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Les organisateurs du «convoi de la liberté» devraient commencer à témoigner, mardi, devant la commission d’enquête publique sur l’utilisation par le gouvernement fédéral de la Loi sur les mesures d’urgence.
L'un des organisateurs du «convoi de la liberté», Chris Barber, a déclaré que le but initial de la manifestation était d'amener le gouvernement fédéral à écouter les préoccupations des camionneurs concernant les mandats de vaccination transfrontalière.
Barber, 47 ans, est le premier de plusieurs organisateurs qui témoigneront lors de l'enquête publique sur l'invocation par le gouvernement fédéral de la Loi sur les mesures d'urgence.
Barber dirige sa propre entreprise de camionnage à Swift Current, en Saskatchewan, et a été accueilli par quelques applaudissements de la part des spectateurs dans la salle.
Il dit avoir été contacté par une collègue camionneur, Brigitte Belton, pour organiser une sorte de manifestation contre les mesures sanitaires concernant les camionneurs traversant la frontière entre les États-Unis et le Canada.
Après cela, dit-il, les plans se sont mis en place de manière organique et rapide grâce aux réseaux sociaux.
En deux semaines, des milliers de camions et de manifestants sont arrivés au centre-ville d'Ottawa, où ils ont finalement bloqué les rues de la ville pendant près d'un mois.
Selon tous les comptes-rendus à ce jour, l’idée du convoi vers Ottawa semble avoir été inspirée par une vidéo TikTok de deux camionneurs.
Brigitte Belton, qui devrait témoigner après Barber, a été l’une des premières personnes à en concevoir l’idée.
M. Barber, le propriétaire d'une entreprise de camionnage, a été l’un des premiers organisateurs. Il est parti de sa résidence de la Saskatchewan vers Ottawa en janvier, avec Mme Lich à ses côtés pendant une grande partie du voyage. Il a indiqué avoir été contacté par Mme Belton via Tik Tok. Avant, le convoi, il avait environ 30 000 abonnés sur la plate-forme, puis ce nombre est passé à environ 170 000 après les manifestations d'Ottawa, a-t-il estimé.
Chris Barber a commencé à s'exprimer sur les réseaux sociaux alors que les mesures sanitaires, comme l'obligation vaccinale pour traverser la frontière américaine et le port du masque, commençaient à affecter son entreprise. «Quand il y a eu le passeport, c'était difficile, on ne pouvait plus aller au restaurant. J'ai continué à faire du camionnage durant toute la pandémie. Je mangeais dans mon camion. Deux semaines après la pandémie, je me suis dit que ça ne valait pas la peine, mais j'ai vu qu'il y avait une grande demande», a-t-il expliqué, ajoutant au passage avoir été vacciné.
M. Barber a indiqué que l'objectif du convoi était «d'être écouté par le gouvernement».
Mme Belton et M. Belton sont coaccusés de méfait criminel, d’entrave à la police et d’avoir conseillé aux autres de commettre des méfaits et de l’intimidation.
Les manifestants ont commencé à arriver à Ottawa le 28 janvier pour exprimer leur colère et leur opposition au gouvernement fédéral et aux restrictions liées à la COVID-19, dont l’obligation vaccinale.
La manifestation a rapidement évolué vers ce que la police et les responsables gouvernementaux ont décrit comme une occupation, avec des manifestants qui bloquaient la circulation, faisaient klaxonner leurs camions et installaient un camp dans les rues de la ville.
La zone à l’extérieur de la colline du Parlement n’a été dégagée que quelques semaines plus tard, après qu’Ottawa eut invoqué la Loi fédérale sur les mesures d’urgence le 14 février.
Les audiences de la Commission sur l’état d’urgence ont commencé à la mi-octobre et devraient se poursuivre jusqu’à la fin novembre.
Mme Lich a assisté à la majorité des audiences, assise dans une zone de visionnement avec des amis et une petite poignée de partisans. M. Barber est arrivé à Ottawa la semaine dernière et a brièvement assisté à l’une des audiences.
Tard lundi, la commission a signalé qu’elle avait l’intention d’appeler Jeremy MacKenzie, le fondateur du groupe en ligne «Diagolon», pour témoigner vendredi par vidéoconférence.
M. MacKenzie était présent lors des manifestations à Ottawa et le groupe comprend d’autres membres qui ont soutenu le convoi.
L’avocat de M. MacKenzie a déposé une demande auprès de la commission pour demander qu’il témoigne en l’absence du public et des parties ou sous le coup d’une interdiction de publication, plaidant que sa présence à Ottawa l’hiver dernier était «légale et pacifique».
Il est actuellement dans une prison de la Saskatchewan et s’est vu refuser sa libération plus tôt ce mois-ci après avoir été arrêté en Nouvelle-Écosse en vertu d’un mandat pancanadien.
Il a été accusé de voies de fait, de braquage d’une arme à feu, de méfait et d’utilisation d’une arme à autorisation restreinte de manière négligente après que la police eut été informée d’une agression présumée près de Viscount, en Saskatchewan, en novembre 2021.
