Trois étudiants de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) ont accepté de témoigner sous le couvert de l’anonymat.
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«Ça me mettait vraiment mal à l’aise au début», relate Emma. L’étudiante international partage son expérience sur la page Facebook Spotted: UQAM et crée une adresse courriel pour recueillir les témoignages. Sa publication s’enflamme. Elle dit recevoir des dizaines de messages privés.
«Ça fait à peu près un mois que ça dure, que des gens viennent chez moi le matin quand je dors, quand je suis sous la douche, quand j’étudie…» énumère Emma.
Pour sa part, une autre étudiante dit s’être fait rudoyer par un employé qui était chez elle pour superviser des travaux de rénovation. Dans ce cas, pas d’intrusion, mais un comportement qui l’a ébranlée. Alors qu’elle voulait quitter son logement, cet employé l’a empêchée de sortir. Elle a dû crier pour lui faire comprendre son inconfort.
L’UQÀM prend ça «au sérieux»
L’UQÀM estime que c’est une situation qu’elle «prend très au sérieux.» Dans un courriel, un porte-parole explique que la direction des résidences a «transmis le jour même aux personnes résidentes un message leur rappelant le protocole d'intervention dans les logements et la procédure pour signaler une intervention non souhaitée.»
Ce protocole indique que les employés doivent cogner deux fois à la porte et donner un préavis de 24 heures pour une intervention comme des réparations dans les résidences de l'UQAM, qui compte 927 locataires.
Le gestionnaire des résidences se justifie
De son côté, le gestionnaire des résidences, le groupe ALFID, indique ne pas avoir reçu de plainte directe. L’entreprise a dit à Noovo Info voir été informée des intrusions par l’entremise d’une publication dans un groupe Facebook. Son vice-président explique que les dégâts d’eau des dernières semaines ont donné lieu à différentes interventions pour identifier les fuites d’eau et que celles-ci ne permettaient pas de respecter le protocole.
«Cela a donc donné lieu à des interventions dans différents logements pour identifier les sources de fuites d’eau et tenter de circonscrire le plus rapidement possible la propagation des dégâts», a expliqué Joël Chareyron, vice-président stratégies et affaires du groupe ALFID.
Source: Noovo Info
Étienne, un des trois étudiants qui ont témoigné auprès de Noovo Info, n’y voit pas clair. «Dans le courriel, ils disent qu’ils ont pris connaissance (de la situation) le 12 avril, mais il s’est encore passé des choses ce matin. C’est bien de prendre connaissance, mais c’est mieux de poser des gestes», s’est-il désolé.
Pour Emma non plus, l’explication ne tient pas la route, puisque des employés sont aussi entrés trois fois pour faire le ménage de la chambre de son ancienne colocataire. «C’est constant, toutes les semaines, deux à trois fois par semaine», s’exclame-t-elle. «Ça devient oppressant, sachant que j’ai toutes mes affaires dans l’appartement.»
Après une énième intrusion, une gestionnaire a rencontré Emma chez elle, dans sa chambre de résidence. Emma a décidé d’enregistrer leur échange.
EMMA: «Le problème, c’est que c’est toujours des gens qui rentrent sans cogner. Il n’y a pas de préavis, C’est ça que je ne comprends pas, en fait.»
GESTIONNAIRE: «Pour être honnête avec vous, je suis très surprise de cette information. Quand j’ai vu ça, je me suis demandé ce qui se passait. L’information qu’on a, ce n’est pas ça. On a pris ça vraiment au sérieux.»
«Si ça se passe mal, c’est quoi la solution? Je prends toutes mes affaires, je prends l’avion et je rentre chez mes parents?» se demande Emma.