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«Je pense qu'il est clair que cela doit être une priorité pour le comité.»
La députée du Nouveau Parti démocratique (NPD), Niki Ashton, a déposé une motion auprès de ses collègues du Comité fédéral du patrimoine pour demander le témoignage des entraîneurs de l'équipe nationale canadienne afin de déterminer si l'espionnage des pratiques à huis clos des équipes adverses a été une pratique systémique.
Mme Ashton a déclaré en entrevue à TSN jeudi que la motion qu'elle a présentée au comité vise à obtenir le témoignage de personnes avant la fin de septembre. Elle a indiqué que les témoins potentiels comprennent l'entraîneuse de l'équipe féminine Bev Priestman et les entraîneurs adjoints Jasmine Mander et Joseph Lombardi, ainsi que l'ancien entraîneur de la sélection masculine John Herdman, qui est maintenant entraîneur-chef du Toronto FC.
La FIFA a infligé à l'équipe féminine canadienne une pénalité de six points aux Jeux de Paris après que Lombardi a été surpris en train de piloter un drone à deux reprises au-dessus de l'entraînement fermé de la Nouvelle-Zélande avant le match d'ouverture du tournoi olympique, que le Canada a remporté 2-1. Lombardi a été arrêté par la police française, emprisonné pendant trois jours, puis renvoyé au Canada. Mander et Priestman ont également été renvoyés chez eux.
Malgré le scandale, le Canada s'est qualifié pour les quarts de finale du tournoi olympique et s'est incliné devant l'Allemagne samedi. En dehors du terrain, Canada Soccer dit avoir engagé Sonia Regenbogen, une avocate du cabinet Mathews Dinsdale de Toronto, pour enquêter sur les allégations de tricherie.
«Je pense qu'il est clair que cela doit être une priorité pour le comité», a ajouté la députée Ashton. «Il ne s'agit pas seulement de ce qui s'est passé aux Jeux olympiques. Il s'agit de la réputation du Canada en matière de football et de sport. Je comprends que Canada Soccer prenne les choses en main, mais cette affaire dépasse le cadre de la fédération. Les Canadiens ont besoin de savoir ce qui s'est passé et comment faire en sorte que cela ne se reproduise plus jamais. Nous devons obtenir des réponses, et nous avons le pouvoir de le faire.»
Comme TSN l'a déjà rapporté, les équipes nationales senior et junior du Canada auraient espionné les entraînements à huis clos d'autres équipes depuis au moins 2016, y compris lors des Jeux olympiques de 2021 à Tokyo, où l'équipe nationale féminine a remporté la médaille d'or.
Lors d'une tentative infructueuse d'appel de la sanction de la FIFA, Canada Soccer a fourni à la FIFA et au Tribunal arbitral du sport plusieurs courriels de Mme Priestman. En mars, elle a envoyé un courriel à un consultant en relations humaines pour lui dire que l'espionnage est une pratique répandue parmi les meilleures équipes nationales du monde et qu'il peut faire la différence entre la victoire et la défaite. Mme Priestman a également écrit dans son courriel que l'équipe nationale masculine du Canada avait mis en place une «opération complète» d'espionnage des équipes adverses.
Mme Ashton a indiqué qu'elle souhaitait également que la commission invite des représentants de Canada Soccer et de la FIFA à témoigner. Sa motion sera adoptée si la majorité des 12 membres du comité est d'accord.
Le député conservateur Kevin Waugh, qui est également membre du comité du patrimoine, a déclaré qu'il soutenait les efforts de Mme Ashton, même si Canada Soccer a déclaré qu'il s'engageait à établir les faits.
«Ce que les avocats savent faire, c'est demander beaucoup d'argent, mais regardez ce qui s'est passé avec Hockey Canada il y a deux ans», a indiqué M. Waugh, ajoutant que le comité a plus de poids qu'un avocat dirigeant l'enquête de Canada Soccer pour convoquer des témoins potentiels, des documents et de la correspondance.
En 2022, le comité du patrimoine a ouvert une étude sur la réponse de Hockey Canada à une allégation d'agression sexuelle faite en 2018 par une femme de London, en Ontario. La femme a allégué avoir été agressée par huit joueurs de l'équipe canadienne des Championnats du monde juniors 2018 à la suite d'une partie de golf et d'un gala en juin 2018.
Hockey Canada a engagé Henein Hutchison Robitaille pour enquêter, mais le cabinet d'avocats a mis fin à son enquête lorsque la police de London a déclaré en 2019 qu'elle mettait fin à sa propre enquête.
Après que TSN a rapporté que la femme dans cette affaire avait intenté une poursuite, le Comité du patrimoine a entrepris une étude sur Hockey Canada et la police de London ainsi que Henein Hutchison Robitaille ont relancé leurs propres enquêtes. Cinq joueurs ont été inculpés et attendent leur procès.
«Dans l'affaire Hockey Canada, les avocats se sont retirés lorsque la police de London a abandonné l'affaire», a indiqué M. Waugh. «Les avocats n'ont pas terminé leur travail. Nous devons faire venir les gens de Canada Soccer et de Sport Canada pour qu'ils répondent aux questions sur qui savait quoi et quand.»
M. Waugh veut savoir ce qui s'est passé après que Mme Priestman a envoyé un courriel au consultant en ressources humaines de Soccer Canada.
«Que s'est-il passé avec ce courriel? Il aurait dû être rapporté au conseil d'administration de Canada Soccer», a mentionné M. Waugh. «Peut-être l'ont-ils fait et rien ne s'est passé. Nous avons besoin de réponses et nous ne pouvons pas supposer qu'un cabinet d'avocats sera totalement transparent sur cette question parce que nous ne savons pas ce qu'on lui a spécifiquement demandé de faire. Il y a beaucoup de questions ici.»
Selon M. Waugh, si un témoin potentiel décline une invitation à témoigner, la commission peut délivrer une citation à comparaître pour l'obliger à se présenter.
«Si vous êtes au Canada et que vous recevez une citation à comparaître, vous devez venir», a-t-il dit. «C'est la même chose que si vous recevez une citation à comparaître dans une affaire judiciaire.»
Si les représentants de Canada Soccer témoignent le mois prochain, ce sera la deuxième fois en deux ans que la fédération est examinée de près par la commission.
L'année dernière, après que quatre membres de l'équipe féminine canadienne eurent déclaré que la fédération leur avait manqué de respect, ainsi qu'à leurs coéquipières, et qu'elle avait considérablement réduit le budget de l'équipe féminine, le comité du patrimoine a interrogé les responsables de Canada Soccer sur le contrat controversé de médias et de parrainage conclu par la fédération avec la société privée Canadian Soccer Business (CSB) et sur le financement de l'équipe nationale féminine par la fédération.