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«C'est la première fois qu'on voit cette différence entre les deux genres.»
Moins de jeunes au secondaire consomment de l'alcool, des boissons sucrées et de la malbouffe, mais ce ne sont pas toutes leurs habitudes qui s'améliorent. Ils sont aussi plus nombreux à être inactifs, à prendre des actions pour modifier leur poids et à ne pas déjeuner avant d'aller à l'école.
Ce sont là quelques constats soulevés dans l'Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2022-2023 menée par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). Cette enquête a sondé 70 825 jeunes de 483 écoles secondaires publiques et privées, francophones et anglophones, réparties sur le territoire québécois.
Les résultats publiés lundi indiquent que la proportion d'élèves ayant consommé de l'alcool dans les 12 mois précédant l'enquête est passée de 60 % en 2010-2011 à 47 % en 2022-2023. Le taux d'élèves qui ont consommé de façon excessive tend aussi à diminuer. Pour les mêmes périodes comparées, cette proportion a baissé de 12 points de pourcentage.
«Une des choses qui est sortie du lot c'est qu'on voit pour les données de 2022-2023 que les filles sont plus nombreuses en proportion à avoir des comportements... disons à risque. Elles sont plus nombreuses que les garçons à consommer de l'alcool ou à consommer de façon excessive, aussi plus nombreuses que les garçons à consommer du cannabis. C'est la première fois qu'on voit cette différence entre les deux genres», a commenté en entrevue Florence Conus, professionnelle de recherche et porte-parole de l'ISQ.
Globalement, la proportion de jeunes qui ont consommé du cannabis a diminué, passant de 25 % en 2010-2011 à 16 % pour l'enquête de 2022-2023. Pour ces mêmes périodes, la proportion d’élèves ayant fumé la cigarette a chuté de 11 % à 2,3 %.
«Ça ne nous surprend pas outre mesure parce qu'on avait déjà vu des diminutions au niveau de la consommation d'alcool et de cannabis depuis plusieurs années à travers différentes enquêtes. C'est vraiment une bonne nouvelle et ça continue d'aller dans la même direction», a fait valoir Mme Conus.
Les élèves se tournent désormais davantage vers le vapotage. Les données montrent que la proportion de jeunes qui ont utilisé la cigarette électronique au cours des 30 jours précédant l’enquête est passée de 11 % en 2016-2017 à 16 % en 2022-2023 (les données pour cet indicateur sont inexistantes pour 2010-2011).
Mme Conus a souligné que la dernière fois que l'ISQ avait mesuré cet indicateur, c'était les garçons qui étaient plus nombreux à vapoter. Les plus récentes données indiquent au contraire une plus grande popularité auprès des filles (19 % contre 13 %).
L'enquête de l'ISQ révèle également que la proportion d'élèves au secondaire qui ont consommé quotidiennement des boissons sucrées a diminué. Il y a six ans, c'était près d'un élève sur quatre qui en consommait au moins une par jour alors qu'aujourd'hui c'est plutôt un élève sur cinq.
Les jeunes semblent boire plus d'eau qu'auparavant. Entre 2016-2017 et les plus récentes données, la proportion d’élèves qui ont bu au moins quatre verres d’eau par jour a augmenté de quatre points de pourcentage pour atteindre 46 %.
Cependant, les élèves du secondaire rapportent moins manger des fruits et des légumes. Un quart des jeunes sondés ont dit avoir consommé cinq portions ou plus de fruits et légumes sur une base quotidienne contre 31 % en 2010-2011.
«La consommation des fruits et légumes ne va pas forcément dans le bon sens malgré probablement différents efforts qui ont été faits. Mais il y a quand même une certaine proportion des jeunes qui nous ont dit que la pandémie avait joué un rôle dans leurs habitudes alimentaires», a spécifié Mme Conus.
Les jeunes semblent par ailleurs moins manger dans les casse-croûtes alors que 37 % ont affirmé consommer de la malbouffe provenant d'un restaurant au moins une fois par semaine pour un dîner à l'école. Ce taux était de 46 % en 2010-2011.
Les adolescents sont plus nombreux à partir le ventre vide à l'école. Près de 26 % d'entre eux n’ont pas consommé d’aliments ou de boissons le matin avant leurs cours durant la semaine d’école précédant l’enquête, une proportion qui a plus que doublé depuis 12 ans. Cette proportion est par ailleurs plus élevée chez les filles (32 %) que chez les garçons (21 %). «C'est quelque chose qu'on veut avoir à l'œil. Ça ne va pas dans le bon sens cette tendance-là», a soutenu Mme Conus.
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D'autre part, 65 % des étudiants au secondaire entreprennent des actions afin de modifier ou de maintenir leur poids; 24 % essaient de perdre du poids; 15 % tentent d’en gagner; 25 % veulent le maintenir ou le contrôler.
Les filles sont proportionnellement plus nombreuses que les garçons à essayer de perdre du poids ou à le contrôler. On constate l'inverse chez les garçons qui tentent davantage de gagner du poids.
Tout en reconnaissant que l'indice de masse corporelle (IMC) a certaines limites, Mme Conus indique que 66 % des élèves au secondaire auraient un poids considéré normal selon cet outil de mesure. «Donc on voit qu'il y a une dichotomie au niveau de ces résultats. [...] Il y a probablement quelque chose dans le discours où il faut remettre en parallèle les actions qui sont entreprises versus le poids objectif», évalue Mme Conus.
Pour avoir un portrait plus général de l'activité physique chez les jeunes, l'enquête de l'ISQ a analysé leurs activités de loisir et leurs habitudes de transport au quotidien. Les résultats montrent que près de 23 % des élèves sont inactifs dans leurs loisirs et leurs transports, une hausse de trois points de pourcentage par rapport à 2016-2017.
Environ 43 % des élèves estiment que leur pratique d’activité physique a diminué en raison de la pandémie.