M. MacKenzie a également été accusé en Nouvelle-Écosse de 13 infractions liées aux armes à feu en janvier et de harcèlement et d’intimidation en mars après une manifestation anti-masque devant le domicile du médecin-hygiéniste en chef de la Nouvelle-Écosse.
Les avocats du premier ministre ontarien, Doug Ford, et de l'ancienne responsable de la sécurité publique en Ontario ont plaidé mardi qu'on causerait un «préjudice irréparable» à l'état de droit si on ne respectait pas l'immunité parlementaire dont jouissent les élus.
La Commission sur l'état d'urgence a assigné à comparaître le premier ministre Ford et Sylvia Jones, qui était solliciteuse générale de l'Ontario au moment des manifestations du «convoi de la liberté» l'hiver dernier.
Les deux élus demandent à la Cour fédérale de suspendre ces assignations à comparaître jusqu'à ce que le tribunal se penche sur le fond de la requête: ils veulent l'annulation pure et simple de ces assignations, invoquant le privilège parlementaire des députés.
Dans des documents judiciaires, la commission, présidée par le juge Paul Rouleau, soutient que M. Ford et Mme Jones ont exagéré ce privilège parlementaire et que leur requête devrait être rejetée par la Cour fédérale.
La commission Rouleau examine le recours par le gouvernement fédéral à la Loi sur les mesures d'urgence pour mettre fin aux manifestations du «convoi de la liberté» à Ottawa et à Windsor, en Ontario, l'hiver dernier.
La commission veut entendre M. Ford et Mme Jones sur la façon dont ils ont géré l'occupation du centre-ville d'Ottawa et le blocage du trafic en provenance des États-Unis au pont Ambassador, entre Windsor et Detroit.
Susan Keenan, procureure du gouvernement ontarien, affirme que dans le bon fonctionnement d'un régime constitutionnel, le privilège parlementaire est ce qui assure la séparation entre le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire.
«Il est important que le privilège parlementaire soit protégé lorsqu'il est menacé, sans quoi le préjudice est non seulement irréparable, mais il est cumulatif», a plaidé Me Keenan.
Le gouvernement ontarien soutient que si la Cour fédérale refuse de suspendre les assignations à comparaître, cela aurait un effet dissuasif sur tous les organes législatifs et leurs membres à travers le pays. Cela exposerait alors les politiciens à d'éventuelles amendes, outrage au tribunal ou emprisonnement s'ils choisissaient de ne pas témoigner dans une procédure.
Le gouvernement ontarien soutient que cela pourrait empêcher les politiciens de faire leur travail.
Alors que les camionneurs se dirigeaient vers la capitale, certains participants, selon M. Barber, s'inquiétaient du rôle joué par Pat King, qui avait contribué à organiser le convoi.
M. King, qui comptait de nombreux partisans, avait suggéré dans l'une de ses vidéos sur les réseaux sociaux que le premier ministre allait «se prendre une balle». Plusieurs manifestants voulaient donc que Pat King ne soit pas là, a déclaré mardi le témoin.
Voyant cela, M. Barber, la semaine du 24 janvier, a publié une courte vidéo sur TikTok, depuis ce qui semble être la cabine de son camion, appelant les manifestants à demeurer pacifiques et à respecter les forces de l'ordre. Mais au moment où les manifestants sont arrivés à Ottawa, M. Barber soutient qu'il a eu du mal à convaincre certains camionneurs d'accepter de dégager ne serait-ce que des voies pour les véhicules d'urgence.
Le dégagement des voies à une intersection majeure à l'est de l'enceinte parlementaire a été particulièrement difficile, s'est rappelé M. Barber. Cette intersection était principalement occupée par les membres du groupe québécois «les Farfadaas».
Steeve Charland, membre des Farfadaas, qui fait face à des accusations criminelles liées à son implication dans la manifestation, a déclaré mardi à la commission qu'il avait eu peu de contacts avec les premiers organisateurs du convoi.
Les témoignages ont clairement indiqué que divers groupes associés au convoi ne pouvaient même pas s'entendre sur la raison pour laquelle ils se trouvaient là.
M. Barber a déclaré qu'il était souvent en désaccord avec un autre organisateur, James Bauder, leader du «Canada Unity». Le groupe avait déjà un itinéraire bien tracé vers Ottawa au moment où M. Barber et Mme Belton commençaient à travailler sur leurs propres plans de manifestation.
Le groupe de M. Bauder avait également préparé un «protocole d'entente» exigeant que la gouverneure générale Mary Simon et le Sénat obligent le premier ministre Justin Trudeau et les gouvernements provinciaux à éliminer toutes les restrictions sanitaires et le passeport vaccinal.
Or, M. Barber a indiqué à la commission qu'il n'était pas du tout d'accord avec ce protocole d'entente, qu'il ne l'avait même jamais lu et qu'il ne le lirait jamais. «Ce n'est pas pour ça que nous étions venus à Ottawa, ça n'a jamais été dans nos plans», a-t-il dit.