En mai dernier, l’entreprise possédée par Henry Zavriyev a été reconnue d’outrage au tribunal pour avoir contrevenu à une ordonnance en conformité avec les dispositions du Règlement sur la certification des résidences privées pour aînés et de la Loi sur les services de santé et les services sociaux.
Le Tribunal reproche à la résidence privée pour aînés (RPA) de ne pas avoir assuré les services d’une réceptionniste 24h/24, d’avoir fait défaut de fournir une piscine, une salle de billard, une salle de cinéma maison, de loisir multifonctionnelle, une salle de réception et un salon internet.
Privés de réceptionniste
L’absence d'une réceptionniste au sein de la RPA a eu des conséquences énormes pour ces aînés qui ont perdu leur sentiment de sécurité.

Le résident Normand Breault a confié au juge qu’il avait peur de sortir pour se promener dans la RPA. «Quand j’entre dans une RPA, je m’attends à un climat de sécurité pour éviter la venue de gens non désirés. Cette dimension de sécurité n’existait plus, n’importe qui n’importe quand pouvait entrer. Et j’ai vécu ça de façon pénible.»
Constance Vaudrin s’est également adressée à la Cour avec beaucoup d’émotions, prenant une pause pendant son récit.
«L’insécurité était constante. La nuit, je suis inquiète parce que je ne sais pas s’il y a quelqu’un à la réception. J’avais peur que quelqu’un puisse entrer dans la résidence.»
«Je me suis sentie isolée, a-t-elle ajouté. J’ai besoin de rencontrer des gens, c’est primordial pour moi et je n’avais pas cette possibilité.»
Mme Vaudrin n’a toujours pas accepté ce qui s’est produit. «Je me suis sentie atteinte dans ma personne, qui suis-je? Je sens que ma dignité était touchée au plus profond parce que tout se faisait sans mon consentement. Je me sentais blessée et quand je pense à tout ça, j’ai une boule dans la gorge parce que ça me demande beaucoup d’énergie.»
Piscine fermée
De son côté, Gisèle Ampleman a livré un témoignage bien senti, elle qui à l’époque fréquentait la piscine pour des raisons de santé et ses conditions arthritiques.
«Être obligée à 88 ans pour défendre son droit à un logement décent, venir ici malade... il n’y a pas de mots. C’est un tsunami de dépouillement total.»
Fini le popcorn
«J’adore le cinéma et c’est une privation forcée», ajoute Mme Vaudrin. «J’ai constaté que c’était voulu et prémédité et que des méthodes d’intimidation existaient».
Sa voisine, Mme Thibeault, allait tous les lundis au cinéma maison, où des films étaient projetés en compagnie de dizaines de personnes. Elle s’exclame avec nostalgie: «On avait même du popcorn!»
Et l'internet?
Elle se rendait aussi au salon internet deux fois par jour pour recevoir ses courriels. «Quand je me suis aperçue que l’internet était parti, je me suis sentie très mal. Je sentais que ma liberté était partie», a-t-elle lancé.
Un couple lui a alors offert d’aller dans sa chambre pour profiter du wifi, mais elle était mal à l’aise de les déranger.
«Tout était coupé. J'avais des peurs, ma santé diminuait, je me sentais comme si j’avais une face de Carême. Le pire pour moi, ça a été de voir la salle d’amitié placardée. J’ai vu la porte avec un cadenas», se souvient la résidente.
«Quelle maltraitance envers moi. Je me suis sentie déshumanisée, ça m’a fait moins dormir, ma santé a baissé. Je ne sais pas avec qui je vais entrer dans l’ascenseur, le stress m’empêche de dormir.»
Les avocats des aînés entreprendront leurs plaidoiries sur la peine demain en vue d’obtenir une sentence dissuasive en respect avec la dignité des aînés. Ils espèrent voir Henry Zavriyev faire des travaux communautaires.
Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo.