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Le président Joe Biden a reconnu que ce serait «chaotique pendant un certain temps» à la frontière américano-mexicaine une fois que la mesure de santé publique connue sous le nom de Titre 42 se terminera à minuit.
La fin imminente de l'état d’urgence de santé publique liée à la COVID-19 aux États-Unis avait davantage des allures de crise que de célébration, jeudi, alors que les autorités se préparaient à recevoir un afflux massif de demandeurs d'asile à la frontière américano-mexicaine.
Plus de trois ans après l'arrivée du coronavirus en sol nord-américain, la réglementation spéciale pandémique aux frontières américaines devait être levée à minuit jeudi soir, mettant ainsi fin à un chapitre tragique l'histoire du pays, tout en marquant le début d'une nouvelle ère incertaine.
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Même le président Joe Biden a dû admettre que les choses à la frontière sud seraient «chaotiques pendant un certain temps», alors que la mesure de santé publique connue sous le nom de Titre 42 cédera la place à un nouveau régime rigide visant à atténuer un raz-de-marée de migration.
«Nous sommes une nation d'immigrants et nous sommes une nation de lois», a rappelé jeudi le secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas.
«Ces lois prévoient que si une personne est éligible à l'aide humanitaire, elle peut rester aux États-Unis. Si ce n'est pas le cas, elle doit être expulsée — et c'est exactement ce qui va se passer», a-t-il prévenu.
Avant le Titre 42, imposé en mars 2020 par l'administration du président Donald Trump, les migrants sans statut légal détenus aux États-Unis pouvaient demander l'asile et étaient souvent autorisés à rester dans le pays en attendant le résultat d'une audience d'immigration.
Depuis lors, cependant, les migrants ont été refoulés sans possibilité de faire une demande d'asile. La crainte était que leur permettre de rester en sol américain aurait pu favoriser la propagation de la COVID-19.
Avec l'expiration du Titre 42, l'administration Biden impose de nouvelles règles strictes qui, selon elle, dissuaderont les personnes qui cherchent à entrer illégalement dans le pays, tout en créant de nouvelles «voies légales» pour celles qui ont des motifs légitimes de demander l’asile.
Tout le long du côté mexicain du Rio Grande, des dizaines de milliers de demandeurs d'asile potentiels se sont massés pendant des semaines dans des endroits comme Ciudad Juárez, Tijuana et Reynosa. Certains d’entre eux ont aussi pris les choses en main en tentant de se glisser illégalement aux États-Unis.
«Les personnes qui traversent notre frontière illégalement et sans base légale pour rester seront rapidement expulsées», a toutefois averti M. Mayorkas.
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Elles seront également présumées inéligibles à l'asile, feront face à une interdiction de réadmission d'au moins cinq ans et, finalement, à des poursuites pénales si elles sont arrêtées une deuxième fois, a-t-il ajouté.
«Les passeurs travaillent dur depuis longtemps pour diffuser de fausses informations selon lesquelles la frontière sera ouverte» après l’expiration du Titre 42, a souligné M. Mayorkas.
«Mais sachez ceci: ce qui est important pour les passeurs, c’est l’argent, pas les gens. Ne risquez pas votre vie et vos économies, seulement pour être expulsé des États-Unis si et quand vous arriverez ici.»
La sécurité intérieure, le Pentagone, les douanes et la protection des frontières des États-Unis ont «déployé du personnel» supplémentaire à la frontière sud pour faire face à l'afflux, a-t-il ajouté, y compris plus de 24 000 agents de la patrouille frontalière américaine, ainsi que des milliers de soldats, entrepreneurs, agents d'asile et juges d'immigration.
Le portrait qui se dessine près de la frontière avec le Mexique est bien loin de la scène à la frontière canado-américaine, où la fin de l'urgence de santé publique signifie majoritairement que les agents frontaliers ne demanderont plus aux voyageurs de montrer une preuve de leur statut de vaccination contre la COVID-19.
Mais là aussi, il y a plus d'appréhension que de réjouissance.
C’est que les agents supplémentaires affectés à la frontière sud doivent bien venir de quelque part. Et souvent, ce quelque part, c’est la frontière canado-américaine, a rappelé le représentant new-yorkais Brian Higgins.
Chaque fois que la situation à la frontière américano-mexicaine l'exige, «il y a un mouvement obligatoire d'agents des douanes et de la protection des frontières de la frontière nord vers la frontière sud», a-t-il expliqué.
«C’est un problème, non seulement parce que cela retire des ressources de la frontière nord, mais aussi, pour beaucoup d’agents des services frontaliers, ce n’est pas toujours simple d’aller travailler aussi loin.»
M. Higgins craint notamment que si cette tendance se poursuit, le manque chronique de personnel aux postes frontaliers terrestres pourrait entraîner des retards au point où des voyageurs choisiront de voyager par avion plutôt qu’en voiture.
«Selon ce que j’entends, il y a beaucoup de cabines d'inspection qui ne sont pas occupées aux postes frontaliers», a-t-il indiqué.
Au Canada, l'Agence des services frontaliers n'a pas souhaité commenter la fin du Titre 42, si ce n'est pour indiquer que les deux pays «travaillent en partenariat pour relever le défi commun de la migration irrégulière, de l'exploitation des migrants et des déplacements forcés dans les Amériques».
De son côté, M. Mayorkas a reconnu jeudi que son département avait besoin de plus de ressources et d'un système d'immigration plus fonctionnel, rejetant la responsabilité sur les élus du Congrès.
«Nous travaillons dans les limites d'un système d'immigration qui est fondamentalement défectueux, et nous fonctionnons également avec des ressources bien inférieures à celles dont nous avons besoin et que nous avons demandées», a-t-il dit.