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«C’est faux de dire qu’à la Ville, c’est bilingue!», lance-t-elle. «Avant, la ville était peut-être davantage dans une approche de service à la clientèle. Si la personne ne comprenait pas, on faisait preuve d’une certaine souplesse. Là, ce que la loi vient recadrer c’est que c’est d’abord le français. C’est une approche d’exemplarité.»
La loi 14 – connue comme le projet de loi 96 avant son adoption - vient «recadrer» bien des choses, admet la commissaire. «Il y a eu des changements importants. Mon travail est de travailler avec l’administration, les différents services, les arrondissements. Il y a des changements qui sont attendus», laisse-t-elle tomber.
Noémie Dansereau-Lavoie nous a donné rendez-vous à la Bibliothèque Marc-Favreau pour discuter de son mandat. Pour elle, ce lieu incarne le travail quotidien «parfois sous-estimé» de la Ville pour faire rayonner la langue française.
Comment le français se porte-t-il à Montréal? «Il y a des chiffres, on les voit tous. Les chiffres parlent», répond la commissaire.
Chaque palier doit faire son travail, affirme la commissaire, qui affirme qu’il ne faut pas négliger le mandat de Francisation Québec pour permettre aux nouveaux arrivants d’apprendre le français.
Sur le cas des universités anglophones de la métropole et des frais de scolarité pour les étudiants hors-Québec, elle refuse de commenter l’affaire qui se trouve devant les tribunaux.
«Elles sont conscientes de leurs responsabilités, il y a des initiatives extraordinaires pour franciser», dit-elle néanmoins. Elle a eu des rencontres avec les dirigeants des Universités McGill et Concordia, récemment. Elle souhaite d’ailleurs jouer un rôle «d’ambassadrice» de la francophonie auprès d’elles ces prochains mois.
Récemment le Mouvement Québec français a publié un communiqué où il torpillait la Ville de Montréal. «Le Mouvement Québec français (MQF), par la voix de son président Maxime Laporte, condamne sans appel les errements de Valérie Plante sur la question du français. En ces temps critiques pour l’avenir de notre langue nationale, la mairesse de Montréal porte une responsabilité historique. Or, près de deux ans jour pour jour depuis le lancement du Comité de la Ville sur la langue française, la région métropolitaine au grand complet continue de s’angliciser à vitesse grand V», affirmait l’organisation.
Le Mouvement Québec français poursuivait en écrivant qu’il «enjoint la mairesse de mettre fin, une fois pour toutes, aux pratiques de bilinguisme institutionnel qui sévissent encore dans son administration ainsi que dans les communications de la Ville.»
Est-ce qu’il y a un «bilinguisme institutionnel» à Montréal? «Pas du tout!», réplique Mme Noémie Dansereau-Lavoie.
Contrairement à d’autres commissaires linguistiques, comme celui aux Langues officielles à Ottawa, Noémie Dansereau-Lavoie n’accueille pas les plaintes du public. Elle affirme que ce n’est pas dans son mandat qui vise davantage à surveiller «l’appareil municipal».
«Mon mandat est de valoriser la langue française et de rassembler. Mon mandat est différent de celui de M. Dubreuil à Québec, par exemple, qui lui doit surveiller l’évolution de la langue. De mon côté, c’est pas à ce niveau-là, c’est plus au niveau de l’administration publique», explique-t-elle.
Même si elle a été nommée par la mairesse de Montréal, Valérie Plante, elle affirme avoir toute la latitude nécessaire pour critiquer des décisions de son administration au besoin. Mais dans le dossier du fameux «Quartier de la francophonie», elle reprend la défense de la mairesse.
«Il y a eu confusion. Le quartier latin ne changera pas de nom. La Ville veut revitaliser ce quartier, ce qui est une excellente nouvelle alors que c’est une vitrine de notre francophonie. Ce n’est pas le quartier de la francophonie ou français, mais c’est une vitrine de notre francophonie», affirme la commissaire.
Récemment, l’ancien chef péquiste et chroniqueur politique Jean-François Lisée évoquait les commentaires désobligeants d’élèves de Montréal à l’endroit du Québec et de la langue française.
«Il y a des tensions. Collectivement ce sera plus important que jamais au Québec de vraiment venir soutenir notre industrie culturelle, nos médias, pour avoir des références communes. Il ne faut pas un rapport instrumental à la langue. Il faut développer un lien affectif. Le succès sera de venir toucher le coeur», affirme à ce sujet la commissaire.
Elle pilotera aussi le développement d’un nouveau plan d’action pour la protection du français à Montréal.
Le poste de commissaire au français existe depuis 2021 à Montréal. Mais la première commissaire, Roseline Fréchette, a quitté ses fonctions sans tambour ni trompette un an après sa nomination.