner dans leur prise de décision alors qu'il y a une vingtaine de centres anti-choix. Elle affirme que ces centres partagent de fausses informations et que cela est un «réel danger» pour les femmes.