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Prenons quelques instants vous et moi et parlons de quelque chose d’important. Quelque chose qui, sans doute, est probablement passé inaperçu et qui n’a pas un grand impact nécessairement sur votre vie.
Prenons quelques instants vous et moi et parlons de quelque chose d’important. Quelque chose qui, sans doute, est probablement passé inaperçu et qui n’a pas un grand impact nécessairement sur votre vie. Et c’est normal ; ça n’a pas d’impact non plus sur la mienne. Mais dans la vie, on ne peut pas seulement se préoccuper de ce qui a un impact sur nous. Il y a les trucs vraiment importants. Et ne pas s’en préoccuper, ce serait égoïste.
Connaissez-vous Sirius XM? Oui, c’est bien de la radio satellite qu’il s’agit. Et pourquoi diantre vous parlerais-je de radio satellite? Tout simplement parce qu’il y a quelques jours, Sirius XM a décidé de ne plus diffuser la chaîne CBC Radio 3, une antenne de la CBC qui diffusait beaucoup d’artistes canadiens, anglophones et francophones, précisons-le, des artistes indépendants, moins connus, mais malgré tout fort talentueux. La fameuse relève.
La nouvelle a été encaissée difficilement. Et avec raison. Les redevances pour les artistes qui jouent sur les stations Sirius XM sont très élevées, assez pour que certains artistes puissent financer leurs projets et avoir une source de revenus qui leur donnait une certaine liberté. La liberté de pouvoir créer sans devoir trop se soucier d’argent.
Disons qu’à l’ère de musique distribuée en flux numérique par les Spotify de ce monde et payée des peanuts, il est rare aujourd’hui de pouvoir se donner la possibilité de créer librement en ayant une source de revenus assurée. Ça permet à nombre d’artistes de travailler sur leur art et d’atteindre (enfin) un plus grand public. Les redevances de la SOCAN étant presque minimes - risibles même, Sirius XM permettait à ces créateurs de leur ouvrir des portes vers de nouvelles opportunités.
Mais cette nouvelle de Sirius XM qui décide de remplacer CBC Radio 3 par Mixtape : North, une radio rap et RNB spécialement créée par eux et qui joue principalement Drake à tout bout de champ, laisse un fort mauvais goût en bouche. C’est compréhensible. Déjà, les artistes indépendants ont de la misère à trouver leur place sur les ondes des radios commerciales qui vont préférer jouer le même succès en boucle plutôt que de faire de la place aux petits joueurs. Ne me dites pas que vous avez découvert Vanille, une merveilleuse jeune artiste d’ici, sur les ondes de CKOI un bel après-midi. Ensuite, ce n’est pas comme si Drake méritait encore plus d’attention.
Ceux qui méritent plus d’attention, ce sont nos artistes qui veulent tant bien que mal percer dans un milieu très petit et très difficile d’accès. Pour certains de mes amis qui travaillent dans le milieu, Sirius XM, c’était un public à l’international, une possibilité de distribuer leur musique à travers le monde. Ça permettait des revenus et un nouvel auditoire. Ça permettait de se concentrer sur la suite plutôt que d’être à la recherche constante d’argent.
Mais, Sirius XM n’est que la (petite) pointe de l’iceberg.
Sur Facebook, Jacynthe Plamondon-Émond, fondatrice d’Amplitude Distribution et présidente de InTempo, souligne que si Sirius a eu toute l’attention des derniers jours — et avec raison — il y a d’autres choses qui se passent sous notre nez dont on devrait s’offusquer.
C’est fâchant. C’est très fâchant de voir qu’on essaie de se désolidariser de notre culture, de notre musique.
C’est fâchant que Sirius XM ait décidé de ne pas renouveler son contrat avec la CBC et Radio-Canada et de rapatrier sa programmation à l’interne.
C’est fâchant de se rendre compte que notre industrie doit se démerder (excusez mes mots) pour trouver de l’argent et que Oups, une petite erreur fait en sorte qu’il manque des millions.
C’est fâchant que la SOCAN ait des redevances minimes. Que dis-je, microscopiques. Bref, la liste est longue.
Mais la vraie question, c’est qu’en sachant tout ça, on fait quoi maintenant ?
L’industrie a un problème, un vrai. Les solutions manquent. Mais existe-t-il un moyen de veiller aux besoins de notre culture ? Y-a-t-il un moyen de bâtir des ponts, d’investir dans notre industrie, de garder les distributeurs, les gens de l’industrie redevables aux engagements qu’ils ont envers la culture ? Et ça ne se limite pas à la culture francophone, ça s’applique à toute notre culture. C’est un enjeu auquel se frappe toute l’industrie.
Comment pouvons-nous convaincre la CBC, Musicaction, FACTOR, l’ADISQ, Radiostar, la SOCAN et les autres qu’ils doivent penser plus loin, qu’ils se doivent de s’engager plus fortement envers notre musique ?
Ceux qui écopent, ce sont ceux qui veulent bâtir la culture de demain. Les créateurs. Nos créateurs. Ce n’est plus une question de talent aujourd’hui. C’est une question d’argent et de moyens, et si on ne se donne pas les moyens d’imaginer et de travailler notre culture, on se heurte à la voir se diluer. Parce que le véritable enjeu, c’est ça. C’est de ne pas donner la place à la diversité de bonne musique que l’on fait au Canada, et plus précisément au Québec. Et, laissez-moi vous dire, on en fait de la bonne musique, mais on ne la met pas assez de l’avant.
Pendant ce temps-là, Sirius XM est partenaire principal de tous les festivals de musique émergente au Québec, mais au final, il n’y a pas grand-chose qui se fait réellement pour cette culture qui ne demande qu’à vivre et à se faire connaître.
Et surtout, il n’y a pas grand monde pour démontrer un intérêt pour ces enjeux-là. On préfère écouter encore et encore, les mêmes artistes jusqu’à s’ennuyer.
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