Publicité
Début du contenu principal.
Ces conclusions de travaux chamboulent une croyance bien implantée chez les neuroscientifiques.
Un dérèglement du mécanisme de transport du calcium dans le cerveau pourrait être associé à l’autisme et à la déficience intellectuelle, démontrent des travaux effectués à l'Université McGill.
Ces conclusions chamboulent une croyance bien implantée chez les neuroscientifiques et pourraient ouvrir la voie à de nouveaux traitements, assure-t-on.
«Ça change complètement notre compréhension du fonctionnement du cerveau, a dit le professeur Derek Bowie, de l'École des sciences biomédicales de McGill. On a maintenant une sorte de structure, de "framework", pour comprendre comment fonctionne l'autisme.»
Le professeur Bowie et son équipe ont constaté, contrairement à ce que l'on croyait, que des structures cérébrales connues sous le nom de récepteurs AMPA peuvent transporter du calcium, et qu'elles sont même très efficaces à le faire.
Les chercheurs soulèvent donc l'hypothèse que des mutations à ces récepteurs puissent jouer un rôle dans l'autisme et la déficience intellectuelle, ce qui serait logique à la lumière d'études précédentes qui ont évoqué une association possible entre les perturbations dans la signalisation calcique et les troubles neurologiques.
À VOIR AUSSI | Radiochirurgie au cerveau: le seul «gamma knife» du Québec a besoin de financement
Le professeur Bowie a rappelé que le calcium est une molécule de signalisation essentielle qui régit l’apprentissage et la mémoire.
«Dans le cerveau, de petits changements au calcium peuvent être très importants, a-t-il dit. Quand vient le temps d'apprendre quelque chose, le calcium, c'est comme la clé qui démarre le moteur de la voiture. C'est le calcium qui dit au cerveau qu'il doit retenir l'information.»
Quand les chercheurs ont modifié les récepteurs AMPA en laboratoire, ils ont constaté que leur efficacité se détraquait: ou bien ils transportaient trop de calcium vers le cerveau, ou bien ils n'en transportaient pas suffisamment.
«Chaque neurone doit recevoir la bonne quantité de calcium, a dit le professeur Bowie. S'il en reçoit trop, ou s'il n'en reçoit pas assez, les problèmes commencent.»
Cela n'a absolument rien à avoir avec le calcium qu'on retrouve, ou qu'on ne retrouve pas, dans l'alimentation du patient, a-t-il précisé. Ce sont vraiment les mécanismes dont le rôle est de transporter ce calcium vers le cerveau qui sont en cause.
Les scientifiques précisent qu’au-delà de leur lien avec l’autisme et la déficience intellectuelle, les récepteurs AMPA jouent un rôle dans une gamme de troubles neurologiques, notamment la sclérose latérale amyotrophique (la maladie de Lou Gehrig), le glaucome, la démence et le glioblastome multiforme, un cancer du cerveau.
Cette percée ouvre la voie au développement de nouvelles thérapies, à commencer par des modifications génétiques avec des outils d'édition génique comme CRISPR.
Mais de manière plus réaliste, a dit le professeur Bowie, on pourrait essayer de développer des «molécules intelligentes» pour palier aux mutations des récepteurs AMPA.
«On pourrait peut-être augmenter ou diminuer l'action des AMPA, selon la situation», a conclu le chercheur.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par la prestigieuse revue scientifique Nature.