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Selon un nouveau rapport du Laboratoire pour la progression des femmes+ dans le sport au Québec (Lab PROFEMS), seulement le quart des postes de gestionnaires, d'arbitres ou d'entraîneurs au sein des fédérations sportives sont occupés par des femmes.
À la fin du mois de janvier, une foule record de 8646 spectateurs s’est déplacée pour regarder un match de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) à la Place Bell. Si la nouvelle équipe montréalaise contribue à faire rayonner les femmes en sport, les postes de leadership demeurent toutefois majoritairement masculins dans les fédérations sportives.
Selon un nouveau rapport du Laboratoire pour la progression des femmes+ dans le sport au Québec (Lab PROFEMS), seulement le quart des postes de gestionnaires, d'arbitres ou d'entraîneurs au sein des fédérations sportives sont occupés par des femmes. Et la tendance refuse de bouger.
«C'est le pire. Ça fait très longtemps qu'on travaille sur ça et on ne réussit pas à briser le 25%», souligne Guylaine Demers, professeure à l’Université Laval et directrice du Lab PROFEMS.
Parmi 57 fédérations sportives du Québec de 2019 à 2022 étudiées dans le rapport, 72% d’entre elles ont davantage d’entraîneurs masculins. Du côté des officiels, 64% ont davantage d’hommes au sein de leur rang.
«Ce qui signifie qu’il existe une répartition des postes teintée par des assignations genrées traditionnelles, où les hommes se voient attribuer en plus grande proportion des postes de leadership», peut-on lire.
Beaucoup de mythes nuisent à celles qui aspirent être recrutées pour ces postes.
Guylaine Demers souligne que les femmes ont souvent un style de leadership différent de celui des hommes, ce qui peut être perçu comme une faiblesse.
Les femmes qui n'adoptent pas les comportements «autoritaires, directifs, autocratiques» souvent associés au «bon leadership» peuvent être perçues comme n'ayant «pas ce qu'il faut», explique Mme Demers. Pourtant, ce n'est pas parce que ce style de gestion est différent qu'il est mauvais, rappelle-t-elle.
Aux yeux de Sylvie Béliveau, directrice de l’organisme Équité des genres en sport, il peut pourtant être profitable d’avoir une femme comme entraîneur pour une équipe féminine autant que masculine. «Il y a un intérêt pour avoir une façon différente, diversifiée, de voir les choses», souligne-t-elle.
D’autres préjugés, aussi présents dans d’autres domaines professionnels, peuvent aussi nuire aux candidates féminines. Des employeurs peuvent par exemple supposer qu’une femme avec des enfants sera limitée pour la conciliation travail-famille, avance Guylaine Demers.
Il est grand temps que les fédérations deviennent plus proactives pour rectifier le manque de représentation féminines dans leurs rangs, selon Guylaine Demers
«On va afficher le poste, puis c'est tout au masculin. On cherche un entraîneur, on cherche un arbitre, on cherche un président, alors c'est déjà le message qu'on envoie», explique-t-elle.
Cette dernière raconte que les organisations sportives se justifient souvent en disant qu’aucune femme n’a postulé.. «Mais c'est quoi les actions proactives qui ont été faites pour aller recruter?», questionne-t-elle.
Sylvie Béliveau croit elle aussi qu’il est nécessaire d'interpeller plus directement la gent féminine lorsqu’on affiche des postes de leadership. Les femmes «ne pensent pas automatiquement que ce type de poste leur est destiné», croit-elle.
Le sport est très masculin depuis de nombreuses années. «Ça ressemble à quoi le sport? Mais c'est très masculin. Et là aussi, on le voit à la télévision. Qu'est-ce qui vient dans nos yeux? Ça, ça habite nos pensées.», ajoute Mme Béliveau.
Une chose est certaine pour les deux expertes: plus les modèles variés de femmes dans ces postes afflueront, plus il sera facile de se projeter dans ce rôle.
La plus grande avancée a été notée du côté des postes de gestionnaires. Un bon nombre des fédérations étudiées affichent un conseil d’administration presque paritaire, qui équivaut à 40% de femmes et de 60% d’hommes.
«Au niveau des gestionnaires, donc les directions générales, les directions techniques. Là aussi on a dépassé 35 % de femmes, se réjouit Mme Demers. C'est bien parce que c'est là que se prennent les décisions importantes.»
Du côté des emplois permanents salariés des fédérations sportives, les femmes occupent 56% des postes. Ces chiffres sont d’ailleurs qualifiés d’«étonnants» dans le rapport. Dans la distribution de ces postes, on note que 34 % des hommes occupent des postes de directeur et 37 % des postes de coordonnateur.
Chez les femmes, 42 % sont embauchées à ce titre de coordonnatrice. Seulement 15% occupent des postes de directrices.