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Geneviève Guilbault a justifié mercredi l’abandon par le gouvernement Legault du projet de lien autoroutier sous le fleuve Saint-Laurent entre Québec et Lévis, pour ne conserver qu’un tunnel réservé au transport en commun.
François Legault a justifié mercredi l'abandon de sa promesse phare, le lien autoroutier prévu dans son projet de tunnel Québec-Lévis, mais certains de ses ministres de la région de la capitale ont plutôt refusé de défendre cette décision.
Le projet serait donc réservé exclusivement au transport en commun et le fédéral s'en est réjoui, puisqu'il s'opposait à un lien routier, mais était prêt à financer la portion réservée au transport collectif.
Voyez le reportage de Simon Bourassa sur ce sujet dans la vidéo de cet article.
«C'est une décision difficile, mais il faut comprendre que la situation a beaucoup changé», a plaidé M. Legault lors d'une mêlée de presse mercredi matin, alors que ses ministres Bernard Drainville et Éric Caire sont passés en coup de vent en refusant de répondre aux questions.
En mêlée de presse, le ministre fédéral Jean-Yves Duclos, lui-même un élu de Québec, a rappelé que ses concitoyens des quartiers centraux s'objectaient à l'arrivée d'un tunnel routier en pleine ville.
«Le gouvernement canadien a toujours appuyé l'importance d'investir dans le transport en commun, à Québec en particulier. Québec est la seule ville parmi toutes les villes comparables où on n'a toujours pas de transport structurant.»
Le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, a appelé à la démission de tous les députés caquistes de la région, notamment le ministre et député de Lévis, Bernard Drainville, afin qu'ils sollicitent de nouveau un mandat des électeurs.
«S'ils veulent avoir un mandat légitime et démocratique, ils ne peuvent continuer à siéger à titre de députés qui se sont fait élire en faveur du troisième lien, a affirmé M. Duhaime, en conférence de presse devant l'Assemblée. Ils sont totalement illégitimes.»
Il a descendu en flammes le gouvernement caquiste pour la volte-face, qu'il a associée à une trahison. Lui-même a promu l'idée d'un lien routier qui passerait plus à l'est, par l'île d'Orléans.
Pour expliquer sa volte-face, M. Legault a fait allusion à des données sur les déplacements, qui montreraient une baisse de l'achalandage en raison du télétravail.
«Les impacts du télétravail sont énormes. On pensait que ça reviendrait comme avant la pandémie. Vous allez le voir dans les données. On voit qu'il y a des changements importants des habitudes entre autres aux heures de pointe. Il faut s'adapter à l'évolution de ce changement-là.»
«Ce serait de l'aveuglement volontaire et du déni scientifique que de faire semblant que la pandémie n'a pas eu d'incidence sur le quotidien des gens», a argué la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, à la période de questions.
Elle a rappelé qu'elle donnerait davantage de détails sur le nouveau projet lors d'une conférence de presse, jeudi.
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Deux ardents défenseurs du projet d'origine comportant un segment routier, les ministres Éric Caire et Bernard Drainville, ont refusé de répondre aux questions des journalistes mercredi matin.
Pourtant, M. Caire avait autrefois mis son siège en jeu pour garantir la réalisation du projet.
La ministre Martin Biron, qui représente la circonscription de Chutes-de-la-Chaudière, sur la rive sud, s'est contentée de dire qu'«il reste des fils à attacher» dans ce projet.
M. Duhaime dit ne pas avoir discuté avec M. Caire, mais a dit être prêt à parler aux élus caquistes qui «se sentent aussi trahis que la population de Québec».
En mêlée de presse mercredi matin, le chef parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, qui s'est toujours opposé au lien autoroutier, a dit que c'était une «victoire du gros bon sens et de la science».
De son côté, le chef libéral, Marc Tanguay, a accusé le premier ministre de s'être entêté à faire deux campagnes électorales avec une «promesse brouillonne sans avoir l'assurance qu'il pouvait la tenir».
Le Parti québécois (PQ) espère que le gouvernement du Québec va s'inspirer de sa proposition lors de la dernière campagne électorale, soit de relier un tunnel de transport collectif au réseau de tramway.
Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, a écorché la sincérité du parti de François Legault lors du précédent scrutin.
«J'ai beaucoup de difficulté à croire que la CAQ pensait vraiment faire son projet autoroutier de tunnel lorsqu'elle l'affirmait en campagne électorale. Je pense qu'elle avait des visées électoralistes et ensuite, elle fait un changement de cap», a-t-il affirmé.