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«Barbenheimer», c’est le nom qu’Internet a trouvé pour nommer la sortie simultanée de deux blockbusters diamétralement opposés dans leurs thèmes, soit Barbie et Oppenheimer.
J’aime l’été. Pas seulement parce que c’est ma saison préférée, mais aussi parce que c’est le moment de l’année où les geeks de cinéma en ont le plus pour leur argent.
On vient à peine de sortir du buzz autour du dernier opus d’Indiana Jones (bon, là Harrison Ford devrait enfin accrocher son chapeau et son fouet pour de bon!) que déjà, le box-office se prépare pour des semaines d’une intensité sans précédent en salle. J’ai nommé ici «Barbenheimer.»
Barbenheimer, c’est le nom qu’Internet a trouvé pour nommer la sortie simultanée de deux blockbusters diamétralement opposés dans leurs thèmes, soit Barbie, qui met en vedette Margot Robbie et Ryan Gosling, et Oppenheimer, avec Cillian Murphy dans le rôle titre et d’autres poids lourds comme Robert Downey Jr. dans la distribution.
Vous avez bien compris: ce week-end, vous avez le choix entre embarquer dans la voiture rose de Barbie ou dans le sombre processus de l’invention de la bombe atomique. En 30 ans, un analyste réputé du box office souligne qu’il n’a jamais vu deux géants de cette taille faire le choix de s’affronter le même jour.
«Barbenheimer» me fait sourire. Est-ce que ce n’est pas là le symbole parfait de notre époque? Dans le coin gauche, une vision du monde rose bonbon, tout sourire, parfaite comme la famille Kardashian ou un reel de voyage en Italie sur Instagram, et dans le coin droit, un air de fin du monde, les êtres humains qui se prennent pour Dieu en fabriquant une arme de destruction massive… ou en n’agissant pas pour protéger la planète qui les fait vivre. Il fallait être sur les Plaines d’Abraham lundi soir pendant Plus rien des Cowboys Fringants pour le sentir, cet air de fin du monde.
C’est vrai qu’en passant beaucoup de temps sur les médias sociaux, c’est séduisant d’adhérer à cette vision un peu binaire du monde. Instagram nous montre le beau, Twitter le laid, de plus en plus. Et comme l’art est le reflet de son temps, il nous le projette au grand écran.
Mais j’avais le goût de vérifier si mon intuition était dans le champ. Jean-Michel Berthiaume est spécialiste de la culture populaire et chargé de cours à l’UQAM. «Je pense qu'il y a eu un moment très important post 9/11 où la culture populaire servait d'échappatoire très important pour le monde et pour faire un maximum de bien, explique-t-il. Mais là, on est sans contredit dans le plus pessimiste des climats.»
En fait, Jean-Michel est encore plus pessimiste que moi: pour lui, Barbie est un film de fin du monde tout autant qu’Oppenheimer… juste une fin du monde différente.
«Le film est supposé être un délire de rose et de sourires, mais il se permet des lignes comme: “Do you guys ever think about dying?” ("Est-ce que vous pensez parfois à la mort, les amis?" [traduction libre]) Au fond, les deux films parlent un peu de catastrophes humaines, Oppenheimer de manière un peu plus évidente car on parle de la bombe mais, Barbie, avec son idéal de conformité et de surconsommation, n’est pas vraiment moins pessimiste, parce qu'on voit bien que c'est aussi en train de nous conduire droit dans un mur (mais au moins, on est dans une Corvette rose).»
D’ici là, on pourra toujours manger du popcorn cher en attendant la catastrophe. Bon cinéma.