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Simon Jolin-Barrette n'est pas le seul à avoir nommé un ami à un poste important: son collègue, le ministre des Finances, Eric Girard, a admis qu'il avait fait de même.
Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, n'est pas le seul à avoir nommé un ami: son collègue, le ministre des Finances Eric Girard a admis samedi qu'il avait fait de même.
Pas plus tard que la semaine dernière, M. Girard a renouvelé le mandat de son «ami personnel», Jean-François Blais, au conseil d'administration de Loto-Québec.
MM. Girard et Blais ont fait connaissance à l'école secondaire, au Séminaire Saint-François. M. Blais a été nommé au c.a. de Loto-Québec la première fois par le ministre en 2019.
Contrairement à M. Jolin-Barrette, le grand argentier aurait pris soin, lui, d'avertir le premier ministre François Legault qu'il s'apprêtait à nommer un ami proche: «J'ai certainement dit que cette personne-là, je la connaissais.»
Samedi, M. Girard s'est défendu d'alimenter les apparences de conflits d'intérêts en vantant la compétence de son ami. «C'est quelqu'un qui a des compétences exceptionnelles», a-t-il déclaré.
Se portant à la défense de son collègue à la Justice, il a déclaré que le processus de nomination des juges était «très différent» du processus de nomination des membres des conseils d'administration des sociétés d'État.
À son arrivée au congrès caquiste à Sherbrooke samedi, M. Jolin-Barrette a affirmé qu'il était «pleinement conscient» que la nomination de son ami à un poste de juge «allait avoir nécessairement une résonance».
Malgré cela, il n'a pas averti ni le premier ministre ni le conseil des ministres.
Il a défendu son choix d'avoir nommé son ami Charles-Olivier Gosselin à un poste de juge de la Cour du Québec, le 4 mai dernier, assurant avoir respecté en tous points le processus de sélection des juges.
En somme, un comité indépendant analyse les candidatures puis soumet une liste courte au ministre, qui lui fait le choix final. Le conseil des ministres entérine ensuite la nomination.
«Il s'agit de mon ami. Je suis ministre de la Justice, j'ai pris une décision que j'assume. (...) La personne a été sélectionnée en fonction de ses compétences», a affirmé M. Jolin-Barrette en mêlée de presse.
Lors d'un discours au congrès national de la Coalition avenir Québec (CAQ) à Lévis, en mai 2018, François Legault avait déclaré: «À la CAQ, on n'est pas là pour nous servir (et) pour servir nos petits amis.»
«Les Québécois sont écœurés du copinage et des magouilles. (...) Aucun d'entre vous ne doit s'attendre à recevoir un traitement de faveur parce qu'il a une carte de membre de la CAQ», avait-il poursuivi.
Le Parti québécois dit avoir dénombré 13 nominations «partisanes» depuis l'arrivée de la CAQ au pouvoir.
Sa liste inclut Catherine Loubier, ex-directrice de cabinet adjointe de M. Legault devenue déléguée du Québec à New York, et Guy Leblanc, un ami du ministre Pierre Fitzgibbon, qui a été nommé PDG d'Investissement Québec.
De son côté, le Parti libéral du Québec a dénoncé, dans un communiqué publié samedi, les «apparences de favoritisme».
Le porte-parole libéral en matière de justice, André Albert Morin, a reproché au ministre Jolin-Barrette d'avoir œuvré de façon «obscure et non transparente».
«Bien que le processus de nomination de juges au Québec soit très rigoureux, c'est le ministre lui-même qui, en bout de ligne, fait des recommandations au conseil des ministres.
«Celui-ci devrait toujours faire preuve de transparence et révéler à ses collègues si des candidatures lui sont connues et se retirer de la séance de sélection finale», a soutenu M. Morin.