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Société

Méfaits lors de manifs contre de nouvelles pistes cyclables

Xavier Richard se promenait dans son quartier la semaine dernière lorsqu'il a aperçu un piéton couché sur l'une des nouvelles voies cyclables.

Mario di Chiaro se tient à côté de la piste cyclable qu'il souhaite faire  supprimer dans le quartier de Parc-Extension, le vendredi 29 septembre 2023, à Montréal.
Mario di Chiaro se tient à côté de la piste cyclable qu'il souhaite faire supprimer dans le quartier de Parc-Extension, le vendredi 29 septembre 2023, à Montréal.

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La Presse canadienne
La Presse canadienne

Xavier Richard se promenait dans son quartier la semaine dernière lorsqu'il a aperçu un piéton couché sur l'une des nouvelles voies cyclables.

M. Richard s'est approché pour offrir son aide.

C'est à ce moment-là qu'il a vu les punaises – plus d'une centaine éparpillées sur le chemin.

Il passa les minutes suivantes à aider l'inconnu qui s'était arrêté pour les récupérer.

«Le climat est tendu», a déclaré M. Richard à propos de la récente politique dans le quartier Parc-Extension, au nord-ouest du centre-ville.

Il a ajouté qu'il ne savait pas comment les punaises étaient arrivées là ni qui les avait laissé tomber, mais il soupçonnait qu'il s'agissait d'un acte délibéré.

«Il y a une animosité qui est particulièrement suscitée par les opposants au vélo ou à la piste cyclable», dit-il.

Dans un Montréal favorable au vélo, l'opposition aux nouvelles pistes cyclables à Parc-Extension et dans le quartier voisin de Saint-Michel a été particulièrement intense: des groupes de résidents ont organisé des manifestations et la police a signalé des cas de méfaits et d'entraves à des fonctionnaires ou à des agents de la paix lors de certaines manifestations.

L'arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension réaménage des tronçons de plusieurs rues pour y installer de nouvelles pistes cyclables protégées.

À Parc-Extension, ces travaux comprennent la suppression de 250 places de stationnement sur rue.

La mobilité au coeur du débat

Cependant, certains résidents affirment que la suppression du stationnement dans les quartiers denses réduira leur mobilité.

Sia Spanoudakis fait partie de ceux qui affirment avoir participé à des manifestations pacifiques contre le retrait des stationnements.

Ancienne résidente de Parc-Extension, elle se dit inquiète des conséquences des changements sur ses parents âgés, qui habitent dans le quartier et dépendent de leur véhicule.

«Personne n'est contre les pistes cyclables sécurisées», a dit Mme Spanoudakis. «Le point de discorde est de savoir pourquoi il faut supprimer 250 places de stationnement, ce qui aura un impact sur la qualité de vie du quartier.»

Mme Spanoudakis a pris ses distances avec les actes de vandalisme visant les pistes cyclables, mais a expliqué que le plan de l'arrondissement visant à éliminer le stationnement sur les pistes cyclables a polarisé la communauté.

«Nous avons clairement le sentiment d'être confrontés aux besoins des cyclistes, et cela ne devrait pas être le cas», a-t-elle ajouté.  

Mario Di Chiaro, un résident de Parc-Extension qui a organisé l'une des manifestations, a soutenu que la Ville s'est montrée fermée face à ce qu'il décrit comme «des inquiétudes raisonnables des résidents».

Le but des manifestations, a-t-il dit, est de «joindre» les besoins des cyclistes et des automobilistes, mais les administrateurs de l'arrondissement «ne veulent pas parler».

M. Di Chiaro, Mme Spanoudakis et d'autres, dont Mary Deros, conseillère de Parc-Extension depuis 25 ans, accusent l'arrondissement d'imposer les pistes cyclables sans préavis ni considération des besoins des résidents.

«Je n'ai jamais vu en 25 ans un tel mépris pour nos citoyens», a assuré M. Deros. 

«Où ces gens vont-ils se garer? Comment ces gens vont-ils aller travailler? Comment vont-ils se débrouiller?»
- Mary Deros, conseillère municipale

L'expansion du réseau cyclable de Montréal, qui s'étendait sur plus de 900 kilomètres en mai 2023, est une priorité pour la mairesse Valérie Plante depuis son entrée en fonction en 2017.

Parmi les réalisations marquantes de son administration, citons la création du Réseau express vélo (REV), un réseau de 191 kilomètres de pistes cyclables protégées traversant certains des quartiers les plus denses de la métropole.

En novembre, la Ville a annoncé son intention de créer au moins 200 kilomètres de nouvelles pistes cyclables protégées d’ici fin 2027.

Les partisans du projet de piste cyclable protégée contestent l'idée selon laquelle l'élimination des places de stationnement aura un impact négatif généralisé sur Parc-Extension.

50% des ménages du quartier n'avaient pas de voiture en 2018, selon les dernières données de la société de transport de la région de Montréal, fournies par Jérôme Laviolette, chercheur postdoctoral au département de géographie de l'Université McGill.

«Du point de vue de l'équité, garder des places de stationnement pour les propriétaires de voitures signifie que nous privons la moitié de la population de ce quartier de l'utilisation de cet espace», a affirmé M. Laviolette. 

Jean-François Rheault, président du groupe de défense du cyclisme Vélo Québec, affirme que les pistes cyclables protégées élargissent les options de transport pour tous les résidents.

«Le plus grand obstacle qui empêche un grand nombre de personnes de choisir le vélo comme mode de transport est le manque d'infrastructures», a-t-il lancé.

Lors d'une entrevue téléphonique, la mairesse de l'arrondissement, Laurence Lavigne Lalonde, membre du parti politique de Mme Plante, a reconnu que la suppression des espaces de stationnement pourrait gêner certains automobilistes, mais a déclaré que l'objectif des nouvelles pistes cyclables est d'augmenter les options de mobilité sécuritaires pour tous les résidents dans un quartier historiquement mal desservi en infrastructures cyclables.

La mairesse a ajouté que les gens ont le droit de protester, mais a insisté sur le fait que l'arrondissement ira de l'avant avec son projet de piste cyclable à Parc-Extension.

Les opposants ont promis de continuer à exprimer leur désaccord.

Un groupe de résidents se faisant appeler la Coalition pour la démocratie Parc-Extension recueille des fonds en vue d'éventuelles poursuites judiciaires contre la ville.

Mais M. Rheault s’attend à ce que les opposants se rendent compte de la valeur des pistes cyclables protégées.

«J'espère que d'ici l'année prochaine, les gens prendront conscience des avantages que cela apporte à leur mobilité et à leur quartier et qu'ils seront beaucoup plus heureux», a-t-il conclu. 

Source

La Presse canadienne
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