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«Arrêtons de dire aux jeunes qu'ils vont sauver la planète. Faisons-le ensemble collectivement.»
Entendez-vous parfois que le sort de notre planète est entre les mains de nos jeunes? Rien n’est plus faux, selon des chercheurs.
Réchauffement de la planète, augmentation des catastrophes naturelles et pollution.... toutes les populations, peu importe l'âge, sont touchées par les changements climatiques. Autant les jeunes que les aînés doivent mettre la main à la pâte. En travaillant «ensemble», ils pourraient faire une différence et sauver la planète avec de petits gestes, soutiennent des conférencières du 91e congrès de l’Association francophone pour le savoir (Acfas).
Cela passe par la formation des adultes avant celle des plus jeunes, constate toutefois la conseillère à la transition socio-écologique au Lab22, Claudine Auger-St-Onge. C’est là l'un des objectifs du Pacte de l’école québécoise qui a vu le jour en 2019 grâce à l’initiative de ce laboratoire d’innovations sociales et environnementales basé à Montréal.
Le document invite les directions d’établissements scolaires à prendre des mesures concrètes pour limiter leur empreinte carbone.
«On ne peut pas demander aux jeunes d'être parfaitement écoresponsables si les adultes autour d'eux ne le sont pas aussi», a expliqué Mme Auger-St-Onge, en précisant que les adultes doivent montrer l’exemple.
Pendant trois ans, les écoles doivent mettre en place, entre autres, des formations en lien avec l'environnement pour les enseignants, des expériences de plein air pour les élèves, des activités de plantation pour verdir les cours d'école.
«Pour commencer à valoriser la planète, il faut commencer par l'aimer.»
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Même si ce n’est qu’une pièce du puzzle, les jeunes ne peuvent changer leurs comportements qu’en ayant reçu une certaine éducation. Cela doit passer par l’école et par la maison, selon des chercheuses présentes au congrès de l'Acfas à l'Université d'Ottawa en mai 2024.
«Les jeunes sont inquiets par rapport à l'avenir de la planète», a rapporté la chercheuse postdoctorante au Centre de recherche sur le vieillissement et à l'Université de Sherbrooke, Stéphanie Meynet. «Il y a une vraie volonté d'avoir plus de connaissances, de savoir démêler aussi le vrai du faux dans ce qu'on entend et de pouvoir se mettre en action d'apprendre de la part des aînés.»
D’ailleurs, même les réseaux sociaux pourraient ouer un rôle positif dans la lutte aux changements climatiques, soutient la campagne Sors de ta bulle de la Fondation Monique-Fitz-Back. Cette campagne diffusée sur les réseaux sociaux permet d'encourager les jeunes à «passer à l'action».
Dans le discours populaire, la société remet parfois la faute des changements climatiques sur les générations plus vieilles et les générations plus jeunes ont plus de pression sociale. C’est ce que déplorent les chercheuses de l'Acfas.
Depuis plusieurs années, les sociétés sont confrontées à un autre problème que les changements climatiques: celui du vieillissement de la population. En effet, les Canadiens (et surtout les Québécois) vieillissent de plus en plus vite et l'âge moyen de la population canadienne a diminué légèrement du 1er juillet 2022 au 1er juillet 2023, du jamais vu depuis 1958. D'où l'importance d'éduquer autant les jeunes que les aînés.
Selon la conseillère à la transition socioécologique au Lab22 Claudine Auger-St-Onge, les adultes se «déresponsabilisent» en mettant le fardeau sur «les épaules des prochaines générations qui finalement ne sont pas responsables de ce qui se passe en ce moment».
«Avant de pouvoir impliquer des aînés ou des jeunes, il faut leur donner les connaissances aux changements climatiques et le pouvoir d’agir.»
En 2023, un sondage Léger a révélé que les jeunes Québécois se montrent significativement plus préoccupés que ceux des autres provinces canadiennes par rapport aux enjeux climatiques, allant même jusqu'à remettre en question leur décision d’avoir des enfants.
Cette écoanxiété peut s’exprimer sous diverses formes, que ce soit sur le plan psychologique, physiologique ou cognitif.
«Arrêtons de dire aux jeunes qu'ils vont sauver la planète. Faisons-le ensemble collectivement», a lancé Mme Auger-St-Onge.
Avec le vieillissement de la population, il faut trouver un moyen de «travailler ensemble». Une avenue sera possible avec le programme Retraités au Service de l’Environnement (RISE) – qui a vu le jour aux États-Unis et que souhaite implanter la chercheuse Stéphanie Meynet dans la province québécoise. «C’est une intervention intergénérationnelle qui s’adressera autant qu’aux aînés qu’aux jeunes», a-t-elle précisé en ajoutant que le projet de recherche est en attente de financement.
Constitué en trois phases, le programme vise à former et sensibiliser les participants aux enjeux environnementaux en passant par des ateliers de formation et par la planification de projets communautaires (bénévolat). Selon Mme Meynet, la mise en place de ce programme «complet» serait une première au Québec car on y retrouve de la formation et de l'action.
«Ceci pour but de former de véritables leaders environnementaux et de donner le pouvoir d'agir à deux générations qu’on n'écoute pas assez», Meynet, qui travaille sur un manuel d’utilisation destiné aux organismes.
«En incitant les jeunes et les aînés, chacun aura sa place en fonction de ses motivations, de ses capacités et de son expérience. Ensemble, il y a vraiment moyen de faire de belles choses.»
Avec le programme RISE, plusieurs projets ont vu le jour aux États-Unis, dont des jardins communautaires, des mouvements climatiques, des activités de triage de déchets et de sensibilisation au recyclage. Mme Meynet souhaite que cela se fasse de même au Québec, en collaborant d’abord avec la Maison des Grands-Parents de Sherbrooke, qui travaille avec quatre écoles primaires, ainsi qu’avec le Cégep de Drummondville.
«Le meilleur moyen de lutter contre l’âgisme est de mettre en place des activités intergénérationnelles», a-t-elle dit, en soulignant que d’autres municipalités et écoles l’ont déjà contactée.
En plus de sensibiliser ces deux paliers de la population, ce programme permettrait d'aider les villes à développer et utiliser l'approche citoyenne intergénérationnelle pour lutter contre les changements climatiques, défend la chercheuse de l'Université de Sherbrooke. «Car les aînés sont des personnes disponibles», a-t-elle rappelé.
Avec des informations de La Presse canadienne