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Vous souvenez-vous de Mykhailo Sulyma? Nous l’avions suivi à l’aéroport, le 28 février dernier, alors qu’il retournait en Ukraine, prêt à se battre pour son pays natal. Nous avions assisté à ses adieux déchirants avec sa femme et ses trois filles.
Le musicien de 47 ans, qui n’avait jamais touché à une arme à feu de sa vie, a combattu pendant six mois contre les troupes russes. Il s’est d’abord rendu à Odessa, sa ville natale, où il a suivi un entraînement militaire. Puis, il s’est rendu au front, dans la région de Kherson, où des combats font toujours rage.
«La guerre, c’est une autre planète», résume-t-il, vêtu de ses habits militaires, assis à une table d’un parc de Pointe-Claire, où nous le rencontrons en compagnie de sa femme, Olena Verbetska.
«Quand j’étais au front, avec mes amis, nous étions unis comme une famille, absolument comme une famille, raconte-t-il. Parce que chaque ami protège mon dos.»
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Le père de famille ne cache pas qu’il a eu peur.
«Comme le disaient mes frères d’armes, les seuls qui n’ont pas peur, ce sont ceux qui sont morts», résume-t-il.
Mykhailo Sulyma, arrivé au Québec avec sa famille en 2014, alors que la Russie annexait la région de la Crimée, précise que ce périple en enfer l’aura changé à tout jamais. Cela lui aura surtout fait réaliser que ce qui compte le plus pour lui, c’est sa famille.
Il aurait voulu rester encore en Ukraine, mais à 47 ans, et sans expérience militaire, il était trop vieux pour changer de légion, et on lui a fait comprendre qu’il avait fait sa part.
«J’ai trois filles, j’ai ma femme, et je crois que je dois protéger ma famille, maintenant.»
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Il espère retourner dans son pays natal, peut-être plus tard, pour aider ses compatriotes à reconstruire les villes détruites. Quand nous lui demandons comment il croit que ce conflit va finir, il peine à répondre.
«Des fois, on pense que ça va durer jusqu’au Nouvel An, commence sa femme, Olena. Il y en a qui disent que ça va continuer jusqu’à l’été prochain… On ne sait jamais.»
«On croit que ça sera notre victoire», ajoute-t-elle.
Voyez le reportage de Camille Laurin-Desjardins ci-contre.