Début du contenu principal.
Le père de la fillette martyre de Granby restera en prison.
Le père de la fillette martyre de Granby restera en prison, alors que sa demande de libération conditionnelle a été refusée, a appris Noovo Info.
La Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) devait statuer sur sa libération conditionnelle le 20 avril dernier, mais avait indiqué qu’elle avait encore besoin de temps pour prendre sa décision.
Voyez le reportage d'Alexandra Paré dans la vidéo liée à l'article.
La fillette martyre de Granby est décédée le 29 avril 2019 à l’âge de 7 ans après avoir subi de mauvais traitements de la part de son père et de sa belle-mère. Sa mort avait mis en lumière les failles du système sur la protection de la jeunesse au Québec.
À lire également : Le père de la fillette martyre de Granby n'est toujours pas fixé sur sa libération conditionnelle
Le père, dont l'identité ne peut être dévoilée pour protéger l'identité des membres de la famille de la victime, était admissible à une libération conditionnelle depuis le 8 mars puisqu’il a purgé le tiers de sa peine d’emprisonnement de quatre ans pour séquestration, en incluant ses trois mois de détention en 2019 à la suite de son arrestation.
L’évaluation psychologique de l’homme montrait un risque de récidive faible à modéré, notamment en raison d’un discours parfois déresponsabilisant et de la difficulté à accepter les gestes posés.
Cette déresponsabilisation a transparu dans le témoignage du père devant la CLCC. Bien qu'il reconnaisse totalement sa culpabilité, il a mentionné à quelques reprises une certaine incompréhension face aux gestes qu’il avait posés en 2019 et à ce qu’ont pu ressentir les membres de la famille de la victime.
En entrevue avec Noovo Info, la grand-mère de la petite-fille a reconnu être soulagée et contente de la décision de la CLCC.
«J’appréhendais sa sortie. J’ai pour mon dire qu’il a fait souffrir la petite pendant quatre ans, qu’il fasse ses quatre ans, a-t-elle témoigné au sujet de son fils. Il a déjà dealé avec les avocats pour faire tomber les grosses sentences pour avoir un quatre ans, qu’il assume.»
La femme a souligné que son fils s’était à nouveau déresponsabilisé, en «mentant comme d’habitude». «Il dit toujours que c’est la faute des autres, ce n’est jamais de sa faute», a-t-elle déploré.
La grand-mère a insisté que son fils avait toujours menti, et ce, depuis son plus jeune âge. À savoir s’il est irrécupérable ou non, elle peine d’ailleurs à se prononcer. «Je ne le sais pas du tout, je n’ai jamais réussi à faire plus que ça. Il a toujours passé entre les filets de la justice pour s’en sauver. J’espère qu’un jour, il va être récupérable», a-t-elle lancé.
Quant à la relation qu’elle entretient aujourd’hui avec son fils, la femme est sans équivoque. «Il n’y en a pas du tout. C’est terminé et on n’est pas prêts à en avoir non plus. Mon mari a été blessé au plus profond de lui-même dans le passé. Il n’est pas question qu’il mette les pieds ici ou qu’il approche de nous», a-t-elle martelé.
Au printemps dernier, la grand-mère et la mère de la fillette indiquaient à Noovo Info qu’elles allaient déposer une poursuite civile contre la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) dans ce dossier, par l’entremise de leur avocate, Me Valérie Assouline.
En répondant aux questions de la CLCC, le père a convenu qu’il n’avait pas été un bon père et que rien ne pouvait justifier de séquestrer sa fille, mais a cité les difficultés avec la DPJ et les longs délais d’attente pour des services de soins en santé mentale parmi les facteurs qui ont pu mener à ses gestes.
Sans jeter le blâme sur la DPJ, l’homme a compris qu’il aurait dû trouver une meilleure façon de demander de l’aide. «Je ne savais pas comment», a-t-il dit. «Je ne savais pas comment demander de l’aide pour moi», a-t-il répété, et c’est ce sur quoi il travaille actuellement dans le cadre de son incarcération.
La belle-mère, elle, a été reconnue coupable de séquestration et de meurtre non prémédité de la fillette, a écopé d’une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 13 ans.
Le père a reconnu la dépendance affective qu’il avait envers cette femme, notamment parce qu’il se sentait «redevable d’elle». Elle l’a aidé à devenir abstinent et à récupérer la garde de ses enfants. «Je n’y serais pas arrivé sans soutien à l’époque», a-t-il dit.
Il s’agit là d’un élément-clé de sa réinsertion sociale, puisque les services correctionnels ont vu une sorte de «pattern» toxique dans les relations amoureuses de l’homme, qui affiche «de faibles capacités parentales, une fragilité au rejet et à l’abandon, notamment en contexte conjugal», et des «déficits dans l’expression de ses émotions», tel que noté par Service correctionnel Canada.
Parmi, les conditions de libération, le père devrait notamment signaler immédiatement à son surveillant toute liaison avec une femme.
Avec des informations d'Alexandra Paré, Noovo Info.