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Il faut s'attendre à une autre augmentation des prix à la pompe.
L'alliance OPEP+ des pays exportateurs de pétrole a décidé mercredi de réduire considérablement sa production pour soutenir les prix du pétrole, une décision qui pourrait porter un nouveau coup à l'économie mondiale en difficulté et augmenter les prix à la pompe, un sujet politiquement sensible pour les automobilistes américains, notamment, à l'approche des élections nationales de mi-mandat.
Les ministres de l'Énergie ont annoncé une réduction de la production de 2 millions de barils par jour à partir de novembre, après s'être réunis en personne au siège du cartel pétrolier, à Vienne, pour une première fois depuis le début de la pandémie de COVID-19. C'est une réduction de production plus importante que prévue.
Le groupe a déclaré que sa décision s'appuyait sur «l'incertitude qui entoure les perspectives de l'économie mondiale et du marché pétrolier». Le ministre saoudien de l'Énergie, Abdulaziz bin Salman, a rappelé le rôle déclaré du cartel en tant que gardien de la stabilité des marchés énergétiques.
«Nous sommes ici pour de bon, en tant que force modératrice, pour apporter la stabilité», a-t-il déclaré aux journalistes.
Outre une réduction symbolique le mois dernier, la réduction majeure de la quantité de brut que l'OPEP+ expédie dans le monde représente un revirement brutal après des mois de restauration des coupes profondes effectuées au plus fort de la pandémie. Alors que la demande a rebondi, les prix mondiaux de l'énergie ont fortement rebondi depuis que la Russie a envahi l'Ukraine, contribuant à alimenter l'inflation qui comprime les économies du monde entier.
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L'impact de la réduction de la production sur les prix du pétrole — et donc sur le prix de l'essence fabriquée à partir du brut — sera quelque peu limité, car les membres de l'OPEP+ ne peuvent déjà pas respecter leurs quotas.
Cette décision pourrait aider la Russie, membre de l'alliance, à surmonter une interdiction européenne imminente sur la majeure partie du pétrole de Moscou. La crise énergétique actuelle a vu la Russie réduire l'approvisionnement en gaz naturel de l'Europe, une décision que les dirigeants européens considèrent être une mesure de représailles pour leur soutien à l'Ukraine et leurs sanctions contre la Russie.
Le pétrole se négocie bien en dessous de ses sommets estivaux en raison des craintes que les grandes économies mondiales, comme celles des États-Unis ou de l'Europe, ne tombent en récession en raison d'une forte inflation, de la hausse des taux d'intérêt et de l'incertitude entourant la guerre en Ukraine.
La chute des prix du pétrole a été une aubaine pour les automobilistes américains, qui ont constaté une baisse des prix de l'essence à la pompe avant que les coûts ne commencent récemment à augmenter, et pour le président américain Joe Biden, alors que son parti démocrate se prépare pour les élections au Congrès le mois prochain.
«Le président est déçu par la décision à courte vue de l'OPEP+ de réduire les quotas de production alors que l'économie mondiale est confrontée à l'impact négatif continu de l'invasion de l'Ukraine par Poutine», a déclaré la Maison-Blanche dans un communiqué. «À une époque où l'énergie est d'une importance primordiale, cette décision aura l'impact le plus négatif sur les pays à revenu faible et intermédiaire, qui sont déjà sous le choc des prix élevés de l'énergie.»
Crédit: Susan Walsh | The Associated Press
L'administration Biden travaillera avec le Congrès sur des outils supplémentaires pour réduire le contrôle de l'OPEP sur les prix de l'énergie, a poursuivi le communiqué.
M. Biden a tenté de s'attribuer le mérite pour la baisse des prix de l'essence par rapport à leur pic moyen de juin de 5,02 $ le gallon — les responsables de l'administration rappelant l'annonce faite à la fin mars sur la libération d'un million de barils par jour de la réserve stratégique pendant six mois. La forte inflation a été un frein fondamental au taux de satisfaction des Américains envers M. Biden et a réduit les probabilités de réussite des démocrates pour les élections de mi-mandat.
L'approvisionnement en pétrole pourrait être confronté à de nouvelles réductions dans les mois à venir, lorsqu'une interdiction européenne sur la plupart des importations russes entrera en vigueur en décembre. Une décision distincte des États-Unis et d'autres membres du Groupe des sept démocraties les plus riches (G7) pour imposer un plafond de prix au pétrole russe pourrait réduire l'offre si la Russie ripostait en refusant d'effectuer ses livraisons vers les pays et les entreprises qui respectent le plafond.
L'Union européenne (UE) a convenu mercredi de nouvelles sanctions qui devraient inclure un plafonnement des prix du pétrole russe.
La Russie «devra trouver de nouveaux acheteurs pour son pétrole lorsque l'embargo de l'UE entrera en vigueur au début décembre et devra probablement faire de nouvelles concessions sur les prix pour ce faire, ont estimé des analystes de la Commerzbank. Des prix plus élevés en amont — stimulés par des réductions de production ailleurs — seraient donc sans aucun doute les bienvenus.»
La diminution des perspectives d'un accord diplomatique visant à limiter le programme nucléaire iranien a également réduit les perspectives d'un retour de 1,5 million de barils par jour de pétrole iranien sur le marché si les sanctions étaient levées.
Les prix du pétrole ont bondi cet été, alors que les marchés s'inquiétaient de la perte des approvisionnements russes à cause des sanctions liées à la guerre en Ukraine, mais ils ont chuté par la suite, les craintes de récessions dans les principales économies et les restrictions chinoises liées à la COVID-19 ayant pesé sur la demande de brut.
Le cours de référence international du Brent a chuté à 84 $ US ces derniers jours, après avoir passé la majeure partie des mois d'été à plus de 100 $ US le baril. Le brut américain a grimpé à 87,64 $ US et le Brent de référence international, à 93,21 $ US, après l'annonce de la décision de l'OPEP+.
Lors de sa réunion de septembre, l'OPEP+ avait réduit la quantité de pétrole produit de 100 000 barils par jour pour le mois d'octobre. Cette réduction symbolique n'a pas fait grand-chose pour faire baisser les prix du pétrole, mais elle a averti les marchés que le groupe était prêt à agir si les prix continuaient de baisser.