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Art et culture

David Cronenberg explore le deuil dans son nouveau film «Les linceuls»

Pour David Cronenberg, l'art offre un sentiment de contrôle sur l'inévitable.

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La Presse canadienne
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Le dernier long métrage du réalisateur canadien David Cronenberg «Les linceuls» («The Shrouds») prend l'affiche vendredi aux États-Unis et la semaine prochaine au Canada. Dans ce nouveau film, Cronenberg explore les thèmes du deuil, de la technologie et du désir de rester en contact avec les morts.

Si le réalisateur de 82 ans a affronté la mort au cinéma tout au long de sa carrière, il ressent désormais sa présence insidieuse dans sa propre vie. 

«Ma relation à la mort devient de plus en plus intime avec l'âge. C'est inévitable. Chaque jour, je lis dans le journal qu'une personne de mon âge vient de mourir», a déclaré le maître canadien du «body horror», un genre de film d'horreur, connu pour avoir réalisé des classiques macabres comme «La Mouche», «Alter ego» et «Videodrome».

Cette intimité avec la mortalité est devenue douloureusement réelle en 2017, lorsque Cronenberg a perdu Carolyn, son épouse après 43 ans de mariage, à la suite d'un cancer. Son décès a bouleversé sa perception de la perte et de ce qui subsiste après la disparition d'un être cher.

Cronenberg a confié qu'il ne s'attendait pas à faire un autre film après «Les crimes du futur» en 2022, mais que son deuil persistant l'exigeait.

«J'ai lu de nombreux excellents livres sur le deuil, mais aucun ne reflétait mon expérience. C'était intéressant et j'ai réalisé que ce sentiment de perte et de chagrin est propre à chacun, a affirmé Cronenberg, lors du Festival international du film de Toronto, l'automne dernier. Chacun en a sa propre version, et cela dépend de soi, de son passé et de sa relation. Je me suis donc senti totalement libre et capable d'en faire ma propre version au cinéma.»

Dans «Les linceuls», Vincent Cassel incarne Karsh Relikh, le veuf inventeur d'une nouvelle technologie permettant aux personnes en deuil de surveiller les corps en décomposition de leurs proches. Lorsque la tombe de sa femme Becca, interprétée par Diane Kruger, est dégradée, il devient obsédé par la recherche du coupable.

L'apparence même de Cassel suggère le caractère autobiographique du film, l'acteur imitant Cronenberg, avec sa coiffure et tout le reste.

Kruger assume une triple fonction dans ce film torontois, incarnant non seulement Becca, mais aussi sa sœur Terry, qui lui ressemble beaucoup, et Hunny, l'assistante d'intelligence artificielle de Karsh.

Pour David Cronenberg, l'art offre un sentiment de contrôle sur l'inévitable.

«Beaucoup d'art naît de la peur, de ce qu'on craint pour soi, pour ses proches, pour le monde. Et aborder cela dans l'art donne l'illusion d'une certaine forme de contrôle. On peut manipuler l'histoire et la faire évoluer dans un sens ou dans l'autre», a-t-il expliqué.

Le cinéaste a toutefois confié n'avoir finalement jamais trouvé le processus créatif thérapeutique.

«Ce n'est jamais satisfaisant. C'est satisfaisant sur le plan créatif, mais pas sur le plan cathartique.»

Athée, Cronenberg ne se tourne pas non plus vers la religion pour trouver du réconfort. Il croit qu'il faut regarder la mort droit dans les yeux.

«Je pense que toute religion est une façon d'aborder la mort et, d'une certaine manière, d'en éluder la réalité en se disant : “Tu iras au paradis, tu iras en enfer, il y aura une vie après la mort”», a-t-il affirmé.

«Tous ceux qui sont religieux ne sont pas vraiment confrontés à la réalité de la mort. C'est ce que je pense. Alors je suppose que je suis plus à l'aise avec ça. C'est une approche existentialiste de la vie.»

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