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Pour vrai, je veux bien comprendre, être indulgente et « faire ma part », mais je n’en peux plus de naviguer dans le maudit système de santé pour avoir des soins DE BASE.
Depuis quelques jours, je vois passer les déclarations du ministre Christian Dubé : le service pédiatrique 811 sera disponible partout au Québec sauf que le temps des fêtes sera un enfer dans les urgences et ce qui se passe à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont en rapport au temps supplémentaire n’a pas d’allure. Le ministre semble en avoir plein les bras, mais moins que nous.
Pour vrai, je veux bien comprendre, être indulgente et « faire ma part », mais je n’en peux plus de naviguer dans le maudit système de santé pour avoir des soins DE BASE.
Et là, je veux être claire : je ne jette pas le blâme sur les gens qui travaillent dans ce système. Ils font leur gros possible à longueur de journée et ils sont sûrement plus épuisés que moi devant la lourdeur de la tâche et l’impossibilité, parfois, d’offrir des suivis adéquats.
C’est rendu quasiment impossible d’avoir une consultation dans une clinique parce que son enfant a un virus qui s’apparente à la grippe et que ça dégénère depuis deux semaines.
J’ai la chance d’avoir un médecin de famille, pis la secrétaire médicale essaie de me donner un rendez-vous depuis deux jours, sans succès. Elle m’a confié recevoir plus de 100 appels par jour pour 20 places disponibles en urgence.
Je la sentais vraiment désolée, voire même gênée de me dire ça au téléphone et je suis certaine qu’elle se fait crier dessus souvent par des gens à bout de nerfs de ne jamais avoir de service.
Même histoire pour la pauvre infirmière au bout de la ligne, au 811. Après 2 h 30 d’attente au téléphone, elle a fini par me dire que, selon les critères qu’elle était obligée d’appliquer, ma fille ne se qualifiait pas pour un rendez-vous en urgence. « Madame, je suis désolée, je suis la première à trouver que ça n’a pas d’allure. » Ce sont ses mots.
Je sais que je ne vous apprends rien, mais un moment donné, y as-tu juste moi qui s’en viens un peu au bout du rouleau par rapport à tout ça ? Avec 3 enfants, on dirait que ma vie c’est juste essayer de trouver des places en clinique et de passer ma journée à faire le tour de la ville pour leur faire voir des médecins. Je pense qu’à eux trois, ils manquent trois/quatre jours d’école par semaine, et ce, depuis un mois.
Et, à moins de payer pour le privé, impossible de voir quelqu’un. Pis même là, le privé déborde aussi. Je souligne au passage que ça, c’est quand tu as la possibilité de débourser pour un rendez-vous en clinique privée. Beaucoup de gens ne peuvent même pas l’envisager.
Ça fait qu’il reste l’urgence ? Ne vous demandez pas pourquoi elles craquent, les urgences. Si j’avais un enfant de 3 ans avec les mêmes symptômes que ceux de ma plus vieille, je m’y présenterais volontiers, car je serais très inquiète. Là, on va juste attendre en espérant qu’une place se libère parce qu’elle n’est pas au bord de la mort.
Pis là je ne vous parle pas d’avoir accès à des soins en santé mentale. Un de mes enfants doit avoir une évaluation pour un possible TDA. Impossible. Même si mon médecin de famille a placé une requête dans mon secteur, le service de pédopsychiatrie n’en prend plus.
Il y a seulement DEUX pédopsychiatres qui desservent l’est de l’île de Montréal. DEUX. On doit désormais passer par le guichet d’accès et l’attente s’estime en mois. Comme dans plusieurs mois. Comme dans plus de six. « Pouvez-vous vous payer une évaluation au privé, me demande-t-on ? Avez-vous des assurances ? »
Pas pour rien qu’on apprenait ce matin que des psychiatres quittaient le public ou prenaient carrément une retraite anticipée. Mettez-vous à leur place. Ce n’est pas tellement tentant d’officier au public en ce moment.
Encore une fois, personne n’apprend rien ici. Pis il y a des gens pas mal moins bien amanchés que moi. On le sait que ça va mal, même crissement mal.
Mais je trouve ça quand même aberrant que ce système qui craque de partout fasse en sorte que les gens arriveront encore plus maganés dedans au moment d’être enfin vus par un médecin, un psychologue ou un psychiatre. Ça nous coûte très cher collectivement, tous ces délais, et pas seulement en dollars.
Pour me raconter une histoire ou si vous voulez témoigner de quelque chose qui vous tient à cœur, écrivez-moi un courriel: genevieve.pettersen@bellmedia.ca