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Le Conseil du patronat s'est vraisemblablement fait «remettre à l'ordre» par d'autres associations patronales à la suite de la publication de cette déclaration «progressiste», selon Pierre Céré.
Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) «renie sa signature» d'une déclaration commune longuement négociée dans son mémoire déposé la semaine dernière, à Ottawa, aux fins des consultations sur la réforme de l'assurance-emploi, se scandalise le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC).
«Que vaut la signature apposée par le président du Conseil du patronat? Est-ce que ça vient confirmer les préjugés que plusieurs ont sur les employeurs à l'effet que la parole donnée, des fois, ça ne vaut pas grand-chose, qu'on ne peut pas faire confiance aux patrons», s'est questionné Pierre Céré, le porte-parole du CNC, en entrevue avec La Presse Canadienne.
L'association de défense des droits des chômeurs s'explique mal que le regroupement qui représente plus de 70 000 employeurs réclame grosso modo le statu quo sur l'admissibilité, soit le nombre d'heures d'emploi qui doivent avoir été travaillées en fonction du taux de chômage de la région, sur le maximum de rémunération assurable présentement fixé à 60 300 $, sur le taux de remplacement à 55 % et sur la durée des prestations.
Dans une lettre à la ministre fédérale de l'Emploi, Carla Qualtrough, cosignée par M. Céré et par le président et chef de la direction du CPQ, Karl Blackburn, à la fin mars, il est écrit que «les travailleurs et travailleuses doivent pouvoir compter sur un filet social qui leur assure de meilleures protections lors d'une période de chômage» et que les conditions d'admissibilité au programme doivent être assouplies et simplifiées «afin d'en augmenter l'accessibilité et la couverture et, de façon générale, d'améliorer les protections qui sont prévues».
Selon M. Céré, le Conseil du patronat s'est vraisemblablement fait «remettre à l'ordre» par d'autres associations patronales à la suite de la publication de cette déclaration «progressiste» qui a, de surcroît, «pendant deux mois» été «mûrement étudiée, mûrement réfléchie».
Du point de vue du Conseil du patronat, il est essentiel de maintenir «l'incitatif au travail». Autrement dit, le programme doit faire en sorte de «favoriser le retour rapide sur le marché du travail des travailleurs», a dit M. Blackburn. Le montant versé actuellement à un chômeur est «suffisant pour assurer un revenu décent», indique-t-on dans le mémoire.
À ce sujet, M. Blackburn serait-il confortable de vivre pendant quelques mois avec l'équivalent d'un salaire annuel de 33 165 $ avant impôts - soit le maximum - s'il perd son emploi de PDG du Conseil du patronat? Les montants versés par l'assurance-emploi ne sont «pas nécessairement très intéressants», a-t-il reconnu du bout des lèvres en évitant la question, et ce, malgré qu'il ait été souligné que son mémoire appelle à passer de la théorie à la pratique.
Pour M. Céré, l'idée que les chômeurs ne veulent pas revenir au travail «repose sur un préjugé». La société comprend qu'«on ne bâtit pas notre vie avec un chèque de chômage» et que cela mènerait à «la pauvreté».
Selon les employeurs, les changements au régime doivent être accompagnés d'une «analyse de coût» qui permet non seulement d'évaluer les conséquences sur le financement du régime et sur les cotisations, mais également sur la compétitivité des entreprises et la croissance économique.
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Ils affirment ne pas avoir «les moyens» d'assumer des augmentations de coûts qu'engendreraient «de trop généreux assouplissements» au régime d'assurance-emploi, soulignent au passage que leur taux de cotisation augmentera de 35 % entre 2022 et 2029 et que les entreprises sont déjà «affaiblies par les fortes augmentations salariales dues à l'inflation, les effets de la pandémie et la rareté de la main-d'œuvre».
Chômeurs et patrons s'entendent sur encore au moins un point: le gouvernement fédéral devrait recommencer à contribuer à la caisse d'assurance-emploi.
L'assurance-emploi ne devrait pas être «un fourre-tout pour les programmes sociaux», estime le CPQ, qui propose que le gouvernement Trudeau, s'il veut tout de même bonifier des prestations et en créer de nouvelles, contribue à hauteur de 20 % des coûts et qu'employés et employeurs se partagent la balance à parts égales. Actuellement, les employés paient environ 42 % de la facture et les employeurs 58 %.
Dans leur plateforme électorale, les libéraux de Justin Trudeau promettaient l'an dernier de créer une nouvelle prestation d'assurance-emploi pour les travailleurs autonomes afin de fournir une aide comparable à celle dont bénéficient les salariés et de lancer la prestation en janvier 2023.
Pour le Conseil du patronat, un tel programme devrait être «établi et financé en dehors du programme d'assurance-emploi». Le regroupement plaide qu'il serait difficile de déterminer et de vérifier que la perturbation du revenu d'un tel travailleur est véritablement hors de son contrôle.
Or, la déclaration cosignée entre le CPQ et le CNC allait «très clairement» dans le sens où cela doit faire partie du programme actuel, estime Pierre Céré. De toute manière, dit-il, le Canada ne va pas «casser la baraque» avec une telle prestation puisqu'«il y a 50 autres pays» qui en ont.
Le PDG du Conseil du patronat a affirmé en entrevue qu'il est «incontournable et essentiel» que l'assurance-emploi se dote d'un programme de formation continue où les chômeurs «soient obligés de faire de la formation sinon ils pourraient se voir pénaliser sur leur prestation».
Le mémoire précise que les employeurs ne seraient «pas nécessairement réfractaires» à une augmentation des prestations et à leur durée si l'assurance-emploi comprend un «incitatif» à suivre des formations ou à financer les efforts de formation des entreprises.
Cette formation doit être «volontaire», a laissé tomber Pierre Céré, après avoir décrit comment il a négocié l'ajout de ce mot - qui figure bel et bien dans la déclaration - et le retrait de l'obligation.
«Là aussi ils renient directement, clairement, leur signature, a-t-il offert. Moi, quand je signe quelque chose, quand je donne ma parole, il y en a juste une parole.»
Le Conseil du patronat a refusé de commenter les accusations du Conseil national des chômeurs et chômeuses.