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Chaque fois que le gouvernement caquiste demande quelque chose au fédéral, le PQ rétorque «Sinon quoi », arguant que Legault n’a pas de rapport de force puisqu’il n’ira pas jusqu’au bout de l’idée, soit vers l’indépendance.
Paul St-Pierre Plamondon a fait parvenir à François Legault une missive dans laquelle il relate tout ce qu’il qualifie «d’échecs» face au fédéral: transferts en santé, langue française, chemin Roxham, déclaration de revenu unique, CRTC, etc. Le Parti Québécois a choisi sa stratégie pour les prochaines années. Il va tenter de démontrer que le nationalisme de la CAQ est mauvais pour l’avenir Québec.
Depuis l’arrivée de PSPP à la tête de sa formation politique, la recette est simple. Chaque fois que le gouvernement caquiste demande ou dénonce quelque chose face au fédéral, le PQ rétorque «Sinon… quoi », arguant que le gouvernement Legault n’a pas de rapport de force puisqu’il n’ira pas jusqu’au bout de l’idée, soit vers l’indépendance du Québec. L’objectif est de démontrer que non seulement la fédération canadienne ne fonctionne pas et que le remède caquiste ne fonctionne pas lui non plus.
Or, la plupart des électeurs semblent s’accommoder du nationalisme de la CAQ. L’appui à l’indépendance varie entre 25 et 37 % dans les sondages. Et parmi les personnes qui appuient l’idée de la souveraineté, quelle proportion appuie certes l’idée comme telle, mais n’en fait pas une priorité? Quelqu’un peut souhaiter un pays, mais ne pas croire que ce soit envisageable à l’heure actuelle ou alors ne pas souhaiter de référendum à court terme.
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Le gouvernement fédéral lit lui aussi les sondages. Les fédéraux savent très bien que la menace souverainiste est faible. Dans ce contexte, ce rapport de force théorique inhérent au fait de menacer de quitter la fédération existe-t-il vraiment?
Cela étant dit, le Parti Québécois n’a pas d’autre choix que de consolider sa base de militants convaincus, même si ce n’est pas un positionnement qui permet de récolter un grand nombre de députés en ce moment. Le pari du PQ à long terme, c’est non seulement que la pertinence de l’idée de l’indépendance n’est pas près de disparaître, mais qu’un rebrassage politique est possible lors de la succession de François Legault.
La CAQ au fond c’est quoi? C’est un véhicule construit pour faire de François Legault un premier ministre. Beaucoup d’acteurs et d’électeurs de cette grande coalition pour le moins diversifiée n’auront pas nécessairement envie de poursuivre tout dépendant du nouveau chef ou de la nouvelle cheffe. Et le positionnement autant sur l’axe gauche-droite que sur l’axe fédéralisme-nationalisme aura un impact énorme sur l’avenir du parti et sur tout l’écosystème politique québécois. Pour le dire simplement, la CAQ de Geneviève Guilbault serait très différente de celle de Bernard Drainville.
Autre élément de contexte, la dynamique avec les partis d’opposition au fédéral est en train de changer. Yves-François Blanchet appuie sans réserve son collègue PSPP, et la CAQ s’est éloignée du Bloc et entretient des liens de plus en plus serrés avec les conservateurs de Poilièvre.
Les bloquistes ont eu du mal à digérer l’appel au vote de François Legault lors de la dernière élection fédérale. Les libéraux étaient furax, mais le Bloc n’était pas ravi non plus. Cet amour de raison Bloc-CAQ qui prévalait dans le premier mandat s’est rapidement étiolé. Peut-être fait-on le pari que les électeurs nationalistes ne sont à la CAQ que de façon temporaire et qu’ils ne constituent pas la vraie base du parti?
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Et finalement, autre facteur d’incertitude pour la CAQ post-Legault, plusieurs des ténors caquistes actuels sont plutôt difficiles à imaginer sur les banquettes de l’opposition. Essayez seulement de visualiser Pierre Fitzgibbon ou Éric Girard poser des questions endiablées au salon bleu. Aucune chance! On peut donc s’attendre à plusieurs départs si les sondages sont moins radieux, ce qui changera beaucoup le portrait de l’équipe.
La CAQ post-Legault est un mystère.
Le Parti Québécois peut y espérer une occasion, mais il serait illusoire de croire que la chute du parti est uniquement due à des facteurs conjoncturels. Plusieurs éléments structurels et historiques sont de formidables boulets. La marque de commerce est affaiblie et reconquérir les cœurs sera ardu.
La stratégie du «sinon quoi» permettra peut-être d’entretenir la base et de garder la flamme vivante jusqu’au prochain rendez-vous.