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Imaginez passer l'hiver dans une cabane, en quête quotidienne de bois à faire brûler pour vous réchauffer. Avec les températures polaires des derniers jours, Gabriel Lefevbre-Guénard a subi d’importantes engelures aux mains.
Noovo Info est allé à sa rencontre dans sa cabane qu’il a construite dans un secteur isolé. L’homme de 35 ans explique qu’il est à la rue à la suite d’un parcours parsemé d’embûches. «Sortie de prison, des ruptures, je n’ai pas de famille, j’ai été un enfant de la DPJ. J’ai eu des problèmes de comportements et de consommation. J’ai commencé la prison. Me sentir pogné, restreint ou sous l’emprise de l’autorité, ça ne marche pas», indique-t-il.
Étant donné sa feuille de route, Gabriel affirme que les employeurs refusent de l’engager. De plus, la vie en refuges est trop restrictive pour lui.
«Là-bas ce n’est pas évident, il y a toutes sortes de spécimens aussi».
Il a quand même dû passer quelques nuits à l’intérieur du refuge Cap St-Barnabé au cours des derniers jours, parce que ses mains étaient gelées. «Mes mains étaient rendues noires et le médecin m’a parlé d’un risque d’amputation si je redormais dehors», a-t-il expliqué.
Pour se réchauffer, Gabriel n’utilise pas de propane. «Ça coûte de l’argent et je suis déjà assez malchanceux».
Il a plutôt construit un foyer maison qu’il remplit de bois qu’il déniche chaque matin. «Il fait frette en maudit. Un petit feu et on prend ça une journée à la fois. Je suis tombé endormi en-avant du foyer l’autre fois et je me suis réveillé mes cheveux étaient en feu. Je capotais, tu paniques!» raconte-t-il.
Malgré les risques associés au fait de dormir dehors, il en est à sa troisième cabane et compte bien y passer tout l’hiver. «Je n’ai pas fait d’études là-dedans, mais petit peu par petit peu, j’ai plus de matériaux. Les chantiers jettent dans les conteneurs ce qui pour eux sont des retailles, mais moi je prends ma scie et je raboute», décrit-il.
Le trentenaire a voulu s’adresser aux adolescents qui seraient tentés de décrocher. «C’est con, mais il faut rester à l’école même si ça fait chier, même si t’as le goût de chiller. Je me disais au pire j’irai à l’école plus tard. Mais là, plus tard on a fait des niaiseries, on a un dossier criminel, on n’est plus engageable nulle part et ça ne nous tente même plus en raison du regard des gens.»
Il dit chercher un objectif à sa vie malgré tout. «Là je ne me considère plus vraiment dans la société. Il y a les citoyens pis nous autres, les "boqués" qui ont manqué leur chance et je n’ai pas l’impression qu’on nous en laisse une deuxième.»
À voir dans la vidéo.