La réunion, d'une durée de deux heures, a été très émotive. Plusieurs parents étaient inquiets, d'autres en colère, puisqu’ils ne comprennent pas comment un tel projet peut se faire si près de l’école.
«Au début, c’était censé être des logements sociaux, après ça changé et il va avoir une piquerie. Mais après ça va être quoi? Et nos enfants à nous? On n’est pas des imbéciles», déplorait Jasmine Lucane, mère de quatre enfants.
La directrice de la santé publique de Montréal, Dre Mylène Drouin était présente à la rencontre d’informations et a rappelé à quel point le projet est important pour la population.
«On comprend très bien les craintes exprimées par les parents, mais pour nous en santé publique, ce projet est exemplaire pour répondre à nos deux grandes problématiques qu’on vit à Montréal: l’itinérance et les surdoses.»
Le projet est une initiative de la Maison Benoît-Labre, une association locale à but non lucratif qui gère un centre de jour pour les personnes en situation d’itinérance. Le nouvel immeuble de quatre étages situé sur l’avenue Atwater comptera 36 studios pour les personnes sans logement ayant des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie.
La directrice de la Maison Benoît-Labre, Andréanne Désilets, a également tenu à être rassurante en mentionnant qu’une intervenante serait présente à temps plein durant les heures de l’école pour permettre une transition vers l’entrée ou les sorties de l’école pour s’assurer que les enfants aient un espace sécuritaire.
Plusieurs résidents comparent toutefois le futur site avec le centre d’injection supervisée nommé CACTUS situé au centre-ville de Montréal qui accueille environ 300 usagers.
«Ça n’a pas sa place à côté d’une école et ça n’a pas sa place dans le quartier. Surtout avec ce qu’on voit avec CACTUS», s’est plaint Gilles Labranche, voisin du futur site.
Les intervenants leur ont toutefois expliqué qu’il s’agirait davantage d’un achalandage d’environ 10 à 20 personnes.
«À la Maison Benoît Labre, la mission c’est la réinsertion sociale, l’offre de service à la population vulnérable dans le secteur du Sud-Ouest dont les besoins ont été bien identifiés. On veut prévenir des décès, c’est vraiment important et on veut offrir un toit à ces personnes», a expliqué Dre Carole Morissette qui travaille à la direction de la santé publique dans la prévention et le contrôle des maladies infectieuses.
«Faut savoir qu’il y a des centres d’injection supervisée à Montréal qui sont proches des écoles et pour qui ça va bien. Faut savoir aussi que dans les statistiques ça réduit le matériel de consommation dans les rues, le nombre de surdoses, etc.», a rapporté Anick Desrosiers, résidente du sud-ouest.
«Ce sont des humains, ils devraient juste avoir une maison et de la nourriture. Ce n’est pas comme si on ne les voyait pas, je vais toujours à l’école seule et ils ne m’ont jamais rien fait de mal. Il mérite un endroit pour être en sécurité», rajoutait sa fille Maëlie Desrosiers âgée de 13 ans.
Avec les informations de La Presse canadienne