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Que sait-on en 2023 du vapotage?
Que sait-on en 2023 du vapotage? Plusieurs faits favorables sont aujourd’hui confirmés par les données scientifiques, alors que certains risques tout aussi indéniables demeurent et qu’il reste encore des zones d’ombres.
En voici un bref tour d’horizon.
Une chose est claire : le vapotage est moins nocif que le tabac, car il n’engendre ni le goudron ni les 7000 autres produits de la combustion, exposant l’utilisateur à moins de substances toxiques. Cela ne signifie pas qu’il est sans danger.
Il expose en effet à des substances nocives, ce qui inclut la nicotine, addictive et qui pourrait avoir des effets néfastes sur le développement cérébral chez les jeunes, et d’autres substances, comme le propylène glycol, la glycérine végétale et les saveurs, qui posent potentiellement des risques pour la santé pulmonaire à plus long terme.
Mais si les rapports sur des lésions pulmonaires graves associées au vapotage ont fait grand bruit, la plupart des cas étaient en réalité liés à des produits de THC, ingrédient psychoactif du cannabis, lorsque mélangé à des additifs nocifs comme la vitamine E.
Pour ce qui est du vapotage comme aide à l’arrêt du tabac, les données sont aussi assez claires : l’approche fonctionne, et même plutôt bien, jusqu’à être deux fois plus efficace que les autres, comme les timbres à la nicotine.
En général, les plus grands fumeurs en bénéficient davantage. Proposer le vapotage à ce fumeur qui n’arrive malheureusement pas à couper autrement la cigarette de ses habitudes de vie est donc encore une bonne idée.
Chez les plus jeunes, les experts américains en prévention en arrivent à la conclusion que les données manquent pour cerner l’effet des cigarettes électroniques chez ces fumeurs précoces.
De nombreuses études ont montré une hausse rapide de l’utilisation des e-cigarettes chez les jeunes, y compris au Québec, suscitant l’inquiétude quant aux risques encourus et surtout le passage possible vers le tabagisme «traditionnel», plusieurs chercheurs soulignant que le vapotage gonfle dans ce groupe le risque de commencer ensuite à fumer.
Du côté de la santé publique, on considère en effet que ce risque d’effet passerelle est significatif, d’où les propositions de retirer les saveurs des e-cig afin d’atténuer leur attrait, en particulier chez les jeunes.
D’autres experts soulignent toutefois que même si la hausse du vapotage chez les jeunes est indéniable, l’usage du tabac diminue d’autant, et n’a jamais été aussi bas que ces dernières années.
Par exemple, selon les données américaines du Centers for Disease Control and Prevention (CDC), si les fumeurs adolescents sont passés de 2,6 à 0,3 million entre 2011 et 2022 (une excellente nouvelle), même si les vapoteurs ont grimpé de 0,2 à 2,2 millions durant la même période. La tendance est aussi retrouvée dans un moindre degré chez les adultes.
Parmi les mesures probablement efficaces pour les éloigner du vapotage figure toute réglementation ciblant le prix, l’accessibilité et l’attractivité, c’est-à-dire les saveurs et l’emballage.
Au Québec, les saveurs seront bientôt interdites dans les produits de vapotage, ce qui pose aussi le risque de voir d’ex-fumeurs retourner vers le tabac. Ce retour du balancier aurait certainement un impact négatif sur la santé des fumeurs adultes, un effet toutefois moins marqué chez les grands fumeurs.
Sauf que la cible principale de ces mesures, ce sont plutôt les jeunes, les études suggérant qu’ils sont en effet plus susceptibles d’essayer et de continuer à utiliser les cigarettes électroniques en raison des saveurs attractives.
Certaines données (faisant débat) montrent toutefois aussi une tendance au retour vers le tabac chez les jeunes suite au bannissement des saveurs dans les produits de vapotage.
Si l’interdiction des saveurs conduit à une baisse du vapotage, l’interdiction pourrait aussi entrainer la croissance d’un marché noir pour les e-liquides aromatisés, avec des produits ne respectant pas les normes de sécurité.
Si le vapotage comporte des avantages pour cesser de fumer et s’avère moins toxique que le tabac, la balance entre les gains avérés pour les fumeurs adultes et les risques chez les jeunes demeure matière à débats.
En attendant, le mieux, c’est tout de même de rester loin de la cigarette, une certitude, et aussi du vapotage… sauf évidemment pour cesser de fumer.
Alain Vadeboncoeur MD