Début du contenu principal.
Des Montréalais sont à l’origine d’un regroupement international de 131 investisseurs qui interpellent la communauté d’affaires, et plus particulièrement les entreprises du secteur des technologies de l’information et des communications (TIC), à assumer leur responsabilité en matière de respect des droits humains dans leurs relations avec l’Iran, toujours en proie à une déferlante de contestation après la mort tragique de Mahsa Amini.
Mahsa Amini est cette étudiante iranienne de 22 ans morte en septembre dernier dans des circonstances nébuleuses, trois jours après avoir été arrêtée par la police iranienne des mœurs, qui jugeait que sa tenue vestimentaire n’était pas suffisamment modeste. Le décès de Mme Amini a provoqué un tollé en Iran et des vagues de protestations massives ont créé un mouvement à travers le pays pour réclamer un changement du régime politique en place.
Dans une déclaration, le regroupement d’investisseurs, qui gèrent plus de 352 milliards $ US en actifs à travers le monde, invite ses pairs et ses partenaires du milieu des affaires à adhérer aux principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, qui stipulent que toutes les entreprises ont la responsabilité «d’éviter de causer ou de contribuer à causer des impacts négatifs sur les droits humains à travers leurs propres activités, et de rectifier ces impacts lorsqu’ils se produisent».
«Pour nous, c’est un levier pour inviter à plus de diligence, pour que les investisseurs s’assurent que les entreprises qu’ils soutiennent ne soient pas complices de ce qui se passe en Iran», précise Sherazad Adib, Montréalaise d’origine iranienne qui, avec François Meloche, est à l’origine du regroupement.
À lire également :
Actuellement, le gouvernement iranien restreint l’accès à Internet à ses citoyens, viole leur vie privée en espionnant leurs appareils électroniques, pirate des sites Web dissidents et fait usage de la reconnaissance faciale et d’autres outils d’intelligence artificielle pour traquer et identifier ses opposants.
«C’est un gouvernement barbare qui utilise les technologies modernes pour faire sa répression», souligne Mme Adib.
En ce sens, le secteur des TIC peut jouer un rôle crucial dans les protestations contre le régime iranien parce qu’il fournit des produits et des services essentiels à la liberté d’expression, à l’accès à l’information et à la liberté d’association, et donc à la promotion des droits de l’Homme, estime M. Meloche.
L’associé et directeur de l’engagement chez Aequo n’hésite pas à utiliser le terme «autoritarisme numérique» pour qualifier l’attitude de l’Iran face à ses citoyens dont les droits fondamentaux sont bafoués.
«Cette démarche-là s’insère dans le mouvement de l’investissement responsable, où on prend conscience qu’en étant participant à l’actionnariat de compagnies ou prêteur, ça implique des responsabilités envers la société», note-t-il.
La déclaration sera mise en ligne jeudi et pourra être signée par des investisseurs institutionnels qui n'ont pas encore intégré le mouvement.