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«Avec les routes d'exportations bloquées en Ukraine, Vladimir Poutine empire la crise alimentaire».
Le Canada fera part des préoccupations des plus petits pays du Commonwealth aux dirigeants du G7 en Allemagne dimanche, en particulier la menace croissante de la famine, a indiqué la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.
Le premier ministre Justin Trudeau et Mme Joly sont à Kigali, la capitale du Rwanda, depuis mercredi pour la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth, où les discussions ont surtout porté sur les préoccupations des nations qui souffrent d'une pénurie alimentaire.
En conférence de presse samedi, M. Trudeau a pointé du doigt la Russie, la blâmant d'exacerber la crise alimentaire.
«À plusieurs endroits dans le monde, on est en train de vivre de l'insécurité alimentaire. Avec les routes d'exportations bloquées en Ukraine ou la hausse du prix des engrais causée par la guerre, Vladimir Poutine empire la crise alimentaire», a dénoncé le premier ministre.
M. Trudeau a assuré que le Canada aiderait les pays les plus affectés, notamment avec l'investissement de 250 M$ supplémentaire annoncé jeudi pour soutenir les principales organisations humanitaires en alimentation.
Nouvelles de la #RCGC2022 : après mes séances de travail et mes rencontres avec des dirigeants, on annonce de l’aide pour améliorer la vie des gens dans le monde. On offre notamment des fonds pour l’éducation et des bourses d’études pour donner plus d’opportunités aux gens.
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) June 25, 2022
«On a eu la chance d'expliquer cette situation, de démontrer que c'est causé par la Russie, mais aussi que le Canada est là pour aider», a-t-il dit. M. Trudeau a indiqué que des compagnies de transport de grain canadiennes sont présentes afin d'aider à acheminer des grains vers les pays dans le besoin.
Le premier ministre a aussi critiqué la désinformation et la mésinformation de la Russie, notamment la fausse information selon laquelle la crise alimentaire serait causée par des sanctions des pays occidentaux sur la Russie. «J'ai été très clair, il n'y a pas de sanction sur la nourriture», a affirmé M. Trudeau.
Il a détaillé que la crise est due aux attaques directes de la Russie, «y compris il y a quelques jours, avec des missiles sur des entrepôts de grain, et avec leurs blocages du port d'Odessa et autres ports qui empêchent des millions de tonnes de grain de maïs et de blé de sortir de l'Ukraine vers les pays qui en ont besoin au Moyen-Orient et en Afrique.»
Selon Mélanie Joly, la Russie ciblait les ports ukrainiens et les silos à céréales, empêchant le grain d'atteindre les pays qui en ont besoin. «Ce qui est clair pour nous, c'est que la Russie fait des ravages dans de nombreux pays à travers le monde et met 50 millions de vies en danger», a déclaré la ministre Joly vendredi soir au Rwanda.
La ministre Joly a affirmé que le Canada est en `mode écoute' au sein du Commonwealth, où les dirigeants de petits pays peuvent s'exprimer sans la présence dominante des États-Unis, de la Russie et de la Chine.
Le premier ministre a annoncé samedi un nouvel investissement de 250 M$ consacré à l'avancement de dossiers cruciaux, tels que la santé mondiale, l'égalité des sexes ainsi que la santé sexuelle et reproductive.
Trente millions de dollars seront notamment investis dans différentes initiatives pour partager des informations et promouvoir des solutions pour contrer la crise climatique. Cela servira aussi pour des projets qui supportent la paix et la sécurité du continent africain.
Lors de la conférence de presse de samedi, M. Trudeau a également abordé la question de la transition énergétique. Il a dit qu'il avait hâte de poursuivre des discussions, au cours des prochains jours, avec l'Allemagne et d'autres partenaires européens, sur les besoins énergétiques à court terme, mais aussi la transformation des énergies plus propres, «qui doit être accélérée en raison des actions de la Russie».
«Beaucoup de l'infrastructure qu'on pourrait bâtir pour le gaz naturel va aussi servir pour l'hydrogène. Tous les investissements qu'on est en train de faire doivent servir pour cette transition vers moins de dépendance sur les carburants fossiles dans les années à venir», a déclaré M. Trudeau. Il a ajouté que la réunion du G7 de dimanche servira notamment à trouver des pistes de solutions.
M. Trudeau a aussi profité de son allocution pour dénoncer la situation sur l'avortement aux États-Unis. Il a fait savoir qu'un montant de 120 M$ qui sera consacré à 11 initiatives qui appuient l'égalité des sexes des pays du Commonwealth. Cela comprend une fondation pour la santé sexuelle et les droits de reproduction au Nigeria ainsi que des projets de recherches pour améliorer le système de santé.
«Avec les droits des femmes attaqués à plusieurs endroits à travers le monde, nous devons et nous allons continuer à investir dans plus d'accès à des services de santé sexuelle et reproductive sûrs pour les femmes du monde entier», a déclaré M. Trudeau.
Par ailleurs, 94 M$ seront dédiés en financement pour l'éducation, dont 80 M$ pour le Programme canadien de bourses d'études pour le développement international 2030.
Justin Trudeau a rappelé qu'il allait convertir le bureau du Canada au Rwanda en un haut-commissariat, ce qui va augmenter la capacité des services diplomatiques. De plus, un accord a été signé sur le transport aérien Canada-Rwanda, afin que les deux pays soient mieux connectés.
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Le premier ministre Justin Trudeau a tenté de rencontrer le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, pendant le sommet du Commonwealth, mais la rencontre a été reportée à plusieurs reprises et finalement annulée.
Peu après l'arrivée de M. Trudeau au Rwanda, le gouvernement a annoncé que le Canada nommerait un nouvel ambassadeur auprès de l'Union africaine, qui a souffert des pénuries alimentaires infligées sur le continent à la suite de la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
Le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, et le président russe, Vladimir Poutine, ont rencontré des représentants de l'Union africaine, la Russie blâmant les sanctions contre son pays pour l'interruption du transport du grain.
Pour sa part, Justin Trudeau se rendra samedi soir dans les Alpes bavaroises en Allemagne pour le sommet du G7, où le conflit avec l'Ukraine sera une priorité.
La ministre canadienne des Affaires étrangères a dit s'être entretenue avec ses homologues du G7 vendredi et s'attend à ce que la famine et le passage sécuritaire des réfugiés ukrainiens soient les principaux sujets de discussion.
Le premier ministre Trudeau a promis aussi de mettre au centre de ses rencontres internationales les préoccupations de jeunes leaders qui ont pris la parole lors d'un événement de dialogue samedi. Ils ont parlé des effets dévastateurs du changement climatique, en particulier autour des nations insulaires éloignées où les infrastructures ne peuvent pas résister aux catastrophes naturelles et où les efforts de reconstruction prennent des années.