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L’année 2022 a été marquée par l’arrivée d’un nouveau champ de revendication: le «droit» au télétravail.
Dans le monde du travail, l'année 2022 a été marquée par des augmentations de salaire nettement plus élevées que ces dernières années et par l'arrivée d'un nouveau champ de revendication: le «droit» au télétravail.
Il faut dire que l'inflation des derniers mois a stimulé l'appétit des travailleurs qui, dans bien des cas, ont levé le nez sur des offres d'augmentations de 1,5 ou 2 %. Et dans le contexte des difficultés de recrutement, les employeurs n'ont guère eu le choix d'accorder des augmentations plus marquées pour garder leurs employés et éviter des conflits de travail.
Par exemple, au syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, les travailleurs de la mine Raglan toucheront des augmentations de salaire de 6,8 % la première année, de 3,5 % pour les deux années suivantes et de 3 % pour les deux dernières années.
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Autre exemple: chez Olymel à Yamachiche et Saint-Esprit, le salaire des membres des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC), affilié à la FTQ, a grimpé de 18,16 % pour atteindre 20,50 $ à l'embauche. Le salaire maximal est atteint après quatre mois, à 22,85 $ l'heure.
Les PME, qui ont des moyens plus limités, n'ont pas eu le choix d'accorder aussi des augmentations plus élevées, pour garder leur personnel ou en attirer, a admis en entrevue François Vincent, vice-président pour le Québec de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI).
«Les augmentations de salaire n'ont jamais été aussi importantes, quand on regarde les données du Baromètre des affaires. Il y a eu un creux au début de la pandémie, puis après ça, il y a eu une augmentation assez significative. Là, ça a tendance à se replacer, mais c'est quand même à des niveaux plus élevés que ce qu'il y a eu depuis les 10 dernières années», a estimé M. Vincent.
Au-delà des augmentations proprement dites, les syndicats cherchent davantage à négocier des clauses de protection contre l'inflation pour se prémunir contre le phénomène vécu ces derniers mois.
On le voit notamment dans le secteur public au Québec, où le front commun intersyndical revendique, pour les prochaines conventions collectives, l'équivalent de l'Indice des prix à la consommation plus 2 % pour la première année, l'IPC plus 3 % pour la deuxième année et l'IPC plus 4 % pour la troisième année.
Autre tendance du marché du travail en 2022: le télétravail, sinon le travail en mode hybride.
Bien des employés ont pris goût au télétravail, lorsque les mesures sanitaires liées à la COVID-19 ont été mises en place. Ils n'étaient pas du tout enchantés à l'idée de revenir travailler dans un bureau bruyant, entassés et avec tous les déplacements que cela suppose.
Les syndicats se sont donc mis à revendiquer le «droit» au télétravail et le marché du travail a dû s'ajuster.
Chez Loto-Québec par exemple, les membres du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) ne seront tenus d'être présents dans les lieux de travail que quatre jours par mois.
Au Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), le président général, Christian Daigle, a dit croire que «le télétravail, c'est là pour rester. On ne pourra pas faire autrement. Ailleurs, dans plusieurs compagnies, les gens y voient un avantage au télétravail; ça devient donc une condition intéressante de travail».
Le SFPQ représente des milliers de fonctionnaires dans les ministères et organismes. «Présentement, nos gens sont contraints d'être deux jours présents au bureau sur cinq. Pour nous, on ne voit pas l'utilité d'être présent deux jours au bureau sur cinq. Ce n'est pas logique d'avoir une obligation. Il pourrait y avoir cinq journées de télétravail et ça ne changerait rien à la prestation de services aux citoyens et citoyennes», a affirmé M. Daigle.
Évoquant le centre-ville de Montréal, M. Vincent, de la FCEI, conclut: «Je pourrais vous dire que le lundi et le vendredi, c'est comme si on était dans une journée fériée. Là, il commence à y avoir un retour au bureau pour stimuler le travail d'équipe, du deux jours, des fois du trois jours-semaine. Les journées du mardi au jeudi, là on va chercher une affluence qu'on avait avant la COVID. Mais oui, le télétravail et les modèles hybrides semblent être bien étendus au sein des entreprises», a-t-il confirmé.
L'année 2022 a aussi vu naître un nouveau front commun dans les secteurs public et parapublic au Québec, avec la CSQ, la CSN, la FTQ et l'APTS (Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux). L'importante fédération de syndicats d'infirmières, la FIQ, n'en fait toutefois pas partie. Les négociations débuteront après les Fêtes.
Au fédéral aussi, les négociations pour renouveler les conventions collectives dans le secteur public ont été relancées avec l'Alliance de la fonction publique du Canada.
L'année a aussi été marquée par quelques conflits de travail importants, dont celui des ingénieurs à l'emploi du gouvernement du Québec. La grève des membres de l'APIGQ a entraîné des retards pour plusieurs chantiers de construction, mais une entente est finalement intervenue entre les parties l'été dernier.
De même, la Société québécoise du cannabis (SQDC) est touchée depuis le 28 mai par un débrayage des travailleurs membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), affilié à la FTQ, dans une vingtaine de succursales.